Antidépresseurs, somnifères, traitements contre l’allergie ou l’incontinence… De nombreux traitements sont dits anticholinergiques (sans qu’on le sache parfois) et cela peut poser problème, notamment chez les seniors. On fait le point.
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On le sait : plusieurs classes thérapeutiques peuvent avoir un effet sur notre cerveau et diminuer notre attention, voire nos capacités cognitives. Une nouvelle étude* montre qu’une centaine de médicaments – dont certains en vente libre – pourraient affecter la mémoire.
Leur point commun ? Il s’agit de substances dites anticholinergiques. Elles sont très utilisées, notamment par les seniors, et pas toujours bien identifiées par les patients comme étant des molécules à risque, car disponibles en vente libre. Exemples ? Certains antidépresseurs, des anxiolytiques, des antihypertenseurs, des diurétiques, mais aussi des médicaments contre la toux ou l’incontinence urinaire. Bref, la liste est longue. Ces traitements réduisent l’action de l’acétylcholine, un neurotransmetteur indispensable au cerveau et impliqué dans la mémoire.
Des chercheurs américains ont suivi pendant dix ans près de 700 seniors, âgés en moyenne de 74 ans. Aucun ne présentait d’altération de la mémoire au début de l’étude. Chacun indiquait ses prises médicamenteuses et se soumettaient à des tests de mémoire une fois par an. Premier constat : un tiers des participants prenaient des anticholinergiques. Les plus couramment utilisés appartenaient à la famille des antidépresseurs. Or, les scientifiques ont montré que plus de la moitié d’entre eux ont développés un déficit cognitif léger, contre 42 % de ceux qui ne prenaient pas de médicaments de cette classe thérapeutique.
Après ajustement des données, les chercheurs ont conclu que les malades prenant au moins un anticholinergique avaient un risque accru de 47 % de troubles de la mémoire. Ils ont aussi établi que les personnes à risque de développer Alzheimer (facteur génétique ou présence de biomarqueurs de la maladie dans le liquide céphalorachidien) avaient 2,5 à 4 fois plus de risque de voir apparaître des troubles cognitifs s’ils étaient consommateurs d’anticholinergiques. Prudence donc.
Enfin, les scientifiques ont remarqué que les seniors observés en consommaient beaucoup trop, bien au-delà de la dose efficace la plus faible recommandée pour les personnes âgées (deux à quatre fois plus !). Méfiez-vous donc toujours des médicaments en vente libre et évitez-les car ils s’ajoutent, surtout chez les seniors, à des traitements en cours et ne sont jamais anodins.
* publiée dans Neurology
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