Faire baisser le stress, améliorer son bien-être, sa santé et ses capacités mentales, voilà la promesse. On fait un essai ?
Parole d’expert : Élisabeth Couzon, Psychologue clinicienne, formatrice en méditation.
Autrice de plusieurs livres dont Le Petit Livre de la méditation de pleine conscience (éd. First, 2,99 €) et La Petite Boîte pour méditer en pleine conscience, 81 cartes réalisées avec Charlotte Ribault (éd. Trédaniel, 13,90 €).
Se concentrer sur sa respiration, regarder ses pensées défiler sans s’y arrêter, sentir les appuis de son corps sur le sol… Et si le secret de l’harmonie tenait seulement à ces moments de recul ? C’est ce que pensent tous les méditants et au-delà, les bénéfices de la méditation sur notre santé sont désormais avérés : réduction du stress, du vieillissement cellulaire, de la tension artérielle, des douleurs chroniques, renforcement des défenses immunitaires et du système cardiovasculaire. Côté mental, les émotions ne débordent plus et la concentration s’améliore. Résultat, à Paris comme partout ailleurs dans le monde, des hôpitaux proposent maintenant des initiations dans différents services (cancérologie, néphrologie, douleurs). Quelle que soit votre bonne raison, il est temps de vous y mettre !
France Dimanche : Peut-on parler d’un effet de mode ?
Élisabeth Couzon : Après le boom de ces dernières années, si l’intérêt perdure, c’est parce que ses effets sont avérés. Méditer, c’est pratiquer une gymnastique du mental qui répond à notre besoin de nous recentrer.
FD : Pourquoi ce besoin ?
EC : Parce qu’on est tous stressés, y compris les seniors qui ont des agendas pas possibles et qui s’occupent des petits-enfants. La télévision, la peur, l’anxiété perturbent aussi notre alignement et nous empêchent de vivre dans le discernement. Se recentrer, c’est revenir à soi-même et se demander : qu’est-ce que je ressens dans mon corps ? Où en suis-je avec moi-même ?
FD : Par où commencer ?
EC : Méditer, c’est s’arrêter et être présent en pleine conscience, examiner ce qui se passe à l’intérieur, sans jugement. On peut pratiquer de manière formelle en prenant un temps tous les jours pour s’y consacrer. Mais on peut aussi le faire de façon informelle, dans la journée, lors de ses activités quotidiennes.
FD : Faut-il pour autant oublier notre corps ?
EC : Non, au contraire. En faisant la vaisselle, je sens la texture de l’éponge ou l’eau tiède sur ma peau, par exemple. Quand on marche, au lieu de ruminer, je peux consacrer un temps à observer le mouvement de mon pied, le balancier des bras, mais aussi m’arrêter, regarder ce qui m’entoure, écouter les oiseaux et porter mon attention sur la manière dont le corps réagit quand il entend l’oiseau chanter.
FD : Peut-on vraiment voir des bénéfices sur notre humeur ?
EC : Dans une des formations de huit semaines que j’ai animées, une femme de 79 ans s’était inscrite, car elle se faisait trop de soucis pour ses petits-enfants. Son anxiété a effectivement baissé, mais son hypertension aussi, son médecin n’en revenait pas. Cet exemple révèle bien comment, petit à petit, on a entraîné nos neurones à l’anxiété et à l’hypertension. Il faut donc créer une nouvelle autoroute neuronale et chaque petite méditation va la tracer. Celles des grands méditants sont bien larges et connaissent un mode automatique pour la sérénité. Pour les autres, il faut arrêter le pilote automatique pour être présent à 100 % plusieurs fois dans la journée, pour construire un nouveau chemin.
8 ASTUCES pour vous lancer
- Trouver la bonne position, celle qui vous correspond : assis en lotus ou non, adossé ou non, allongé ou en mouvement. Et si vous vous endormez, c’est que votre corps en avait besoin.
- Ne pas mettre la barre trop haut : accueillir ses pensées, ses émotions et ses sensations sans jugement, en se focalisant sur sa respiration et son corps, est un apprentissage. Soyez bienveillant avec vous-même, si vous tenez 5 ou 10 minutes, c’est déjà ça !
- Rejoindre un groupe une fois par semaine, pour se sentir soutenu.
- Coller des mémos partout. Quand vos yeux se poseront dessus, rappelez-vous de vous extraire un moment du pilote automatique.
- Programmer un rappel dans son téléphone pour une pratique régulière.
- Se préparer un petit coin accueillant chez soi (coussin, couverture) mais aussi à l’extérieur (au pied d’un arbre, face à un beau panorama…).
- Le soir ou en cas d’insomnie, pensez au scan corporel. L’exercice consiste à repérer mentalement toutes les parties de son corps, du sommet du crâne aux orteils, puis inversement sans s’arrêter.
- Essayer l’art : la danse libre, la musique, le dessin, le coloriage ou la création de mandalas peuvent aussi être une porte d’entrée. Se concentrer sur le mouvement, sur le son, sur la ligne, dans un état de calme intérieur sans notion de temps. Dans Méditer avec l’art (éd. Eyrolles), Marjan Abadie guide vos yeux et vous interroge sur vos ressentis face aux œuvres de maîtres (Léonard de Vinci, Gauguin, Chagall…) qu’elle vous fait contempler.
Les témoignages
Anne, 63 ans, Honfleur : “Je suis plus zen”
J’ai commencé sur les conseils de l’équipe médicale qui me suivait pour un cancer du poumon. Je suis désormais guérie, mais je n’ai jamais arrêté, je fais une séance quasiment tous les matins depuis six ans. J’écoute des séances sur Internet et j’aime bien celles de Deepak Chopra. Je me sens plus zen et je vois la vie du bon côté. »
Marie, 30 ans : “Non aux idées reçues !”
Déjà sept ans que Marie Dojka a commencé à méditer. D’abord grâce à des séances sur Internet, puis en Asie où elle voyage encore de pays en pays. Dans Développez votre conscience par la méditation (éd. Quintessence, 17 €), elle tord le cou aux idées reçues les plus répandues sur cette pratique, tout en racontant comment celle-ci lui a permis de mieux se connaître. Son conseil ? « Osez vous lancer ! »
Où trouver sa méditation guidée à faire seul ?
Carnet pratique
- Sur une application Sur les stores des smartphones, le choix s’avère pléthorique. Généralement, toutes proposent un programme de base gratuit composé d’un cycle d’initiation et, parfois, d’une séance quotidienne. L’abonnement payant permet l’accès à un catalogue plus important, de télécharger les enregistrements sur son appareil. Citons Insight Timer, qui propose beaucoup de séances gratuites, la possibilité de participer à des ateliers en groupe et même de suivre un cours de yoga. Mais notre préférée est aussi la plus connue en France : Petit Bambou qui propose 1 040 séances regroupées en de nombreux programmes thématiques : détente, recentrage, addiction, émotions difficiles, marche… Certaines sont réalisées par le célèbre Christophe André. Enfin, la connexion peut se faire du téléphone, de la tablette ou de l’ordinateur. Tarifs : 6,99 €/mois ou 59,88 €/an ou à vie : 240 €.
- Sur Internet Après avoir tapé « méditation » dans la fenêtre de recherche de YouTube, vous ne saurez plus où donner de la tête. Choisissez-en une dont le thème et la voix vous inspirent. Allez voir sur les pages des grands noms, comme celle du philosophe Fabrice Midal. Vous pouvez aussi suivre un « défi méditation » de 15, 21 ou 30 jours comme le propose Jenna Blossoms.
- 100 % déconnecté Pour ceux qui souhaitent éviter les ondes et Internet, la marque Morphée a créé une gamme de trois boîtiers contenant des séances. Celle en bois en propose 210, de 8 ou 20 minutes (79,95 €), celle pour les enfants 192, de 8 et 16 minutes (79,95 €) et le galet qui tient dans la poche en compte 72 de 5 minutes (59,95 €). Un financement participatif est actuellement en cours sur ulule.com pour précommander leur prochain boîtier qui proposera 800 méditations !
Julie BOUCHER
Source: Lire L’Article Complet