Cet accès à la retraite en douceur s’élargit de plus en plus. Voici une solution alternative permettant de travailler à temps partiel sans perdre sa pension de retraite.

La retraite progressive est un dispositif de transition entre la vie active et la retraite. Il permet, en fin de carrière, de travailler à temps partiel (entre 40 et 80 % d’un temps plein), tout en percevant une partie des pensions de retraite afin de compenser la perte de salaire due à la baisse d’activité. La quotité versée est inverse à la quotité travaillée.

Par exemple, en passant à 60 %, vous allez percevoir 40 % de vos pensions de retraite, qui viendront s’ajouter à votre salaire à temps partiel. Les pensions sont versées par les différents régimes auxquels chaque salarié est obligatoirement affilié (régime général, MSA, Agirc-Arrco, Ircantec).

Leur montant est calculé selon les règles habituelles, propres à chacun de ces régimes et selon la nouvelle quotité de travail (ou le nouveau temps partiel). Détail important, la retraite progressive permet de continuer à cotiser.

L’employeur a la possibilité de maintenir les cotisations retraite sur la base de l’ancien temps plein ou de l’ancien forfait annuel jours, ce qui n’engendre aucune déperdition, notamment pour les points de retraite complémentaire. Ce dispositif permet donc d’améliorer le montant de la retraite. Lorsque vous demandez votre mise à la retraite définitive, votre retraite est recalculée en tenant compte des droits supplémentaires acquis pendant votre période d’activité à temps partiel ou à temps réduit. Les cotisations versées après le départ en retraite progressive sont prises en compte. Votre retraite définitive est recalculée selon les règles normales de calcul de la retraite. Le montant de la retraite définitive ne peut pas être inférieur au montant de la retraite qui a servi de base au calcul de la fraction de retraite progressive.

Un dispositif méconnu

À ce jour, on constate que peu de salariés ont eu recours à la retraite progressive : fin 2021, on ne comptait que 22 604 personnes en retraite progressive au régime général, hors travailleurs indépendants. Il semble que la principale raison de cet insuccès soit due à la frilosité des employeurs ou au manque d’accords d’entreprise adaptés.

Le dispositif est en effet largement méconnu : selon une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), seuls 32 % des nouveaux retraités connaissent la retraite progressive. Pourtant, les conditions permettant d’accéder à ce dispositif sont peu contraignantes : il suffit d’avoir 60 ans et au moins 150 trimestres validés (y compris des trimestres assimilés au titre du chômage, de la maladie).

Lorsque ce dispositif est mis en place par voie d’accord collectif, il est généralement prévu que vous continuerez à cotiser pour votre retraite sur la base d’un temps plein et que vous pourrez percevoir tout ou partie de votre indemnité de départ en retraite, également calculée sur la base d’un temps plein, de manière anticipée de façon à compenser une partie du manque à gagner. Si rien de tel n’est prévu dans votre entreprise, il faudra obtenir l’accord de votre employeur pour réduire votre temps de travail – à moins que vous ne soyez déjà à temps partiel – mais aussi négocier tous ces aspects financiers si vous ne voulez pas que cette période ait un impact trop lourd sur le montant de votre retraite.

Nouvelle quotité

Depuis le 1er janvier dernier, conformément à une décision du Conseil constitutionnel, les salariés ayant signé une convention de travail établie sur la base d’un forfait en jours réduit peuvent, s’ils le souhaitent, bénéficier désormais d’une retraite progressive à partir de leur 60e anniversaire, tout comme les salariés du secteur privé ou du secteur agricole qui souhaitent réduire leur temps de travail (exprimé en heures). Cela concerne plus particulièrement les salariés cadres qui disposent d’une certaine autonomie dans l’organisation de leur emploi du temps ainsi que les mandataires sociaux relevant du régime des salariés, les artistes du spectacle et, entre autres, les employés d’hôtels, cafés et restaurants en forfait jours. Toujours sous réserve d’avoir engrangé un minimum de 150 trimestres retraite, tous régimes confondus, la nouvelle quotité de travail à temps réduit doit être comprise entre 40 % et 80 % de la durée de travail maximale exprimée en jours.

Une convention en forfait annuel jours comportant au maximum 218 jours de travail, une convention en forfait annuel jours réduit doit donc en comporter 87 minimum et 174 maximum.

Stéphane Dormeuil

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