En ce samedi matin de chassé-croisé ensoleillé, les pistes sont calmes à La Plagne (73), station populaire savoyarde. 

Pourtant, à l’approche du tout nouveau snowpark « Riders Nation », on entend les quarts glisser à la vitesse de l’éclair et les questions fuser. Sur la piste, plusieurs jeunes filles se succèdent pour essayer leurs tricks sous le regard bienveillant de Tess Ledeux, vice championne olympique (entre autres) de ski freestyle et native de la station. 

« Tess a dit que mon 180 était bien« , murmure une jeune « rideuse », tout sourire, à son amie qui s’apprête à s’élancer. Car en ce samedi matin, la championne qui s’apprête à partir aux championnats du monde de ski acrobatique (se tenant en Géorgie du 19 février au 5 mars 2023) n’a pas enfilé son équipement par hasard. Ce jour-là se tenait le Roxy Ride Days, un événement mêlant rencontre, partage et compétition de freestyle, à l’initiative de la sportive de 21 ans et de son sponsor Roxy.  

Vingt jeunes filles de 9 à 16 ans ont ainsi été conviées à participer à la première édition de ce que l’équipe de la championne espère voir devenir un évènement pérenne.

Au programme, entraînement – presque – particulier avec l’athlète, une jam session (démonstrations libres) et un tour de piste avec une championne en prime. Marie Claire y était.

Un cours (presque) particulier avec une vice-championne olympique

Alors que l’entraînement débute et que les jeunes skieuses se succèdent sur le snowpark, Tess Ledeux prend le temps de répondre aux questions de chacune et de les encourager à tenter des figures qu’elles n’osent pas encore essayer. 

« Tu veux arriver en switch ? Une fois que t’es sur la box, avec ton regard, tu vas chercher le saut et ça va te faire tourner en switch tout seul », décortique-t-elle, rassurante, avant de regarder l’une des jeunes filles prendre le départ. 

« Force de proposition et humble », c’est ainsi que la dépeint Mathias Maallem, Global Athletes and Influencers Manager chez Roxy. « Elle a tout monté avec nous. Notre volonté commune est de montrer aux filles qu’elles ont leur place dans ces disciplines où elles sont peu représentées. Et travailler avec des personnes aussi engagées que Tess c’est l’idéal parce qu’il y a un vrai partage et une volonté d’être une mentor », nous explique-t-il. 

Un dernier conseil de pro avant de s’élancer

Alors qu’elle conseille un groupe de trois jeunes femmes issu du même club, Tess Ledeux nous confirme qu’à l’origine de ce projet, il y a avant tout son envie de partage et de transmission. 

« Il n’y a pas énormément de filles en freestyle. L’idée, c’est de faire découvrir la discipline et pourquoi pas de susciter des vocations« , espère-t-elle. 

Pour mettre en place la première édition, l’équipe s’est adressée au club des sports de la Plagne, qui s’est chargé de contacter « les autres clubs du coin » afin de confectionner une liste de vingt participantes. 

« On voulait avoir des filles qui savent skier pour voir comment ça se passe dans un premier temps, mais on a aussi ouvert à des jeunes qui font du ski alpin mais qui sont attirées par le freestyle et peut-être que l’année prochaine elles s’inscriront », ajoute la sportive de 21 ans.

Les jeunes rideuses s’élancent sous un œil expert et bienveillant

Pendant que l’athlète chausse ses skis pour descendre la piste et suivre les jeunes filles au plus près pendant la jam session, Clémence, maman de Romy, 13 ans, élève au club de Bozel, observe la scène avec fierté. 

« Ma fille a débuté le freestyle cette année, avant, elle faisait du ski alpin. Dans son club, on veut créer une émulation chez les filles parce qu’il n’y en a pas beaucoup. Elle suit les vidéos de Tess et c’est génial qu’elle puisse la rencontrer aujourd’hui. Il y a beaucoup d’appréhensions au début, comme la peur de s’envoler. Avoir Tess avec elles, c’est une vraie chance parce qu’elle les rassure, mais c’est aussi une source de motivation », confie la mère de famille. 

Un sentiment que nous confirme la principale concernée, quelques minutes après. « Le freestyle, c’est très cool, il y a une super ambiance et savoir qu’on peut faire des figures impressionnantes, ça flatte notre ego. Je suis très heureuse de rencontrer Tess et de pouvoir skier avec elle. Avoir ce cours particulier et ses compliments me rendent très fière”, confie-t-elle, les yeux pétillants.

Une démonstration au plus près

Avant de clôturer cette matinée explosive sur un déjeuner collectif au restaurant de la sœur de la sportive, Tess Ledeux embarque les filles pour un moment de glisse à vingt-et-une. 

L’occasion pour elle de leur offrir une démonstration au plus près. « Être avec une championne, ça nous montre qu’on pourra aussi peut-être le devenir un jour. J’ai l’impression d’avoir progressé, même en une journée. Je ne regrette pas d’être venue, même si j’étais un peu stressée », nous glisse Lilou, 14 ans.

Une moment de glisse partagé avec leur role modele

Alors que le groupe 100% féminin amorce une dernière descente, Grégory Boutin, ancien coach à la fédération française de snowboard et moniteur à la Bozel Freestyle Academy conclut à une première édition enrichissante. 

« Je suis venue avec 6 filles qui ont entre 10 et 15 ans. Chez nous, le ratio est 1/4 de filles pour 3/4 de garçons, donc sur un évènement comme ça, j’aimerai créer une dynamique féminine« , partage-t-il. 

D’après le moniteur, s’il y a de plus en plus de filles qui se mettent au freestyle ou au freeride, beaucoup ne réalisent pas l’étendue de leurs capacités. 

« Les filles, c’est plus dans la tête et je l’ai vu ce matin, il a fallu les sortir psychologiquement de plein de choses, alors qu’elles savent faire. Techniquement, elles sont capables et quand elles prennent confiance, il y a une certaine maîtrise, gestuellement et techniquement« , décrypte le coach. 

Une première édition réussie et prometteuse

Avant d’aller se restaurer, la joyeuse troupe pose pour une dernière photo souvenir. Sur les visages, les grands sourires confirment que l’expérience est réussie, bien que son instigatrice avoue avoir eu quelques doutes. 

« Je suis une grande stressée, j’avais peur que personne ne vienne parce qu’on est en plein dans les vacances scolaires. Mais je suis ravie et soulagée que ça se soit bien passé et que les filles aient été au rendez-vous », livre l’athlète. 

Du côté des participantes qui se succèdent pour prendre une photo avec leur championne, l’heure est aussi aux félicitations. « Le pari est gagné. Elles sont surmotivées, elles se sont dynamisées entre elles et la présence de Tess les a galvanisées. Elles ont presque plus progressé que pendant nos sessions sur les semaines de vacances de février« , annonce Grégory Boutin. 

Avant d’ajouter, optimiste : « si l’évènement se refait, j’espère qu’il y aura encore plus de filles et pourquoi pas un contest un peu plus structuré avec un enjeu de pression comme des juges, pour aller chercher encore plus la performance. Elles sont aux prémices de la chose, si à leur âge elles peuvent le faire pendant cinq ans, elles seront au top », termine-il, espérant déjà être de retour en 2024. 

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