Dix ans après son dernier projet, celui qu’on appelle le « grand-père du reggae », Jimmy Cliff, 78 ans, a sorti mi-août un nouvel album. Un album engagé, loin de l’esprit d’insouciance des années Reggae Night.

A 80 ans, le patriarche de la musique jamaïcaine veut utiliser sa notoriété pour faire ce pour quoi il s’est mis à chanter il y a un demi-siècle : parler de ce qui peut déranger, de ce que certains voudrait oublier, de ce qui parfois nous divise… En l’occurrence, la façon dont son traité les réfugiés partout dans le monde.

Le titre principal de l’album Refugees s’appelle Refugees, interprèté avec Wycleef Jean, le chanteur des Fugees. Et voici ce que disent les paroles : « Il y a eu un exode des Européens vers l’Amérique, désormais il y a un exode du Moyen-Orient vers l’Europe, et de l’Afrique vers l’Europe, un exode de gens comme vous et moi qui ne font que se chercher un foyer. » Jimmy Cliff rêve que ce titre devienne un hymne, comme l’étaient les chansons sur la guerre du Vietnam lorsqu’il a débuté dans les années 1960. C’est ce qu’il explique dans une interview au quotidien The Independent : « Tout l’album est né à force d’entendre encore et encore les mêmes récits de ce qui se passe sur le globe, en particulier sur le continent africain.« 

En l’écoutant, évidemment on pense au Soudan, à l’Ethiopie, à celles et ceux qui ont péri en Méditerranée, aux autres qui patientent à Calais en rêvant d’Angleterre, ou à la frontière entre les États-Unis et le Mexique après avoir fuit les guerres de cartel d’Amérique centrale, on pense à l’Afghanistan, aux Rohingyas en Birmanie, aux Ukrainiens bien sûr. On y pense.

Et c’est exactement l’effet prévu par Jimmy Cliff qui, pour apporter une réponse et pas seulement une émotion, a contacté le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU pour créer une page web et répondre à la question « que puis-je faire ?« . Au-delà des dons aux associations, il suggère de donner de son temps, de devenir volontaire,ou encore de lutter contre les stéréotypes quand on en entend. Jimmy Cliff qui dit  « rêver d’un monde sans réfugiés », autrement dit sans guerre, sans persécution, sans urgence économique. « C’est utopique« , dit-il, mais c’est aussi pour ça qu’on fait des chansons.

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