Piqûres, démangeaisons, insomnies…, telles sont les nuisances provoquées par ces insectes, toujours plus présents. Heureusement, il existe des moyens de prévention et d’éradication.

Monsieur, vous êtes ma dernière chance. Si vous ne réussissez pas, je me tue. » Depuis des mois, Marie *, mère célibataire à Marseille (Bouches-du-Rhône), multiplie les erreurs au travail et a fini par se trouver sous la menace d’un licenciement. Elle n’ose pas avouer à son chef qu’elle est envahie par des punaises de lit qui l’empêchent de dormir… Jusqu’à cet appel à un spécialiste.

Selon la CS3D (Chambre syndicale de dératisation, de désinfestation et de désinsectisation), les interventions des professionnels ont augmenté de 60 % en 2023. Disparus dans les années 1950 grâce au DDT, un puissant insecticide désormais interdit, ces insectes sont revenus en force, portés par la multiplication des voyages. Et ils se répandent partout : cinéma, train, métro…

Si leurs piqûres ne sont pas dangereuses pour la santé, elles peuvent entraîner une grande détresse psychologique. Voici comment faire face à ce fléau.

Le saviez-vous ? 11 % des foyers français ont été infestés par des punaises de lit entre 2017 et 2022. (Source : Agence nationale de sécurité sanitaire.)

Prévenir

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Les punaises se nichent dans les endroits chauds et sombres en attendant de se gorger du sang de leur proie… en l’occurrence vous et nous. On les trouve ainsi dans les sommiers, matelas, canapés, fauteuils… Danger numéro un : les déplacements. Dans les chambres d’hôtel, les bungalows, les locations, elles se glissent dans les valises et voyagent ensuite avec vous. La première précaution en arrivant est donc de placer votre bagage dans la salle de bains, si possible au-dessus du sol. Puis, inspectez la literie à la recherche de traces noires suspectes et, si vous en trouvez, allez dormir ailleurs !

À votre retour chez vous, prenez une douche et donnez-en une très chaude à votre valise. Lavez les vêtements que vous avez emportés à 60 °C et mettez les plus délicats au congélateur pendant 72 heures, chaussures comprises. Attention aussi aux meubles d’occasion. Une famille de Paris a dû aller à l’hôtel pour laisser une équipe traiter leur logement. Le coupable : un secrétaire acheté aux Puces…

Guérir

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« Nous ne sommes pas égaux face aux piqûres de punaises : certains ne sentent rien, les autres se couvrent de boutons, voire souffrent de réactions allergiques », explique Jacques Attia, gérant d’Azur Hygiène et Protection, à Marseille. Dès que vous constatez leur présence, il faut prévenir votre syndic ou votre propriétaire. Pour une maison, il vous faudra sans doute contacter un professionnel. Le mieux est de consulter la liste sur le site du gouvernement ou d’appeler le 0806 706 806.

« On doit s’enquérir à l’avance du tarif des déplacements et du mode opératoire. Les plus sérieux vous demanderont de préparer le logement », avertit Olivier Badohan, de la marque Christal, spécialisée dans la lutte contre les nuisibles. Il faut au minimum deux passages. Parfois un troisième, soit 25 à 40 jours de traitement. Et le problème devrait être réglé sans avoir besoin de jeter ses meubles. Les prix vont de 250 € à plus de 1 000 €, surtout si vous faites appel à un chien pour détecter les insectes. N’oubliez pas que vous devez suivre scrupuleusement les indications qui vous sont données (ne pas inviter chez vous ou aller chez les autres…). Vous êtes une des clés essentielles de la réussite pour éradiquer les maudites bestioles !

* Le prénom a été changé.

Et aussi…

3 questions à Stéphane Bras, porte-parole de CS3D : “Il faut une aide pour les plus démunis !”

France Dimanche : Pourquoi les punaises de lit sont-elles en augmentation en France ?

Stéphane Bras : Les grands événements, comme la coupe du monde de rugby ou la venue du pape, brassent beaucoup d’individus, porteurs de tous types d’insectes. D’où la nécessité d’agir avant les Jeux olympiques de Paris.

Comment ?

Il faudrait d’abord une campagne pédagogique nationale pour informer sur la punaise de lit et les moyens de l’éradiquer. Quant aux traitements des professionnels, ils dépendent de la structure du logement, de son agencement, de son mobilier. Mais généralement, nous faisons appel à des sociétés de détection avec des chiens.

Le remède est souvent coûteux…

C’est vrai. Nous pouvons tous être infestés, quel que soit notre niveau de vie, mais nous ne sommes pas égaux face aux conséquences. Il faudrait, pour les plus démunis, soit une aide des autorités publiques, soit un fonds dédié alimenté par les bailleurs importants, soit une couverture des assurances qui n’existe pas aujourd’hui…

Qui paye ?

Selon David Rodrigues, juriste logement à l’association de consommateurs CLCV, c’est « le bailleur qui prend en charge les frais de désinsectisation et pendant toute la durée du bail, en vertu de l’article 142 de la loi Elan de 2018″. Le locataire ne peut être mis en cause en raison du mauvais entretien d’un logement puisque la présence de punaises n’est pas liée à l’hygiène des lieux. À noter que la CAF verse une aide aux personnes en difficulté (dans la limite de 600 €) et que certaines mairies peuvent aussi accorder des subventions.

Béatrix GRÉGOIRE

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