Quand un ami, un membre de notre famille ne va pas bien, nous n’avons pas toujours les bons réflexes. Voici quelques pistes pour comprendre le problème et adopter la bonne réaction.
Avec le Dr Nicolas Neveux, psychiatre.
Restez informée
- Dépression : proposer de l’écoute et du dialogue
- Addiction : faire preuve de patience et de douceur
- Anxiété : aider à prendre du recul
- Phobies : orienter vers un spécialiste
- Se préserver aussi, c’est essentiel
La dernière enquête de Santé Publique France sur la santé mentale des Français dresse un portrait assez sombre. En mai 2022, 15 % d’entre eux montraient des signes d’un état dépressif et 25 % d’un état anxieux (+ 5 et 12 points qu’avant la pandémie de Covid-19). Nous connaissons probablement quelqu’un de touché. Mais nous minimisons souvent, pensant qu’il suffirait de « réagir » pour que cela s’arrange. Face à ces états qui nous déstabilisent, nos réactions sont parfois inadaptées. Nos conseils pour détecter les signaux annonciateurs et entourer ceux que nous aimons.
Dépression : proposer de l’écoute et du dialogue
Une personne dépressive exprime de la souffrance, de la tristesse. Elle présente une tendance pessimiste, un manque d’envie pour des activités qu’elle aimait avant. Elle est irritable et s’isole.
Que faire ? En parler avec d’autres personnes, de façon à avoir une vision plus juste de la situation. Et évoquer la question avec votre proche, soit de manière allusive, soit de manière plus directe, pour montrer votre disponibilité. Mais prudence, dites plutôt « j’ai l’impression que tu es triste » au lieu d’affirmer « tu es triste« , et évitez de culpabiliser la personne par des « secoue-toi un peu« . Il ne s’agit pas de se positionner comme thérapeute, mais de dire « tu n’as pas l’air bien, il faut aller chez le médecin« , conseille le Dr Neveux. Si le diagnostic est avéré médicalement, vous pouvez l’orienter vers des associations reconnues (https://francedepression.fr/ par exemple).
Addiction : faire preuve de patience et de douceur
Une addiction (alcool, drogues) n’est pas si facile à reconnaître car les personnes concernées sont souvent dans le déni. C’est par l’écoute et la disponibilité que l’on pourra repérer ce type de trouble.
Que faire ? « La substance addictive fait office de béquille : en priver la personne ne fonctionne pas, et il faut plutôt remonter à la souffrance qui se trouve à l’origine« , souligne le Dr Neveux. Évitez de vous opposer frontalement à elle, ou de la faire culpabiliser, et rappelez-lui que vous l’aimez, pour créer un climat de confiance qui lui permettra, un jour, de vous parler. Ne cherchez pas à la faire « avouer », ne lui posez pas d’ultimatum : elle risque de se braquer et de s’éloigner ! Et n’attendez pas un changement immédiat… Pour faire prendre conscience du problème, mieux vaut parfois parler non pas directement de l’addiction, mais de la souffrance ressentie, et comment la personne se sentirait si elle ne buvait ou ne se droguait pas. Et, parce que nous ne sommes pas thérapeute, on recommande de voir un professionnel.
Anxiété : aider à prendre du recul
Une personne anxieuse a tendance à se plaindre, manifeste de la nervosité, de l’irritabilité, a du mal à se concentrer, à dormir et ressent une grande tension musculaire. Sa peur face aux soucis du quotidien est excessive et douloureuse.
Que faire ? Il n’est pas aisé de soutenir quelqu’un qui s’inquiète de façon disproportionnée. Mais cette peur est réelle et limite le champ des possibles. On peut montrer que l’on est présent, écouter et proposer, non pas des solutions, mais de réfléchir pour essayer de comprendre si la crainte est vraiment justifiée. Seule une prise en charge professionnelle sera efficace. Si votre proche hésite, demandez-lui ce qui le bloque dans le fait de recevoir de l’aide. Si vous avez vous-même consulté un psy, n’hésitez pas à partager votre expérience.
Phobies : orienter vers un spécialiste
Les phobies sont une forme de trouble anxieux. En cas de peur irraisonnée des araignées, des ascenseurs, ou de l’avion, la personne concernée anticipe la situation. Elle cherche à tout prix à l’éviter, au risque de se couper de relations sociales ou d’opportunités professionnelles.
Que faire ? Pointez les conséquences néfastes mais ne stigmatisez pas ou ne punissez pas votre proche s’il n’arrive pas à surmonter ses problèmes. À l’inverse, ne compensez pas, par exemple en allant faire ses courses parce qu’il refuse de sortir de chez lui. Le diagnostic doit être posé par un psychiatre. Les thérapies comportementales et cognitives aident à surmonter ces situations angoissantes. « Mais le mécanisme qui a abouti à la phobie mérite aussi qu’on s’en occupe« , précise le Dr Neveux.
Se préserver aussi, c’est essentiel
Nous ne sommes pas des soignants : nous ne pouvons prendre en charge des troubles psychologiques, et nous devons nous protéger. « Il est déjà difficile de se gérer soi-même« , rappelle le Dr Neveux. « C’est à l’autre de faire ce travail sur lui, avec l’aide d’un médecin si besoin. Nous pouvons éventuellement être un soutien, sans obligation de résultat ». Et si l’on souffre soi-même de la situation, il ne faut pas hésiter à consulter : un psychiatre peut nous aider à nous positionner et à déculpabiliser.
Merci au Dr Nicolas Neveux, psychiatre à Paris, auteur du site e-psychiatrie.fr et de Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, aux éditions Dunod.
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