• Un voyage psychologique dans le temps
  • Régresser pour se sentir en sécurité
  • Un retour en arrière parfois douloureux
  • Holiday regression : comment la gérer ?

“Un trou noir féroce qui aspire les enfants adultes et leurs parents dans des rôles familiaux d’il y a des années, voire des décennies, au moment où ils sont réunis sous un même toit”. Voilà comment le journaliste Oliver Burkeman résume la “holiday regression” pour The Guardian.

Ce concept, qui n’est pas popularisé en France – et pourrait se traduire par « la régression des fêtes de fin d’année » – est beaucoup discuté dans les pays anglophones, une fois Halloween passé. Une remontée dans le temps qui pourrait s’expliquer par une période de fêtes étendue (environ un mois entre Thanksgiving et Noël) selon les spécialistes. 

Pourtant, si chez nous les festivités sont moins longues, cette régression se retrouve chez beaucoup. “Dès que je pose mes valises chez mes parents pour Noël, c’est comme si je récupérais ma personnalité d’ado”, témoigne Alicia, 25 ans.

Mais alors, pourquoi rembobinons-nous les années une fois les fêtes amorcées et le retour chez les parents fait ?

Un voyage psychologique dans le temps 

“En tant que psychologue, j’ai entendu des centaines d’histoires familiales similaires aux miennes. Pour beaucoup d’entre nous, retrouver des êtres chers pendant les vacances peut ressembler à un voyage psychologique dans le temps”, assure la psychologue Juli Fraga pour NBC News.

“Tous les ans c’est comme si on avait appuyé sur pause et qu’on reprenait nos habitudes avec mes frères, même pour les disputes ou les crises de jalousie”, confirme Alicia.

Mais pas que : commentaires de son père sur ses “goûts vestimentaires”, réprimandes de sa mère sur “la serviette de bain laissée mal pliée”… La vingtenaire explique revivre chaque année les mêmes scènes de son adolescence.

Et elle n’est pas en reste. “J’en profite aussi. Je rentre pour avoir les pieds sous la table et parfois ça agace. Et puis quand mes frères se liguent contre moi, je fuis dans ma chambre comme à l’époque”, raconte la jeune femme.

Régresser pour se sentir en sécurité 

Mais comment expliquer ce retour en arrière ? “Les gens régressent parce qu’ils essaient de rétablir un sentiment de sécurité”, répond Juli Fraga, cette fois-ci dans les colonnes du Washington Post.

Émilie a 34 ans et quand elle visite ses parents quelques jours à Noël, elle se comporte comme il y a 20 ans. “Mon mec me dit toujours que quand je suis chez mes parents je ne suis pas la même personne, avoue-t-elle. Au moment des fêtes, on est dans cette bulle festive qui ne change pas d’année en année. C’est un safe space en quelque sorte”, raconte celle qui est également mère de famille.

Querelles, habitudes d’ado qui reviennent au galop, Émilie l’admet, une fois les fêtes de fin d’année arrivées, rentrer chez ses parents est aussi son exutoire. “Je sais qu’on va s’occuper de moi, alors j’investis le rôle à fond. Je sais que plus tard ce sera pareil avec mes filles”, se projette-t-elle.

Pour autant, elle assure que ce comportement se limite à quelques jours dans l’année et à sa maison d’enfance. “Jamais je ne pourrais faire ça chez mes beaux-parents, même s’ils sont aussi ma famille très proche”.

Un retour en arrière parfois douloureux

Mais la régression n’a pas que du bon. Parfois, elle réveille des traumatismes familiaux qu’on pensait guéris (ou bien enfouis).

« Il existe des stimuli qui déclenchent de vieux souvenirs, ce qui peut déclencher des comportements régressifs. Ces stimuli peuvent inclure le fait de dîner autour de la table à manger de votre enfance ou de dormir dans votre lit d’enfance. Chacune de ces expériences peut vous propulser dans le temps, à une période où vous vous sentiez particulièrement vulnérable », explicite Juli Fraga, interrogée par Refinery29.

Et en exacerbant nos émotions, ces stimuli peuvent favoriser les montées de colère et les frictions dans la famille, notamment au moment des repas de fêtes.

“Le terme ‘régression’ remonte à notre ancêtre psychologique, Sigmund Freud, qui affirmait qu’il s’agissait d’un mécanisme de défense qui nous protégeait des émotions inconfortables telles que la colère, la tristesse et la honte”, poursuit la spécialiste. 

Holiday regression : comment la gérer ? 

Mais alors, faut-il s’empêcher de régresser quand on retrouve ses parents au moment des fêtes ? 

Non, répond Juli Fraga, quand il ne s’agit « que » de « comportements de confort », cependant, quand la régression est douloureuse, il faut mettre en place des « barrières psychiques » pour préserver sa santé mentale à Noël. 

« L’important est de reconnaître la vérité et de faire face à votre douleur émotionnelle à propos du passé. Les commentaires sarcastiques, les roulements d’yeux et les disputes sont des façons dont nous retranscrivons nos sentiments lorsque nous n’en sommes pas pleinement conscients. Donc, quoi que vous fassiez, ne niez pas vos émotions« , recommande-t-elle pour The Washington Post. 

Pareillement, mesurer vos réactions face aux frictions peut être salvateur. « N’oubliez pas que les autres souffrent peut-être aussi. Ainsi, au lieu de renvoyer des insultes ou des commentaires sarcastiques, essayez d’être dans la compassion, afin que vous puissiez ressentir de l’empathie et non pas de la colère. Cela pourra permettre d’ouvrir une discussion qui fera du bien à tout le monde”, termine-t-elle. 

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