Allez prétendre le contraire ! Qui, parmi vous (nous), n’a jamais posté une photo de coucher de soleil sur les réseaux sociaux ? L’auteur de ces lignes, qui s’y montre pourtant peu présent, n’a su résister à une soirée orangée au bord d’un lac jurassien (c’est beau, le Jura !) lors d’un récent reportage. Succès à la clé avec 28 likes !

On plaisante, mais sur Instagram, le hashtag #sunset aveugle tous les autres : plus de 283 millions de publications, contre 155 millions pour #sea, sans parler de son homologue matinal, #dawn (aube), qui peut aller se recoucher avec ses maigres 5,5 millions.

Certes, les couchers de soleil offrent des lumières sublimes. Mais quoi de plus banal, de plus répétitif, de plus ancestral ? Car si tout change et bouge, rien de plus immuable qu’un coucher (ou lever) de soleil.

Journaliste (il dirige la rédaction de Philosophie magazine), philosophe et auteur, Alexandre Lacroix lui a consacré, en août 2018, un essai lumineux intitulé Devant la beauté de la nature1. Dès le prologue, qui suit une citation de Victor Hugo extraite de Soleils couchants (« Oh!  contemplez le ciel ! et dès qu’a fui le jour / En tout temps, en tout lieu, d’un ineffable amour, / Regardez à travers ses voiles ; / Un mystère est au fond de leur grave beauté »), il s’interroge : « Pourquoi aimons-nous les couchers de soleil ? »

Beau naturel vs beau artistique

Attention, on vous embarque dans la stratosphère, puisqu’après tout, évoquer les couchers de soleil c’est aussi traiter d’astronomie. Et de philosophie : en un mot, le débat s’élève. Lacroix explique que la référence en matière de philo du beau, c’est Kant. Qui, dans sa Critique de la faculté de juger (1790), traite pêle-mêle de la beauté des tableaux, des tempêtes, des volcans ou des concerts.

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