- La deuxième partie du documentaire Harry & Meghan sera diffusé jeudi sur Netflix.
- Dans la première partie, vivement critiquée par les médias britanniques, le couple critiquait le racisme de la cour et l’acharnement des tabloïds.
- Pourquoi un combat aussi noble ne fait-il pas l’unanimité ? Eléments de réponse avec Bertrand Deckers, chroniqueur royal, Philippe Chassaigne, historien spécialiste du Royaume-Uni, et Joseph Agistini, psychologue clinicien et psychanalyste.
La première partie du documentaire a été dézinguée par la presse britannique. La deuxième partie sera diffusée jeudi sur Netflix, après une interview donnée à Oprah Winfrey en mars 2021 et avant une autobiographie du prince Harry (Le Suppléant, éd. Robert Laffon), à venir le 10 janvier 2023. Depuis qu’ils ont quitté la famille royale britannique, le fils cadet du roi Charles III et son épouse Meghan Markle continuent à occuper l’espace médiatique. La moindre de leur apparition, la moindre de leur déclaration est scrutée, analysée, commentée, et pas forcément en bien.
Mais pourquoi ce couple, qui aspire à une « vie normale », dénonce le racisme de la famille royale et l’acharnement des tabloïds, ne fait-il pas l’unanimité ? « Ce que nous vivons actuellement, c’était totalement inimaginable il y a quelques années », annonce d’emblée Bertrand Deckers, chroniqueur royal, auteur de I Love Elisabeth II (éd. Robert Laffont). Un prince royal, traumatisé par la mort violente de sa mère, qui épouse une actrice américaine métisse et qui « par amour renonce à tout ce qui faisait son identité » en quittant la famille royale avec fracas et en se brouillant avec son père et son frère, « c’est digne des plus grandes séries télévisées comme « Dynastie » ou « Dallas » », poursuit le journaliste.
Car si l’abdication d’Edouard VIII, le divorce de Charles et Diana ou la mort de Lady Di avaient été vécus par les Britanniques comme des « traumatismes », les choix de vie et les révélations du prince Harry et de Meghan Markle tiennent bien du « scandale » aux yeux de l’opinion, explique Philippe Chassaigne, professeur d’histoire contemporaine, spécialiste du Royaume-Uni, à l’université Bordeaux-Montaigne.
Des « milliardaires américains »
Retranchés dans leur propriété de Montecito, en Californie, loin des tabloïds britanniques, Harry et Meghan orchestrent savamment leur communication. « Leur documentaire est très léché, très hollywodien », note Bertrand Deckers, pour qui le couple ressemble maintenant à des « milliardaires américains ». Et lors de leur interview avec Oprah Winfrey, « Meghan avait très certainement étudié de près l’interview donnée par la princesse Diana en 1995 à la BBC, tant ses postures étaient travaillées », ajoute Philippe Chassaigne.
Mais ce n’est pas tant alors le discours qui énerve, que la manière dont il est porté. Oui, il y a un « racisme larvé à la cour de Charles III », affirme Philippe Chassaigne. Oui, « Harry a raison de s’en prendre aux tabloïds quand on sait à quel point la mort de sa mère a été traumatisante pour lui », poursuit l’historien.
« Narcissime »
« Leur discours de liberté et de tolérance est très noble, mais c’est le médium qui énerve, note Joseph Agostini, psychologue clinicien et psychanaliste, auteur notamment de Dalida sur le divan (éd. Envolume) et Je dépense comme je suis (éd. Leduc). Le fossé n’a jamais été aussi grand entre une monarchie conservatrice et un peu anachronique et l’atermoiement narcissique permanent made in Netflix. Harry et Meghan sont tombés dans le tout émotionnel, il n’y a plus de juste mesure. Et en plus ils critiquent un système tout en faisant tout pour rester dedans, celui des privilégiés. » « Les Britanniques sont lassés de les entendre de plaindre à longueur de temps quand eux sont confrontés à la crise économique », ajoute Philippe Chassaigne.
Meghan et Harry peuvent-ils faire autre chose que critiquer la famille royale? Pour Bertrand Deckers, non, c’est désormais leur seule manière d’exister : « C’est parce qu’ils dévoilent des horreurs sur la famille royale qu’on les écoute. En dehors de ça, ils n’intéressent personne. » Le chroniqueur mondain rappelle que le couple a touché 99 millions de dollars pour le documentaire sur Netflix et que le prince Harry a signé pour trois livres avec la prestigieuse maison d’édition new-yorkaise Penguin Random House. « C’est une vague que rien ne pourra arrêter. » Leurs détracteurs n’ont pas fini de faire couler de l’encre.
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