D’un amour d’enfant pour les animaux à une vie consacrée à la préservation d’espèces sauvages, il n’y a qu’un pas ou pourrait-on dire qu’une patte pour rester dans le champ lexical animal. Céline Sissler-Bienvenu, directrice France et Afrique francophone du Fonds International pour la Protection des Animaux (IFAW) a déjà un parcours bien rempli que nous avons eu envie de vous faire partager.
Fascinée depuis l’enfance par la faune et la flore, Céline Sissler-Bienvenu, grandit dans une famille bienveillante à l’égard de la nature. C’est lors de moments dans son jardin de pavillon que cette passion ne la quittera plus. « L’amour pour les animaux est assez inhérent aux enfants. Même si on a juste un balcon avec quelques fleurs, on peut observer les insectes. Il y a tellement de choses à voir. C’est merveilleux. », nous explique la directrice France et Afrique francophone subsaharienne d’IFAW, un Fonds International pour la Protection des Animaux.
Le métier de vétérinaire s’impose naturellement pendant un temps, mais le destin l’emmène finalement vers des études de naturaliste à l’Université de Jussieu (Paris). « Pendant ma licence, alors que je préparais mes partiels, je regardais une émission présentée par Allain Bougrain-Dubourg et consacrée à l’école pour la formation des spécialistes de la faune (l’EFG), basée à Garoua, au Cameroun. Rêvant de faire du terrain, je me suis dit que c’était pour moi. À l’issue de ce reportage, j’ai écrit au service scolaire sans pour autant savoir que cette école était uniquement réservée aux Africains. J’ai par la suite reçu un courrier m’annonçant que ma demande ne pouvait être prise en compte. », témoigne la spécialiste de la faune sauvage.
Pendant deux ans, Céline Sissler-Bienvenu persiste et écrit à l’école, car l’envie était si forte, si présente. C’est ainsi que la jeune femme est devenue la première étudiante non-africaine du cursus. « C’était un test pour eux, car tout nouveau et une aventure pour moi. », nous explique-t-elle.
Le temps de l’École de la Faune à Garoua
L’heure de la formation est donc arrivée pour la passionnée de nature : « Je suis partie avec des idées préconçues sur ce que pouvait être cette école, dans la mesure où j’ai grandi via des reportages animaliers. Je me suis rendu compte que ces vidéos étaient assez aseptisées, tout est magnifié. Je n’avais pas pris en compte la rudesse du travail sur le terrain. J’avais aussi omis le fait que c’était une école paramilitaire, j’étais sportive, mais peut-être pas au niveau demandé. Autre point, les différents étudiants étaient déjà des personnes en activité. Ils pouvaient, par exemple, être responsables d’une patrouille de lutte anti-braconnage. Je suis donc arrivée avec mes 23 ans et on me surnommait le bébé de la promo.«
Malgré cette jeunesse et cette découverte de la faune et la flore africaine, Céline Sissler-Bienvenu est très bien accueillie parmi la soixantaine d’élèves (dont six autres femmes). Ce moment de vie a été, selon la spécialiste, une aventure humaine extraordinaire dans la mesure où elle a côtoyé des camarades venant de quinze pays africains différents. Il y a pour l’Européenne un véritable partage des connaissances.
« Après deux ans de scolarité, le terrain m’a aidé à voir le bien-fondé de l’approche paramilitaire. Non pas sur l’aspect militaire, c’est-à-dire la discipline, mais la capacité à être autonome dans des conditions extrêmement difficiles avec cette idée de se dépasser. C’est aussi comprendre les dispositifs de lutte anti-braconnage. Et comment on intègre les populations locales dans le travail de protection, en faisant de l’éducation environnementale et en tenant compte de leur culture.« , nous commente-t-elle.
Retour en France et entrée chez IFAW
À force de travail, Céline Sissler-Bienvenu sort major de sa promotion et rentre en France. Très rapidement, elle rejoint l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS) où elle étudia la migration des oiseaux d’eau entre l’Afrique et l’Europe. Puis, elle travaille pour la Fondation Brigitte Bardot en tant que responsable des actions internationales et directrice du bureau Europe de l’Est.
En 2006, l’histoire avec IFAW commence. « L’organisme répond pleinement à mes valeurs en matière de protection des espèces, avec aussi l’implication des communautés humaines. On travaille avec l’humain pour mettre en place des mesures qui vont permettre de protéger les animaux, sinon nous ne parvenons à rien. » Les groupes locaux sont ainsi, pour Céline, le premier front pour défendre les animaux près desquels ils vivent. Leur exclusion dans la protection aurait pour effet une vision non-durable du processus. « Avec IFAW, nous apprenons beaucoup des populations. C’est un vrai partage dans les deux sens. Notre but est une cohabitation harmonieuse entre l’Homme et les animaux. IFAW fait aussi le lien entre le monde de la conservation et le monde du bien-être animal » , insiste-t-elle.
La directrice France et Afrique francophone et son équipe font ainsi de nombreux sauvetages d’animaux isolés. Citons le massacre des éléphants au Cameroun où les autorités étaient au courant, mais où personne n’agissait. Grâce au réseau de Céline et de la présence d’IFAW sur le terrain, l’armée a été déployée sur le site et les médias ont été alertés. Des aides qui ont réussi à freiner l’hémorragie et amener les braconniers à faire marche arrière.
« Tous ces sauvetages comme Nania, l’éléphanteau au Burkina Faso, sont très importants. Certes, nous sauvons un individu, mais nous essayons de le réhabiliter et de le rendre à son habitat naturel. Chaque individu compte à l’heure d’aujourd’hui pour le maintien de l’espèce. », nous confie la naturaliste.
« Nous nous sommes déconnectés de la nature et affranchis de l’équilibre qui existe entre les Hommes, les animaux et les écosystèmes. »
Pour Céline Sissler-Bienvenu, cela fait des années qu’IFAW travaille contre le trafic d’espèces sauvages et qu’ils alertent sur les enjeux associés à ce fléau. Comme l’effondrement des écosystèmes, la disparition des espèces et les réseaux criminels mis en place. « Cela fait très longtemps que nous disons attention, attention, il faut mieux et plus sévèrement lutter contre les trafics d’espèces sauvages ou sa consommation. Cette dernière donnée peut créer l’émergence d’une nouvelle zoonose qui pourrait devenir une pandémie. Aujourd’hui, nous sommes dedans, même si le pangolin n’a pas été encore affirmé comme l’animal intermédiaire vecteur. Nous espérons que des leçons vont être tirées de cette situation pour restaurer notre relationnel à la nature, aux animaux et mettre en place les mesures de protection adéquates. Il faut aussi dès le plus jeune âge intégrer l’éducation environnementale. Nous nous sommes déconnectés de la nature et affranchis de l’équilibre qui existe entre les Hommes, les animaux et les écosystèmes. Protéger et avoir une nature en bonne santé, c’est ce qui conditionne une humanité en bonne santé.« , affirme-t-elle.
« Une grande partie de la biodiversité est menacée. »
Aujourd’hui, selon la Convention de Washington, 5000 espèces sont en danger d’extinction. Mais pour la spécialiste, il y en a bien plus : « Les éléphants sont sur le déclin à l’échelle du continent africain. Il y a plus de mortalités que de naissances, dû au braconnage et à la destruction de leur environnement. C’est la même situation pour les tigres. Il en reste 4000 à l’état sauvage. En fait, tous les grands mammifères sont menacés. Il y a aussi des batraciens, des tortues et des oiseaux. En France, il y a un trafic des chardonnerets élégants. Malheureusement, une grande partie de la biodiversité est menacée. »
S’il faut résumer le discours de Céline Sissler-Bienvenu qui est si porteur et qu’on pourrait écouter des heures durant, rappelons-nous qu’il faut, selon elle, « susciter l’émerveillement. Il faut ainsi prendre le temps de regarder la nature. Et dire aux parents d’entretenir l’intérêt, ce lien qu’ont les enfants à la nature, car les jeunes générations vont décider de l’avenir de la planète.« .
L'équipe des Lionnes constituée de 8 écogardes féminines dévouées, vit son confinement auprès des animaux sauvages pour les protéger des braconniers. Eunice, 19 ans, et le reste de l'équipe se sont isolées de la communauté, des amis et de la famille depuis mi-mars pour rester sur le terrain afin de protéger la faune. Les scientifiques pensent que le COVID-19 trouve son origine dans un marché d’animaux, où diverses espèces d’animaux sauvages étaient vendues et tuées illégalement. Nous luttons contre le trafic mondial d’espèces sauvages à chaque étape, à tous les niveaux, en luttant contre le braconnage, en perturbant les réseaux de trafiquants et en réduisant la demande. Les Rangers sont la première ligne de défense contre le commerce illégal d'espèces sauvages – empêchant les animaux d'être dans des conditions de captivité et de stress qui peuvent mener à la propagation de maladies. Pour #GivingTuesdayNowFR aidez IFAW à stopper le trafic d’espèces sauvages et protéger les animaux dans le monde entier en faisant un don. Voir lien dans la bio ⬆️ #StopWildlifeCrime #Conservation #Animaux #StopBraconnage #femme #rangers #ecogarde #resterchezvous #nonautraficdespèces #coronavirus #éléphants #vousetesformidables Photo: Will Swanson / IFAW
Une publication partagée par ifaw France (@ifawfr) le 5 Mai 2020 à 6 :47 PDT
Quand la nature reprend ses droits avec le coronavirus
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