Il se bat depuis 60 ans pour la santé sexuelle des femmes, et pourtant, certaines ignorent encore ce que le Planning Familial a de précieux à leur offrir. Avec le podcast "Au coeur du planning", l’association féministe ouvre ses portes le temps de six épisodes.

« Je me suis fait ‘dévierger’ en janvier. Ça fait un an et demi qu’on est ensemble. J’ai pas mis de capote, j’ai pas pris de pilule » ; « Ce n’est pas avec mes parents que je vais en parler » ; « Je sortais avec une fille et j’ai posé des questions à ma gynécologue sur les modes de contraception. Elle m’a à peine répondu, il y a eu un malaise quoi ». Ces mots sont ceux de jeunes femmes qui récemment, ont poussé les portes du Planning Familial de Marseille.

Mis en lumière par le podcast « Au coeur du Planning », réalisé par la journaliste Isabelle Duriez, c’est l’une des plus grosses antennes de France de l’association féministe créée en 1960. « En choisissant de me plonger, avec l’ingénieure du son Léa Chevrier, dans le centre de Marseille, j’ai voulu donner à entendre l’intimité des échanges, en protégeant l’anonymat des femmes qui viennent s’y confier, faire écouter leurs hésitations, leurs doutes, leurs émotions, et permettre à celles qui n’osent pas pousser la porte d’y être, juste en fermant les yeux », explique dans un communiqué Isabelle Duriez, qui n’en était pas à sa première visite d’un Planning.

« Chaque fois je suis surprise. D’abord, par l’intensité de ce qui s’y échange, entre les femmes et les conseillères : les premiers pas dans la sexualité, les angoisses d’être enceinte, de ne plus choisir sa vie, les rapports de force entre hommes et femmes, les décisions à prendre, parfois évidentes, parfois moins, les questionnements sur qui on est et qui la société nous demande d’être… Surprise aussi par l’étendue des actions du Planning Familial : la contraception, l’interruption volontaire de grossesse, bien sûr, mais aussi la prévention de la violence en maternelle et au primaire, l’éducation à la sexualité auprès des jeunes, l’accompagnement des personnes en situation de handicap vers l’autonomie, y compris affective et sexuelle… Surprise, enfin, par la diversité des outils imaginés et créés par les équipes du Planning Familial »

Acteur majeur, le Planning Familial et ses missions – plus que nécessaires à l’heure où l’égalité femmes-hommes est loin d’être atteinte et où les violences sexistes et sexuelles ne cessent d’augmenter – restent pourtant encore méconnues par certain(e)s. Le temps de six épisodes de 30 minutes, la journaliste nous propose donc une immersion sonore dans ce lieu essentiel, qui se bat tous les jours pour permettre aux femmes de connaître leurs droits et de les accompagner au mieux pour qu’elles puissent bénéficier de la meilleure santé sexuelle possible : la leur. 

Écouter sans juger 

Dans le premier épisode, « Venir ici, c’est grandir » diffusé jeudi 30 janvier*, Isabelle Duriez aborde le thème de la contraception. Après une rapide description des lieux, la journaliste rappelle que l’on peut s’y rendre de manière anonyme. Elle interroge tour à tour celles qui accueillent les femmes au quotidien dans les locaux : conseillères conjugale et familiale, médecins, bénévoles.

Son micro s’invite ensuite aux entretiens de trois jeunes femmes : la première, âgée de 16 ans, pense être enceinte et souhaite faire un test de grossesse. On perçoit au son de sa voix son soulagement lorsqu’elle réalise qu’elle n’est finalement pas enceinte.

La seconde est déjà venue une première fois pour choisir un moyen de contraception et revient s’assurer que celui-ci lui convient. « C’est rassurant », confie-t-elle.

La dernière, lesbienne, regrette de ne pas avoir trouvé l’aide et les conseils qu’elle attendait auprès de sa gynécologue, visiblement gênée par l’orientation sexuelle de la jeune femme.

Leurs corps, leurs choix

Chacune d’elles, reçue individuellement, bénéficie d’une écoute active suivie de conseils personnalisés. Sans jugements. « Le Planning, c’est accompagner l’empowerment, explique Isabelle, conseillère au Planning depuis plus de 15 ans. Chacune doit choisir ce qu’elle veut faire d’elle, de son corps, de sa vie amoureuse, affective, sexuelle. Elle fait ses choix, elle sait mieux que moi ce qu’elle pourra mettre en place dans sa vie. » 

Au fur et à mesure de l’écoute, on se rend compte qu’aller au Planning, c’est aussi un moyen de faire le point sur certaines idées reçues, de démêler le vrai du faux. Comme lorsque cette même adolescente de 16 ans, venue pour faire un test de grossesse, explique à la conseillère ne pas vouloir se protéger « parce que ce sont les putes qui mettent des préservatifs ». S’en suit une discussion sur les différents moyens de contraception qui s’offrent à elle, une formation express sur la façon de mettre un préservatif masculin, mais aussi des explications sur le dépistage des maladies sexuellement transmissibles. 

À la fin de ce premier épisode, toutes repartent satisfaites, avec en poche, de précieuses clés garantes de leur liberté sexuelle. 

Au programme des épisodes à venir : l’avortement, la prévention, la diversité sexuelle et le handicap sous le prisme de la sexualité.

* »Venir ici, c’est grandir », à (ré)écouter ici.

  • Pourquoi la liberté sexuelle des femmes met-elle certains hommes mal à l’aise ?
  • Anatomie féminine : savez-vous vraiment ce qu’il y a entre vos jambes ?

Source: Lire L’Article Complet