Que signifie précisément « adaptogène » ? Quels végétaux méritent cette appellation et pourquoi ? Comment les utiliser ? On fait le point sur ces trésors de la nature, de plus en plus populaires.

Restez informée

En médecine traditionnelle chinoise, les plantes adaptogènes sont qualifiées de « toniques supérieurs » et, en médecine ayurvédique, de « rasayanas »*. Le Dr Nicolaï Lazarev, toxicologue, en donne une définition précise : il s’agit de végétaux capables d’induire un état de résistance augmentée du corps, lui permettant de contrebalancer les signaux du stress et de s’adapter à un effort exceptionnel. Régulatrices, elle stimulent les organismes fatigués, mais sans exciter, et elles calment les personnes trop nerveuses. La plupart d’entre elles poussent dans des climats très arides ou très froids. Pour résister, elles ont développé des principes actifs uniques dont nous pouvons profiter, d’autant que notre environnement est de plus en plus stressant, et nos capacités d’adaptation, sans cesse mises à l’épreuve. Pour faire face à ces nouveaux défis, « les plantes adaptogènes constituent une réponse à la fois sûre et efficace« , affirme Stéphanie Mezerai, praticienne et formatrice en naturopathie, auteure du livre Les Superpouvoirs des plantes adaptogènes**. Voici sept d’entre elles passées au crible.

1/ L’éleuthérocoque : pour augmenter mes performances

L’Eleutherococcus senticosus, ou « ginseng sibérien », soutient l’organisme face à toute sollicitation intellectuelle importante. On l’emploiera donc lors de période d’examens, afin de pallier les troubles de la mémoire et de la concentration. Il est également fort utile en prévision d’efforts sportifs (préparation, récupération…) et pour prévenir les infections hivernales (grippe, gastro-entérite, etc.).

Sous quelle forme ? En teinture- mère (extrait hydro-alcoolique) : 30 gouttes diluées dans un verre d’eau ou un jus de fruits, 3 fois par jour.

2/ L’ashwagandha : pour me régénérer en profondeur

En sanskrit, son nom signifie « Force du cheval, vigueur d’un jeune étalon ». Withania somnifera favorise le sommeil, booste l’énergie vitale, réveille la libido, soutient les systèmes nerveux et immunitaire, la thyroïde et les glandes surrénales. Des études ont aussi démontré sa capacité à réguler la glycémie chez les diabétiques et le taux de cholestérol en cas d’hypercholestérolémie.

Sous quelle forme ? En poudre : 1 cuil. à café diluée dans une boisson végétale ou un peu d’eau chaude, 1 à 2 fois par jour. Ou bien 3 gélules dosées à 250 mg d’extrait sec par jour. A éviter en cas d’hyperthyroïdie.

3/ Le shatavari : pour mieux vivre mon cycle féminin

En ayurvéda, Shatavari veut dire « celle qui possède cent maris »… Tout un programme pour cette Asparagus racemosus qui stimule la fertilité et la libido, et améliore le confort féminin (syndrome prémenstruel, troubles de la ménopause…). Déconseillée en cas d’antécédent de cancer du sein.

Sous quelle forme ? En poudre : 3 à 10 g/j dans une tasse de lait chaud parfumé au miel (recette indienne), ou dans un yaourt, un jus de fruits, un smoothie. Ou en gélules : 4 par jour, en 2 prises.

4/ Le ginseng : pour me requinquer

Après une maladie ou une blessure, la racine de Panax ginseng, ou ginseng chinois, aide les convalescents à recouvrer leurs forces. Elle renforce aussi les défenses des personnes âgées, et préserve leur force physique et cognitive.

Sous quelle forme ? En extrait normalisé de racine (4 à 7 % de ginsénosides) : 200 mg, 1 à 3 fois par jour.

Le ginseng, asiatique ou américain ? Il en existe en effet plusieurs, dont une variété américaine, également utilisée en médecine chinoise. Le ginseng chinois serait « chaud » (yang) et l’américain, « froid » (yin), plus adapté pour calmer le système nerveux et la toux de certaines maladies pulmonaires.

5/ Le schisandra : pour détoxifier et protéger mon foie

Les baies de Schisandra sinensis renferment des lignanes qui détoxifient le foie et régénèrent les cellules hépatiques. Intéressant en cas d’hépatite ou de stéatose hépatique non alcoolique (Nash). En outre, elles combinent tous les goûts (aigre, sucré, salé, piquant et amer) et seraient capables, selon la médecine chinoise, d’équilibrer les 5 éléments (bois, feu, terre, métal, eau) et donc les 5 organes correspondants (foie, coeur, rate, poumons et reins).

Sous quelle forme ? En décoction de baies séchées : 1 cuil. à soupe par tasse, à faire bouillir 3 min, puis à laisser infuser pendant 10 min. Filtrez et buvez 2 à 3 tasses par jour.

6/ Le basilic tulsi : pour améliorer mon humeur

Ocimum sanctum prévient les cogitations et les ruminations, aide à clarifier le mental et à prendre du recul en cas de stress, ce qui limite l’anxiété et favorise un sommeil de qualité. Elle soutient également les capacités cognitives des étudiants, des seniors et des personnes déprimées. Enfin, elle réduit les allergies (rhinite, asthme) et libère les voies respiratoires.

Sous quelle forme ? En gélules, dosées à 250 mg : 1 à 2/j. Ou en tisane : 1 à 2 cuil. à café de feuilles séchées par tasse (2 à 3/j), à laisser infuser 10 min.

7/ L’astragale : pour booster mon immunité

Originaire de Mongolie et de la Chine septentrionale, Radix astragali a des vertus antioxydantes, antibactériennes et antivirales, qui protègent le système immunitaire et fortifient les poumons. Idéal pour les sujets fatigués et immunodéprimés, qui enchaînent les pathologies pulmonaires ou ORL, rhinites allergiques et infections. Attention : employée au long cours à hautes doses, elle peut avoir un effet immunosuppresseur (diminution des réponses immunitaires, indiquée en cas de maladie auto-immune ou de greffe, par exemple).

Sous quelle forme ? En gélules, dosées à 400 mg : 2/j. Ou en poudre de racine (4 à 7 g/j), en 2 à 3 prises. Ne pas excéder les 2 à 3 mois de cure sans un avis médical au préalable.

Quelle efficacité dans le temps ?

Les adaptogènes prennent en moyenne 3 semaines avant d’agir. Prenez-les sur une longue période (en cure de 3 mois, avec une pause d’une semaine toutes les 3 semaines), leur action revitalisante sera alors d’autant plus durable et profonde. Par principe de précaution, elles sont déconseillées en cas de grossesse, chez la femme allaitante et l’enfant.

La rhodiole, victime de son succès

Réputée pour ses vertus antidépressives, Rhodiola rosea entre dans la formule de nombreux compléments alimentaires antistress, ce qui a conduit à sa surexploitation. Résultat, une quasi-disparition de la plante sauvage, victime de cueillettes illégales dans les zones protégées. Dans son guide, Manuel de phytothérapie écoresponsable – Se soigner sans piller la nature***, le Dr Aline Mercan, phytothérapeute, conseille de la remplacer par le safran (Crocus sativus) ou le millepertuis (Hypericum perforatum), deux espèces non menacées.

L’avis de notre experte

« Les plantes adaptogènes répondent à une définition précise : régulatrices « de terrain », elles agissent sur l’ensemble du corps et non pas sur une fonction ou un organe en particulier. Vous pouvez les associer à des plantes de nos contrées, pour un résultat rapide sur une problématique. Citons, par exemple, le romarin (tonique cérébral et détoxifiant hépatique), le bourgeon de cassis (anti-inflammatoire, revitalisant), la valériane (sédative, anti-anxiété) ou encore l’ortie (reminéralisante). En parallèle, travaillez aussi sur votre hygiène de vie, afin que les bénéfices s’installent dans le temps.« 

Stéphanie Mezerai, naturopathe

* Rasayana signifie « qui régénère et rajeunit ».

** A paraître en mai, aux éditions Leduc.

***Paru en octobre 2021 aux éditions Terre Vivante.

A lire aussi :

⋙ Arthrose, douleurs, sommeil, stress… 25 plantes surdouées !

⋙ Phytothérapie, vitamines : 8 médecines douces aux bienfaits validés par la science

⋙ Ma pharmacie verte : 5 plantes à posséder absolument après 50 ans

Source: Lire L’Article Complet