C’est l’histoire d’un coiffeur vedette des années 1960, qui s’occupe des mises en plis de Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jackie Onassis… Et qui, pour préserver les mains des shampouineuses, en contact régulier avec les substances chimiques, décide de créer ses propres produits.
Convaincu du pouvoir de la nature – il vient de découvrir dans le grenier de son mas provençal des jarres pleines d’huile, de plantes séchées et de décoctions laissées par une herboriste guérisseuse -, Patrick Alès imagine avec sa femme des formules associant sauge, romarin, bardane… « C’est une petite révolution pour l’époque, rappelle son fils Romain Alès, aujourd’hui président du conseil de surveillance d’Alès Groupe. Bien sûr, au début des années 1970, on est hippie, on fume, on s’habille en pattes d’ef, mais il n’y a pas encore cette conscience écologique. Pour preuve, très peu de laboratoires cosmétiques utilisent alors des plantes dans leurs formules, excepté Yves Rocher ou Mességué. »
En pleine mouvance Flower Power, le passionné de phytothérapie concocte pour commencer et avec intuition quelques shampoings, un défrisant qui facilite le brushing, une huile (la Phytopolléine) qui stimule le cuir chevelu et la toute première crème de jour capillaire, Phyto 7, à base de guimauve, calendula, saule, romarin… Des formules green avant l’heure et toujours en vente cinquante ans après. « Pendant plusieurs mois, la production est restée très artisanale : tout était réalisé dans notre garage, continue Romain Alès. Je me revois tenir les alambics pendant que mon père y versait tout un tas de mélanges de plantes médicinales aux odeurs puissantes. »
C’est en 1969 que Patrick Alès fonde officiellement les laboratoires Phytosolba. Son credo est simple : redonner leur équilibre aux cheveux. Rien de révolutionnaire, donc. Mais toujours avec ces extraits végétaux surpuissants. Aujourd’hui encore, les ingrédients naturels (plus de 500 au catalogue) atteignent jusqu’à 60 % de la composition, 100 % dans certains cas (Phytopolléine et Phytodéfrisant).
Une « trousse de secours capillaire »
Parmi les références qui ont fait le succès de l’Espagnol, invariablement habillé en veste Mao et décédé en mai dernier, retenons également l’huile capillaire qui protège des UV (PhytoPlage), la laque sans gaz propulseur ni silicone (Phytolaque), les colorations permanentes aux pigments végétaux (issus des champs de pastels dont la production près de Toulouse a largement été relancé par Patrick Alès dans les années 1980), mais aussi les compléments alimentaires chargés de renforcer ongles et cheveux.
« Depuis la création de la gamme, les formules – désormais produites dans notre usine de l’Ouest parisien – ont très peu bougé et les consommatrices viennent toujours pour la même raison : la sécurité. Nous n’avons jamais suivi la mode ni les tendances, et le nom de Phyto est resté une valeur sûre pour tous les cheveux à problème : trop secs, trop mous, trop abîmés… Un peu comme une trousse de secours capillaire qui apporterait aux longueurs tout ce dont elles ont besoin. »
Avec 90 références et près de 5 millions d’unités vendues chaque année, Phyto est devenu l’un des acteurs leader de la pharmacie. Aujourd’hui, en pleine révolution green, l’entreprise a pour objectif de pousser encore plus loin la transparence. En s’engageant un peu plus sur les packagings écoreponsables. « C’est notre seul point noir, et je crois que le monde entier cherche la solution. Bien sûr, des flacons aux tubes jusqu’aux cartons, tout est 100 % recyclable, mais il faut aller plus loin. En imposant un meilleur profil environnemental, par exemple sans notice ni étui pour les shampoings et du carton issu de forêts gérées durablement. Notre ambition : devenir neutre en carbone, utiliser 100 % de plastique recyclé et afficher 100 % de produits écoconçus d’ici 2025. »
Surtout, Romain Alès entend bien conquérir, cinquante ans après, toujours plus de fidèles. « Depuis des années, Lierac était la vedette du groupe (rachetée en 1979 par Patrick Alès, NDLR), mais Phyto a besoin désormais de toute notre attention, souligne Romain Alès. D’autant qu’il y a beaucoup moins de compétiteurs sur le marché capillaire qu’en cosmétique et que l’époque attend toujours plus de naturel. »
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