Maux de ventre et de tête le matin avant d’aller à l’école ou le dimanche soir, enfant qui cherche à éviter un enseignant, ou des camarades de classe… La phobie scolaire est un trouble qui peut toucher les enfants en âge d’aller à l’école, et qui peut entraîner une déscolarisation. Laelia Benoit, pédopsychiatre nous éclaire sur les symptômes qui doivent alerter et les solutions qui existent pour sortir de la phobie scolaire.

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La phobie scolaire, qui touche entre 1 et 5% des enfants en âge d’aller à l’école, n’est pas une maladie, mais un trouble, une difficulté.

En 1974, Julian de Ajuruaguerra, neuropsychiatre et psychanalyste, définissait la phobie scolaire comme le fait « d’enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ».

Comptabiliser précisément le nombre d’enfants touchés par ce trouble reste compliqué, comme le rappelle Laelia Benoit, pédopsychiatre, car ce terme de « phobie scolaire » recouvre de nombreuses manifestations différentes, comme l’anxiété en classe, le fait d’arriver en retard au cours, et l’absentéisme partiel ou complet.

« Le traitement d’une phobie scolaire est souvent long et décevant », précise la spécialiste et le retour en classe d’un enfant qui rencontre cette difficulté oscille entre 40 et 60 %, et elle augmente à mesure que l’âge de l’enfant augmente.

À noter, que si ce trouble concerne les enfants et adolescents, à l’âge adulte, une angoisse de séparation, des difficultés professionnelles ou un repli social peuvent persister.

Phobie scolaire : qu’est-ce qui peut être à l’origine de ce trouble chez l’enfant ?

Lorsqu’une phobie scolaire est détectée chez un enfant, un événement déclenchant est souvent retrouvé. Celui-ci peut prendre plusieurs formes :

  • Un harcèlement (dans l’enceinte de l’école, sur le trajet, ou via les réseaux sociaux)
  • Un changement d’établissement ou d’orientation, (par exemple : l’arrivée au collège, le passage en seconde, un déménagement)
  • Une maladie ayant entraîné une absence prolongée de l’école

Quels sont les symptômes de la phobie scolaire ?

S’il est impossible de prédire la survenue d’une phobie scolaire, certains signes ou symptômes reviennent souvent après le diagnostic.

Ainsi, les parents dont les enfants souffrent de phobie scolaire ont pu observer :

  • Des maux de ventre et des maux de tête le matin, avant d’aller en classe
  • Des maux de ventre et des maux de tête la veille des jours de reprise (dimanches soir, périodes de rentrée après les grandes ou les petites vacances)
  • Des passages fréquents à l’infirmerie, ou des rendez-vous chez le médecin généraliste pour des douleurs inexpliquées
  • Une phobie des transports

« Il s’agit de somatisations anxieuses, que le jeune n’arrive pas à identifier comme du stress« , explique Laelia Benoit.

D’autres signes peuvent alerter comme :

  • Un enfant qui dit ne pas refuser le travail scolaire, mais déclare s’ennuyer
  • Un enfant qui souhaite éviter un enseignant ou un camarade
  • Un enfant qui demande des aménagements à domicile…

Enfin, parfois, des troubles du comportement peuvent être associés, comme un adolescent, inhibé et craintif à l’extérieur, peut se montrer exigeant et tyrannique dans le milieu familial.

Prise en charge, solutions… Comment sortir de la phobie scolaire ?

La prise en charge d’une phobie scolaire associe le jeune, sa famille et l’école. Un partenariat étroit est nécessaire avec l’Éducation nationale pour accompagner au mieux l’enfant ou l’adolescent concerné.

Un arrêt scolaire est prescrit, puis un projet d’accueil individualisé (PAI) est établi, pour une reprise scolaire allégée, et un suivi psychologique peut être mis en place.

Dans le cas où la phobie scolaire entraîne une déscolarisation de l’enfant

Quelle que soit la raison initiale de la déscolarisation, une perte de confiance s’installe rapidement. Avant une reprise scolaire, un retour à une relative stabilité émotionnelle est important.

Le médecin généraliste est un interlocuteur clé du dialogue entre la famille et l’établissement scolaire.

« En effet, ces difficultés sont encore souvent considérées par les adultes comme de la paresse ou la conséquence d’une éducation laxiste. L’accueil réservé à un élève en reprise progressive par les professionnels de l’école peut alors soutenir ou compromettre son retour en classe », précise la pédopsychiatre.

Le médecin généraliste pourra ainsi :

  • poser un premier diagnostic et écarter certaines pistes
  • repérer les situations nécessitant un changement immédiat de l’environnement scolaire ou familial (en cas de harcèlement, de violences…)
  • favoriser l’orientation vers un pédopsychiatre qui pourra prendre en charge un trouble associé (une dépression, par exemple…)

Merci à Laelia Benoit, pédopsychiatre à la Maison de Solenn à Paris (www.mda.aphp.fr), auteure de Phobie scolaire, retrouver le plaisir d’apprendre (Éditions Vigot).

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