Vous avez choisi votre siège, celui du passager. Pourquoi pas, mais si vous en avez assez de vous faire promener, sachez qu’il y a des moyens de traiter votre anxiété en voiture.
Restez informée
Conduire n’a rien de naturel. On est plutôt fait pour se déplacer à pied. Et, effectivement, ça peut être dangereux, les accidents existent. Mais faut-il pour autant renoncer à la voiture ? Quand notre appréhension nous mène à l’évitement (on renonce aux vacances, on préfère s’astreindre à un énorme détour qu’emprunter une autoroute, on ne sort plus le soir pour éviter de rouler la nuit…), cela nous complique la vie et nous rend dépendant des autres. Des répercussions qui justifient donc que l’on se penche sur la question.
L’angoisse au volant semble un peu plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Et notamment chez des personnes de nature anxieuse et/ou perfectionnistes, qui manquent de confiance en elles. « D’ailleurs, la peur de conduire augmente en vieillissant, car on devient un peu plus inquiet et conscient du danger et de la diminution de certaines capacités ou réflexes », observe le Dr Zumbrunnen. C’est fréquent également si on n’a pas touché une voiture pendant longtemps, et ça peut se manifester ou s’aggraver suite à un événement stressant qui nous fragilise (deuil, maladie…). « Certaines personnes ont fait une attaque de panique au volant (avec tremblements, palpitations, souffle court…) et craignent de revivre la même chose », note le spécialiste. Nos conseils pour se remettre sur la voie de la confiance.
Calmer son anxiété
Des outils développés par des thérapeutes spécialisés en thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont bien adaptés à cette situation. L’objectif : agir sur ses sensations et ses pensées afin de reprendre le contrôle sur la peur. On peut dans un premier temps essayer seule, et si ça ne suffit pas à débloquer la situation, consulter un psychologue ou un médecin qui pratique les TCC (il peut même nous accompagner en situation pendant quelques séances). Pour apaiser l’angoisse, le Dr Zumbrunnen recommande particulièrement ces deux exercices. Il faut s’entraîner régulièrement au calme, chez soi, avant de les mettre en pratique au volant, d’abord à l’arrêt et quand tout va bien, puis quand la peur monte.
• Fermer la bouche et s’obliger à respirer par le nez. La peur bloque ou accélère la respiration (c’est cette hyperventilation qui cause des vertiges, une sensation de malaise…), et respirer calmement par le nez, bouche fermée, atténue l’anxiété. L’idéal est d’adopter la respiration carrée : on inspire, on retient son souffle poumons pleins, on expire, on retient son souffle poumons vides.
• Le pétrissage, pour apprendre à relâcher les tensions musculaires quand on se sent paralysée par la panique. On s’entraîne à presser une balle de tennis, en observant attentivement les sensations de tension quand on appuie sur la balle et celles de détente quand on la relâche. Une fois en voiture, on reproduit le mouvement en serrant et en relâchant le volant, pour prendre conscience qu’on contrôle le tonus musculaire.
Dompter ses pensées négatives
Quand on redoute de conduire, on a tendance à s’imaginer des scénarios catastrophe : « Je vais causer un accident et abîmer la voiture », « Si je ne me sens pas bien sur l’autoroute, je ne pourrai pas m’arrêter en cas de besoin ». « C’est normal, et lorsque ces images surgissent, il faut les accepter mais se rappeler que ce ne sont que des pensées, qu’elles ne sont pas la réalité. Or, en soi, une pensée n’est pas dangereuse », indique le psychiatre. Une fois au calme, on peut aussi explorer ce scénario en allant au bout, en imaginant ce qui pourrait se passer de pire et les conséquences, voir la scène comme un film au cinéma. S’exposer mentalement à ses hantises habitue le cerveau et laisse moins d’emprise à cette peur, le scénario perd de sa puissance. Enfin, certains leitmotivs positifs peuvent remplacer ces pensées négatives quand on est au volant : je peux le faire, je dois me lancer, je suis assez forte pour surmonter ça, je veux retrouver ma liberté…
Renouer avec la pratique
Éviter de conduire entretient la peur. Il faut au contraire se confronter régulièrement à la situation, comme une « désensibilisation » quand on est allergique. L’idéal est d’essayer de conduire un peu chaque jour, si besoin accompagnée par un partenaire de confiance (conjoint, amie…). Bien sûr, on y va progressivement, en se fixant des objectifs réalistes : s’asseoir au volant à l’arrêt, s’entraîner à se garer sur un parking vide, rouler quelques minutes sur une route calme dans le quartier, sortir en ville le dimanche, etc. On ne doit jamais dépasser un niveau d’anxiété supportable (au maximum à un niveau 6 ou 7/10), sinon mieux vaut écourter la séance et réessayer le lendemain. À la fin, on peut par exemple être capable de faire quelques dizaines de kilomètres pour se rendre chez le médecin ou voir ses enfants, mais préférer le train pour les longs trajets. « Au départ, reprendre quelques leçons avec un moniteur de conduite, en lui précisant bien qu’on sait conduire mais qu’on veut reprendre confiance, peut aider, si on choisit un moniteur sensibilisé à cette problématique », conseille le Dr Zumbrunnen.
En roues libres avec la réalité virtuelle
Cette méthode permet de simuler la conduite, avec un volant, des pédales et un casque de réalité virtuelle qui projette les images de la route. La difficulté des situations proposées augmente progressivement : route de campagne, bouchons, autoroute de jour puis sous la pluie ou de nuit… « C’est très réaliste et cela facilite le réapprentissage de la conduite car on s’expose à sa peur dans un environnement sûr (aucun risque d’accident) avant de pouvoir s’exposer dans la réalité, c’est une étape intermédiaire », observe le Dr Zumbrunnen. Certains psychothérapeutes spécialistes des phobies et de l’anxiété proposent désormais ce service, et prêtent/louent même le matériel pour s’entraîner chez soi.
Suivez le guide
Pleins d’exercices détaillés, de conseils, et d’exemples tirés des consultations de ces deux médecins pour combattre soi-même sa peur de conduire. Pas de panique au volant ! Autothérapie et réalité virtuelle, des Drs Roger Zumbrunnen et Éric Malbos (éd. Odile Jacob).
Merci à Dr Roger Zumbrunnen, médecin psychiatre.
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