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Même si la société réclame toujours plus de transparence, rien ne nous oblige à céder à cette injonction. Un mini bobard ne fait pas forcément de mal et peut même faire du bien. Et vous pouvez nous croire sur parole…
Largement réprouvé par la morale, le mensonge fait pourtant partie de notre quotidien. Tout le monde ment, différentes études l’ont démontré. Il faut distinguer les gros mensonges, ceux que l’on construit, et les petits du quotidien, sans lesquels la vie sociale est pratiquement impossible, remarque Xavier Seron, docteur en neuropsychologie, auteur de Mensonges ! Une nouvelle approche psychologique et neuroscientifique. Car, si trahir les faits de manière éhontée et systématique relève d’une pathologie – rappelons que la mythomanie est une maladie –, trouver des petits arrangements avec le réel rend bien des services.
Le meilleur des traités de paix
Imaginez un monde où toutes les vérités seraient bonnes à dire. « Ce que je pense de ton ragoût ? Trop salé, mal cuit, à peine mangeable. » « Et ta nouvelle coiffure ? Un ratage total. » En réalité, dire tout ce que l’on pense (vraiment) aurait pour effet, outre de blesser notre interlocuteur, de mener rapidement à la guerre civile ! D’autant plus qu’un ressenti ou une opinion, par nature subjectifs, ne méritent pas forcément d’être partagés. Dans l’étude de psychologie menée par Bella DePaulo, il est établi qu’environ 25 % des mensonges émis sont de nature « altruiste ». « L’objectif est de ne pas faire de peine à son interlocuteur, voire de lui remonter le moral, c’est ce qu’on appelle la sollicitude », note la psychologue sociale Claudine Biland. Une « compétence » que l’on transmet d’ailleurs très tôt aux plus jeunes : lorsqu’un enfant a montré une grande déception devant un jouet qu’on vient de lui offrir, on lui explique, sitôt l’invité parti, que cela ne se fait pas et que devant les gens, il vaut mieux faire semblant.
Un petit cadeau pour les autres et… pour soi
L’expérience de la psychologue américaine (encore elle) nous apprend par ailleurs qu’hommes et femmes mentent en quantité égale, même si la nature de leur « fable » diffère un peu. « Les femmes effectuent plus souvent des mensonges altruistes que les hommes, qui préfèrent, eux, le mensonge égoïste », commente Claudine Biland dans son ouvrage Psychologie du menteur. À savoir des petits arrangements avec la vérité (un curriculum vitae enjolivé par exemple) qui visent à rapporter quelque chose : se faire une place, éviter un reproche, donner une bonne image de soi. Souvenons-nous de ce que nous révélait déjà, dans les années 1950, le sociologue américain Erving Goffman : nous sommes dans la vie quotidienne comme des acteurs en représentation, mus par l’objectif de « garder la face » en toutes circonstances.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes !
D’autres mensonges, dits de « minoration » ont, eux, une vocation protectrice. « Vous avez une mauvaise nouvelle à annoncer à quelqu’un – ou quelque chose de menaçant pour son équilibre psychologique –, vous allez avoir tendance à diminuer la charge de frayeur ou de peur que l’information peut contenir, explique Xavier Seron. Exemple : vous avez la responsabilité d’un jeune enfant et un attentat vient d’avoir lieu dans la ville. Vous ne lui direz pas qu’il n’y a aucun risque mais vous diminuerez probablement un peu l’importance du risque : vous tiendrez des propos rassurants en deçà de la vérité pour le protéger. » Utile donc, à condition de ne pas verser dans la surprotection toxique : le médecin qui refuse de dire la vérité à son patient car il pense que celui-ci ne sera pas capable de « l’encaisser » ou l’ami qui trouve tout ce que vous faites formidable parce qu’il craint que vous tombiez en dépression si vos erreurs vous explosent au visage.
Une parade contre les indésirables
« J’peux pas, j’ai piscine ! » Vous connaissez cette réplique rendue célèbre par les Guignols de l’info ? Chez certains individus, s’inventer des obligations et des empêchements – plus crédibles que la séance impromptue de natation si possible – est un sport quasi quotidien. Faites le compte : combien de fois les « embouteillages » sur la route vous ont-il permis de justifier un retard ou une absence ? Combien de « Je suis un peu patraque, je préfère rester à la maison » vous ont-ils sauvé de dîners rébarbatifs ? Des petites déformations du réel utiles pour aménager son emploi du temps et repousser poliment les propositions d’amis envahissants ou de prétendants trop entreprenants. Karl Aquino, professeur à la Sauder School of Business de Vancouver, démontre d’ailleurs que les nouvelles technologies (SMS, Facebook, etc.) nous encouragent à ce type de pratique, surtout lorsqu’on a peu de chance de se faire prendre : « Plus la technologie qu’on utilise pour communiquer est anonyme, plus on va avoir tendance à être moralement laxiste« , précise l’étude.
Un sas de protection
Une information vient de nous arriver : sympa (on va être grand-mère) ou stressante (notre mari a un pépin de santé). Peut-être aurons-nous besoin d’un temps pour nous, un temps d’introspection, histoire de digérer la nouvelle. Raconter des salades (même à notre amie la plus proche) permet alors de maîtriser le timing et de ne pas brusquer nos émotions. « On peut parler ici de mensonges par omission qui s’apparentent à de la discrétion ou de la politesse », remarque Claudine Biland. Une manière de temporiser. Sans conséquence là encore, à moins d’approcher un peu trop près la ligne rouge : une utilisation systématique de l’affabulation mesurée, qui finirait par nous éloigner des autres (« Elle dit toujours que tout va bien », « Il ne veut jamais se dévoiler… »). « Même si les petits mensonges sont inévitables, il y a aussi beaucoup de situations dans lesquelles on peut malgré tout apprendre à dire aux gens gentiment ce que l’on pense », remarque Xavier Seron. C’est vrai ça…
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