« Il n’y a aucun doute : le fluor minéral ou organique incorporé aux dentifrices est un allié indispensable à la santé des dents« , assure le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole de l’Union Française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD).

Il agit à différents niveaux. Le fluor possède un effet antiseptique qui réduit le nombre de bactéries cariogènes en bouche. Et « il renforce également l’émail dentaire en se combinant aux cristaux d’hydroxyapatite, ce qui rend la coque des dents plus résistantes aux attaques acides, poursuit l’expert. Des études scientifiques récentes ont en outre prouvé que le fluor parvient même à inverser le processus carieux en reminéralisant les surfaces lésées, au premier stade de la carie. »

Des confusions à l’origine de la polémique

Les messages anti-fluor qui se répandent sur Internet remettent en cause son innocuité. « Beaucoup résultent de la confusion entre les ions fluor des dentifrices et le gaz fluor qui peut avoir des effets neurotoxiques ». Cet argument était déjà utilisé dans les années 1950 aux États-Unis, lorsque les autorités ont fluoré les eaux de distribution.

D’autres s’appuient sur les risques possibles de fluoroses dentaire ou osseuse en cas de surdosage. Or « ceux-ci sont quasiment inexistants suite à l’utilisation de dentifrices », assure le Dr Lequart. On rencontre beaucoup de fluorose dentaire dans des pays comme la Tunisie où l’eau et l’air sont très chargés en fluor en raison de l’exploitation minière.

« Les taches blanches visibles aujourd’hui sur les incisives et les molaires de près de 20% des enfants français n’ont rien à voir avec le fluor. On pense qu’elles sont générées par l’exposition à des perturbateurs endocriniens », souligne le Dr Lequart. Quant à la fluorose osseuse, elle provient de l’exposition professionnelle au fluor dans certains secteurs industriels, et non de l’usage de dentifrices.

Beaucoup de dentifrices désormais inadaptés

Avec la mode du do it yourself, les chirurgiens-dentistes redoutent la recrudescence des caries. Les parents pensent bien faire en évitant les produits industriels, mais ce nouvel engouement pour le fait-maison exclut généralement l’ajout de fluor. Pire : « les argiles employées pour confectionner des dentifrices home-made ne sont jamais purifiés totalement, observe le Dr Lequart. Ils peuvent donc receler des métaux lourds nuisibles à la santé. »

De même, les adeptes du tout bio n’achètent pas toujours des dentifrices adaptés puisque les dentifrices vendus en magasins bio ne contiennent généralement pas de fluor, ce qui peut poser problèmes à nombre d’enfants et d’adultes. Il existe pourtant des pâtes d’hygiène dentaire bio au fluor, mais celles-ci ne sont commercialisées qu’en pharmacie et en grande et moyenne surface.

Dentifrice fluoré ou non ?

« L’utilisation d’un dentifrice fluoré est recommandé pour tous, dès le plus jeune âge, indique le Dr Lequart, car il a été démontré que l’apport de fluor le plus efficace est au contact même de la dent ». C’est pourquoi on ne prescrit plus de gouttes de fluor aux petits, sauf en cas de risque carieux très élevé.

L’UFSBD recommande l’usage d’un dentifrice à 1000 ppm – parties par million – de fluor de 6 mois à 6 ans. Il faut donc être vigilant car la plupart des marques ne proposent que des produits enfants ne contenant que 500 ppm de fluor. Chez les tous petits, on tapote simplement les poils de la brosse sur le tube pour prélever une trace de dentifrice, mais entre un à deux ans, on peut déjà déposer l’équivalent d’un grain de riz de pâte sur la brosse à dents. Et entre 3 et 6 ans, l’équivalent d’une noisette de dentifrice est la bienvenue.

À partir de 6 ans et chez l’adulte, on peut passer à un dosage supérieur : un dentifrice à 1450 ppm de fluor appliqué sur toute la surface des poils de la brosse.

Les personnes de plus de 15 ans à risque carieux élevé (port d’appareil orthodontique, sécheresse buccale…) peuvent quant à elles opter pour des dentifrices encore plus dosés en fluor : jusqu’à 5000 ppm. Étant considérés comme des médicaments, ceux-ci ne sont vendus qu’en pharmacie, sur conseil du médecin ou du dentiste. 

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