franceinfo : No Gods, no Masters c’est-à-dire « Ni dieux, ni maîtres », cela signifie que le groupe Garbage est indomptable ?

Shirley du groupe Garbage : Sûrement un petit peu et c’est surtout un manifeste qui dit que chaque personne devrait être traitée de la même manière.

Il y a une chanson qui est très forte dans cet album Waiting for God, une « protest song » tout simplement contre le racisme, devenu un hymne du mouvement Black lives matter. C’était important pour vous de participer à cette avancée ?

Oui, je pensais que c’était vraiment important pour moi d’apporter mon soutien vocal au moins au mouvement Black lives matter, dans lequel je crois énormément. Je suis très choquée par la manière dont les choses se passent encore aujourd’hui aux Etats-Unis, par le combat que doivent encore mener les minorités aujourd’hui.

Je pense que c’est notre devoir, en tant que Blancs, de lutter auprès des minorités.

à franceinfo

Il y a beaucoup de passion dans cet album. C’est un mélange de couleurs, de cultures, de styles aussi.

J’adore cette description. Oui, j’aime penser à notre musique de cette manière. J’adore qu’on utilise différentes idées qui viennent de différents endroits. On est toujours très excités d’utiliser différentes approches et de tirer les fils qui viennent de plein de références différentes et de cultures différentes pour arriver à un résultat unique au final.

Vous parlez aussi de vos fêlures et c’est en ça que cet album est très fort. Vous parlez des moments difficiles, des moments de doute avec The Creeps par exemple. C’était important aussi d’envoyer un message fort en disant qu’il faut toujours croire en ses rêves, toujours s’accrocher ?

C’était important pour moi. Je crois que tout le monde passe par des moments très compliqués où on pense que ça y est, qu’on est au fond du trou et qu’on ne s’en sortira jamais. Puis on finit toujours par y arriver, je crois et c’est ce que j’ai essayé de transmettre comme message dans cette chanson.

A vos débuts, vous étiez très peu nombreuses à être à la tête de groupes. Ces paroles féministes dans cet album avec Godhead et A Woman Destroyed sont très importantes pour vous parce que ça vous colle à la peau, ça vous tient à cœur ?

On est désespérés de voir ce qui se passe et j’espère vraiment très fort que la génération d’après n’aura pas à endurer ces sévices et ces inégalités.

L’explosion du mouvement #MeToo a rappelé à beaucoup de personnes, et notamment aux femmes qui pouvaient avoir une certaine tribune, qu’il était important de se lever et de parler de ces inégalités hommes-femmes qui existent toujours, de ces violences qui augmentent.

à franceinfo

Quelles étaient vos envies quand vous êtes arrivée à la tête de ce groupe Garbage en 1993 ? Ce devait être un groupe très éphémère et finalement, vous êtes encore là aujourd’hui.

Avec les membres de Garbage, on s’est mis ensemble pour faire seulement quelques chansons. Aujourd’hui, ça fait 25 ans et on continue. Ça a vraiment été un voyage extraordinaire.C’est un petit peu bizarre effectivement. Mais je vous jure qu’il n’y a jamais eu aucune intention de départ, d’aucun membre du groupe. En fait, on improvise au fur et à mesure. Ça devait être éphémère. Et puis, même si c’est dur à croire aujourd’hui, on est encore ensemble. C’est un projet après l’autre. Le jour où on se séparera, on se séparera, mais pour l’instant on est toujours ensemble.

C’est parce que vous êtes très facile à vivre ?

Absolument !

Il y a une chanson qui parle de toute la difficulté de trouver sa place. C’est valable pour tous les membres du groupe. Avez-vous le sentiment aujourd’hui de l’avoir trouvée ?

C’est assez drôle. Je n’ai jamais véritablement fait partie intégrante de la formation, tout simplement parce que même si je suis la chanteuse principale et une partie intégrante du groupe, je suis une femme, les autres sont des hommes. Je suis plus jeune que les autres, mais d’une manière ou d’une autre, on a quand même tous grandi ensemble. Pour le meilleur ou pour le pire, on est Garbage et on est toujours tous ensemble, très fiers du chemin parcouru et du travail qu’on fournit aujourd’hui encore.

Je suis une espèce de marginale permanente à l’intérieur de Garbage

à franceinfo

Pour terminer, heureuse de remonter sur scène ?

C’est ce que j’aime le plus au monde, d’être connectée avec un public en live sur scène. Mais bon, après, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. La situation est encore très incertaine, même si normalement, dans les semaines qui arrivent très rapidement, on devrait repartir sur les routes notamment avec Alanis Morissette pour une tournée partagée.

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