Au Canada, avec un chien, un alpaga ou un lapin, une zoothérapeute peut s’intégrer dans le parcours de soins.

Les séances de caresses au poney club ou à l’Ehpad, vous connaissez ? En France, c’est ce qu’on appelle la médiation animale et les séances sont réalisées par des spécialistes formés. Au Canada, la pratique va plus loin, on parle alors de zoothérapie, elle est intégrée au parcours de soins, au-delà de la notion de bien-être. À l’occasion de son passage en Europe pour former des équipes, la zoothérapeute québécoise Audrey Desrosiers a répondu à nos questions.

France Dimanche : Comment travaillez-vous ?

Audrey Desrosiers : Je me concentre sur des points précis, en accord avec les médecins, les ergothérapeutes ou les kinés. Une dame qui a besoin de marcher aura peut-être plus d’envie de faire le tour du tapis en menant le chien en laisse ou bien aura plus de plaisir à déambuler avec un lapin dans un porte-bébé.

FD : Comment les séances permettent-elles d’agir sur l’autonomie ?

AD : Je peux travailler sur la façon de faire sa toilette, par exemple, en m’appuyant sur des images à remettre dans l’ordre pour réaliser celle d’un animal. Une fois, un monsieur qui ne voulait plus se laver a accepté de le faire après avoir baigné le chien qui était plein de boue.

FD : Comment savez-vous quel animal emmener à chaque intervention ?

AD : Tout dépend de ce que je vais faire, je connais bien mes animaux. Je vois aussi s’ils ont envie et je respecte leur choix quand ce n’est pas le cas. Parfois, le lapin s’accroche aux barreaux et crie pour que je l’emmène ; d’autres fois, il reste au fond de sa cage.

FD : Ressentent-ils vraiment nos émotions ?

AD : Oui, ils sentent ce que le patient ne dit pas. Si celui-ci dit que tout va bien, alors qu’au fond il en proie à de l’agitation, le lapin n’arrive pas à se poser non plus et je comprends qu’il se passe quelque chose.

FD : Comment peuvent-ils nous apaiser ?

AD : Par exemple, beaucoup de personnes avec des douleurs ne respirent pas bien. C’est cocasse mais je leur explique que les animaux peuvent nous apprendre comment faire, ce qui leur donne envie. Je pose le lapin sur leur ventre et ils le regardent monter et descendre au rythme de la respiration et s’apaisent. Pareil avec un chat qui ronronne. On peut d’ailleurs faire la même chose chez soi.

Le saviez-vous ? Caresser un animal fait baisser la tension artérielle et réduit de 23 % les risques de succomber à un problème cardiaque.

Pour aller plus loin

Au bout du museau, la révolution zoothérapeutique, d’Audrey Desrosiers, éd. de l’Homme, 19,90 €

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Julie BOUCHER

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