Sur les images, une jeune femme danse et s’abandonne dans la musique sur la piste. Dans la foulée, des témoignages dénoncent des « colleurs, des frotteurs« , tous ceux qui empêchent de passer une soirée sereine. Ainsi commence La Nuit venue, on y verra plus clair, série documentaire autour de la place des femmes dans les musiques électroniques, collaboration entre le média Le Bruit de Fond, Act Right et le collectif Provocative Women For Music (PWFM).

Le réalisateur Rayane Malki explique avoir « voulu laisser ces paroles brutes, à nu, l’idée étant d’arriver à un stade où plus personne ne pourra dire ‘je ne savais pas‘ ». Les images seront projetées cette semaine au MaMA Festival, grand événement de l’industrie musicale à Paris, réunissant quelque 6 000 professionnels, des concerts et des conférences. Parmi les thèmes qui y seront abordés : la parité, le sexisme et la visibilité des femmes dans la musique. Un sujet qui a été largement médiatisé il y a un an avec le mot-dièse #MusicToo. 

De « non-sujet » à vrai sujet

Aujourd’hui, un an après, plus personne dans l’industrie musicale ne parle de « non-sujet » à propos des violences sexistes et sexuelles. Emily Gonneau est la créatrice du hashtag #MusicToo. Elle a témoigné en novembre 2019, puis a monté la plateforme Change de Disque il y a un an.

« On n’est pas là pour réinventer l’eau chaude mais pour se dire comment on articule tout ce qui se passe sur ce sujet pour aller plus loin, c’est-à-dire l’étape d’après. »

Avec Music Too France, Diva Infos ou Band She, elles mènent un travail de visibilité et d’accompagnement. Et sur le terrain les témoignages ne manquent pas. Bénédicte Froidure travaille depuis vingt ans dans la musique, dont la moitié à la tête d’une salle de musiques actuelles en région parisienne : « Elles ont permis l’expression des problématiques, elles ont permis aux femmes de se retrouver, discuter, créer des solidarités« . Et pour elle, dans cette année écoulée, la nouvelle génération a montré la voie en levant le poing.

Le long et délicat combat de la parité

Partie visible de l’iceberg en matière d’inégalité, les affiches de festivals. En 2019, selon une étude présentée par le Centre national de la Musique, il y avait seulement 14% de femmes programmées. « Qui façonne la norme, et peut-on l’interroger cette norme, demande Emily Gonneau. C’est une question de volonté individuelle. Si jamais on le souhaite on se rend compte qu’il y a une offre incroyable. On ne va pas se retrancher derrière l’idée que ‘je n’en ai pas vu des femmes donc il n’y en a pas' ». Marion Delpech, créatrice des soirées et du collectif PWFM, fait partie de celles qui réclament l’instauration de quotas.

« Mettre en avant des femmes, ça donne de la visibilité et ça pousse de jeunes femmes à se lancer en se disant ‘moi aussi je peux le faire’. »

Et en attendant une industrie musicale plus inclusive, égalitaire, moins sexiste, « au moins la peur a changé de camp, cette année a au moins produit ça », selon Bénédicte Froidure. Aujourd’hui, le Centre national de la Musique conditionne ses aides au suivi d’une formation spécifique. Un début d’étape d’après, pour une pleine prise de conscience.

La lutte contre le sexisme dans le monde de la musique : reportage de Yann Bertrandécouter

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