À l’approche des élections municipales, une étude inédite dévoile les ressorts du vote des jeunes femmes de 18 à 35 ans. Un électorat sur lequel il faut compter, détaille Léonore de Roquefeuil, CEO de Voxe, newsletter dédiée aux jeunes actives.
Les élections municipales approchent à grand pas. Si certains savent déjà quel bulletin glisser dans l’urne, d’autres hésitent encore à faire le déplacement jusqu’au bureau de vote. Dans ce contexte, Voxe, newsletter dédiée aux jeunes actives, et le site Tapage viennent de dévoiler leur grande enquête (1) sur le rapport des femmes de 18 à 35 ans aux élections. L’objectif ? Prendre le pouls de cette population féminine, jeune, urbaine et plutôt éduquée. CEO et cofondatrice de Voxe, Léonore de Roquefeuil décrypte les premières conclusions de ce sondage inédit.
Madame Figaro. – Alors que l’intérêt de la nouvelle génération envers la politique est de moins en moins fort, comment les jeunes femmes perçoivent-elles les élections municipales ?
Léonore de Roquefeuil. – Ce qu’on observe, c’est que le sujet les préoccupe. Les jeunes femmes s’intéressent à la politique et davantage que le reste de la population. 77% d’entre elles comptent aller voter, c’est une proportion plutôt élevée. Quand on regarde dans le détail, on voit que la plupart des jeunes femmes sont indécises par rapport au programme qu’elles soutiendront dans les urnes : seulement 36% savent pour qui elles iront voter les 15 et 22 mars.
Cela signifie-t-il qu’elles sont plus politisées que leurs homologues masculins ?
En réalité, on ne peut pas vraiment l’affirmer. Lorsqu’on prend en compte la population dans son ensemble, le vote des hommes et celui des femmes sont quasi-similaires. En revanche, il existe ce que l’on appelle un gender gap : la culture politique est plus forte chez les jeunes hommes que les jeunes femmes. Beaucoup de mécanismes insidieux sont responsables de cela. Entre autres parce que les femmes sont entrées dans la vie politique tardivement.
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Ces jeunes électrices adhèrent-elles au programme d’un parti politique en particulier ?
Près d’une jeune femme sur cinq ne se reconnaît dans aucune sensibilité politique. Une sur trois (33%) se déclare de gauche et un quart (23%) écologistes. Ce positionnement progressiste se distingue du vote des jeunes au global, situé plus à droite.
Et les thèmes qui leur sont chers ?
En numéro un, on retrouve le climat. Il arrive devant les violences faites aux femmes et l’égalité femmes-hommes. 75% réclament que l’environnement et la lutte contre la pollution fassent partie des priorités de la future équipe municipale (contre 36% pour le reste de la population) mais ce n’est pas une grosse surprise. Cela fait écho au phénomène observé lors des dernières élections européennes. La jeune génération avait alors massivement glissé un bulletin écolo dans l’urne. En revanche, la sécurité, le développement économique local, la propreté ou la circulation leur paraissent moins essentiels qu’à leurs aînés.
Faites-vous un lien entre le niveau d’études et le vote ?
Plus on est éduqué, plus il est probable qu’on se rende au bureau de vote. De la même manière, on s’aperçoit qu’il y a une corrélation entre le temps passé sur les réseaux sociaux et le fait d’aller voter, sans pour autant pouvoir dire qu’il ya un lien entre l’un et l’autre. En tous les cas, nos résultats montrent que plus les sondées passent de temps sur les réseaux sociaux, plus elles ont de probabilité d’être réfractaires ou détachées de la politique. A contrario, celles qui votent le plus passent moins de temps sur les réseaux sociaux et ont des sources d’information plus diverses. Elles se documentent davantage via les médias traditionnels.
Si les jeunes femmes s’intéressent à la politique, vous constatez tout de même un déficit de la connaissance des élus…
C’est un résultat à la fois inquiétant mais intéressant que l’on peut tirer de notre étude. En effet, une grande majorité des sondées méconnaissent leurs élus locaux. Elles sont 83% à ignorer le nom de leur sénateur par exemple, alors qu’elles connaissent bien leur maire et les actions qu’il met en œuvre. C’est très révélateur de notre système politique.
Finalement, est-ce que voter est toujours une marque de l’émancipation des femmes ?
On ne peut pas dire qu’elles vont voter pour se sentir libres. Mais ce qui est certain, c’est que les femmes ont envie de voter. Leur niveau de responsabilisation est important et aller voter s’avère un devoir pour beaucoup. Qui plus est, quand on compare à la moyenne nationale, les jeunes femmes sont plus nombreuses à être prêtes à s’engager en politique. 19% des répondantes aimeraient, un jour, être maires de leur ville et pour près d’une sur deux, la première qualité d’un bon maire est d’inclure les citoyens.
(1) Enquête menée par le cabinet d’études Occurrence pour Voxe/Tapage en février 2020, auprès de 5000 répondantes, âgées de 18 à 35 ans.
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