Pour tenter de défendre son mari, Carole Ghosn est allée contre vents et marées. Pour garder la tête hors de l’eau, Carlos n’a pensé qu’à son épouse. Portrait d’un «jeune» couple au cœur de la tourmente, plus soudé que jamais.

Quand elle a rencontré Carlos, il lui a promis «une vie excitante». Il lui a depuis demandé pardon. «Il ne pensait pas à ce genre d’aventure !», s’exclamait Carole Ghosn au JDD, en avril 2019, quelques jours après la deuxième arrestation de son mari. La grande vie, ils l’ont vécue pendant sept ans. Depuis leur rencontre à New York, en 2013, jusqu’à ce 19 novembre 2018, où l’homme d’affaires est arrêté à Tokyo, à la sortie de son jet privé. Carole et Carlos, le couple fusionne jusque dans les prénoms. «Ils ont un vrai besoin l’un de l’autre, ils se lâchent d’ailleurs rarement la main», décrit Anne Méaux, fondatrice de l’agence Image 7 et communicante des Ghosn depuis fin 2018.

Coup de foudre à New York

Carlos Ghosn et sa femme Carole, quelques mois après leur rencontre, au gala du Trophée des Arts, le 15 novembre 2013 à New York.

C’est lors d’un gala de charité que le grand patron de 59 ans et l’élégante Libanaise de 47 ans se croisent pour la première fois. Carole – née Nahas – est divorcée du banquier Marwan Marshi, avec qui elle a intégré la haute société new-yorkaise. «C’est une belle femme, naturelle, le genre qui n’est pas passée par la chirurgie esthétique», la décrit Anne Méaux. Carlos Ghosn est, lui, un homme marié, depuis vingt-huit ans avec Rita Kordahi, la mère de ses quatre enfants. «Bonjour, je suis la cousine de Fabienne (l’épouse d’un ami de Carlos, NDLR), et j’aimerais vous connaître», se serait présentée Carole au cours de la soirée, rapporte une source à Libération. L’entrée en matière peut sembler faiblarde pour aborder un titan des patrons de l’automobile, mais «il a accepté», séduit, dit-on, par la gentille extravagance de cette mère de trois enfants. Rita ne tarde pas à découvrir leur liaison, poussant rapidement au divorce.

En vidéo, Carlos Ghosn : « Carole, c’est ma lionne »

Amoureux transis

Carols Ghosn et sa femme Carole montent les marches du festival de Cannes, le 26 mai 2017.

Les amants ne tardent pas à s’afficher publiquement, partageant leur temps entre leur pied-à-terre parisien de 500 m², leur penthouse de Rio et leur luxueuse villa de Beyrouth. Tenues de soirée et sourires de jeunots, ils sont immortalisés sur les tapis rouges de New York, Cannes et Rio où ils s’envolent ensemble pour les JO de 2016. Avec Carole, celui que l’on surnomme le «Cost Killer» dans la presse économique découvre volontiers les paillettes des soirées mondaines et des magazines people, mettant au passage un petit coup de frais à son (no-)look de businessman quinqua. Ils se marient discrètement en 2016, à la mairie du XVIe arrondissement de Paris ; mais fêtent en grande pompe les 50 ans de Carole au Grand Trianon du château de Versailles quelques mois plus tard. À l’époque, la prestation, obtenue en contrepartie d’un mécénat de Renault, fait grincer des dents, prédisant – déjà – un avenir plus sombre.

Le 19 novembre 2018, le PDG de Renault est arrêté par les autorités japonaises à Tokyo, accusé par Nissan d’avoir dissimulé une partie de ses revenus au fisc japonais. Libéré sous caution le 5 mars 2019, moyennant le paiement de 4 millions d’euros, il est de nouveau incarcéré le 4 avril, pour finalement s’évader le 29 décembre et atterrir le lendemain au Liban dans une mystérieuse malle. Treize mois entre les cabinets d’avocats et sa cellule de prison, durant lesquels Carole Ghosn s’est révélée une précieuse alliée dans son combat, frappant à toutes les portes pour sa défense, plaidant sa cause auprès de l’ONG Human Rights Watch, des Nations Unies, et même de Donald Trump, interpellant Emmanuel Marcon sur le silence assourdissant de l’Élysée. «She has guts», résume l’un de ses proches au Parisien – traduisez «elle en a», en (bon) français.

Insupportable séparation

Carlos et Carole Ghosn après la conférence de presse donnée à Beyrouth, le 8 janvier 2020.

Elle se sent pourtant humiliée à plusieurs reprises, racontant notamment au JDD l’épisode de la deuxième arrestation de son mari dans leur 50 m² tokyoïte : «On m’a fouillée plusieurs fois pendant la perquisition – j’étais en pyjama, je ne vois pas ce que j’aurais pu cacher ! Une femme m’a suivie jusque dans ma douche, jusqu’aux toilettes.» Mais, à jamais persuadée de l’innocence de son mari, elle a tenu pendant ce qu’elle a qualifié d’«interminable et cruelle séparation». «Elle a remué ciel et terre pour moi, elle n’a pas hésité à appeler tout le monde, l’encense son mari dans l’émission C à vous le 13 janvier, précisant que «ce n’est pas son style, elle qui est généralement très réservée. J’ai vu quelqu’un sortir de l’ancienne carapace.»

«C’est une femme courageuse que cette histoire a révélé à elle-même, rejoint la communicante Anne Méaux. Elle s’est battue parce qu’elle l’aime, elle n’était absolument pas prédisposée à faire des radios et des télés.» Elle n’était pas non plus préparée aux visites en prison, encore moins à la pression de la justice japonaise, qui l’accuse aujourd’hui d’avoir soudoyé certains témoins-clés. De son côté, pourtant, elle a toujours promis qu’elle tiendrait, «pour Carlos, pour être à ses côtés quand il sortir(ait)».

Nid d’amour à Beyrouth

Le jour de la grande évasion de Carlos, Carole n’est, jure-t-elle, au courant de rien. Quand il arrive à Beyrouth, le 30 décembre, elle y est aussi pour fêter Noël avec ses enfants. «Quelqu’un m’a appelée pour me dire : « J’ai une surprise pour toi ». C’était la plus belle de toute ma vie ! Nous nous sommes retrouvés dans l’appartement de mes parents, j’ai serré Carlos très fort dans mes bras, au moins cinq minutes avant de pouvoir sortir un son de ma bouche», raconte-t-elle depuis. Les premiers mots, c’est lui qui les lâche comme un nouveau mantra : «Tu es ma lionne». Il dira plus tard qu’il est «mort en novembre 2018 en voyant le visage du procureur», et «revenu à la vie» en voyant celui de son épouse à Beyrouth. Depuis leurs retrouvailles, le couple évite les photographes mais ne s’interdisent pas de recevoir leurs amis. «Ils sont toujours scotchés l’un à l’autre», nous confie Anne Méaux, rapportant cette phrase que lui a dite récemment Carole : «Il m’arrive de me réveiller en sursaut et de vérifier s’il est bien là à mes côtés».

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