On le sait, un cycle menstruel perturbé peut être le signe d’un problème de santé. Mais pas pour tout le temps, vient nuancer un nouveau rapport britannique.
Selon l’enquête, relayée par The Guardian, 36% des sportives de haut niveau ont en effet ignoré l’absence de leur règles, pensant qu’il s’agissait d’un phénomène normal ou d’une condition bénéfique pour leurs performances.
L’aménorrhée chez les sportives jugée « normale » par des médecins
Le rapport sur la santé des athlètes féminines a été mené par le projet RED-S et l’association Kyniska Advocacy, auprès de 769 athlètes britanniques de sexe féminin au sujet de leur cycle menstruel et de leur image corporelle.
Cette étude rapporte que 30% de ces sportives ont entendu un professionnel de santé leur affirmer que leur aménorrhée était « normale » en raison de leur niveau d’activité.
Ces résultats indiquent ainsi que les médecins généralistes et autres professionnels de santé « ne sont pas suffisamment informés des conséquences potentiellement graves pour la santé de règles irrégulières ou absentes », appuie le rapport.
« Je pensais que cela faisait juste partie de la vie d’athlète »
En dehors d’une grossesse, de la période qui précède la puberté ou de celle qui suit la ménopause, l’absence de règles peut être le symptôme de troubles importants, rappelle le Manuel MSD. Et ce, chez toutes les femmes. Cela peut être le signe d’un dysfonctionnement hormonal, de troubles génitaux, d’une thyroïde hyperactive ou encore de l’existence de différents syndromes, comme celui des ovaires polykystiques.
Le rapport britannique évoque surtout le déficit énergétique relatif dans le sport (RED-S), un état qui se caractérise par une faible disponibilité énergétique due à un déficit calorique. Un déséquilibre se créé alors entre l’énergie dépensée et l’énergie accumulée.
Le témoignage de Pippa Woolven, une ancienne championne d’athlétisme et cofondatrice du projet RED-S au Guardian, dénonce une non prise en charge des athlètes. Après avoir lutté contre la fatigue, les blessures et les baisses de moral au cours de sa carrière, les médecins lui ont toujours donné l’autorisation pour continuer à concourir. Elle a finalement été diagnostiquée du syndrome RED-S en 2017 et a pris sa retraite quatre ans plus tard.
« Mon médecin généraliste m’a dit qu’il était normal d’observer une absence de règles. J’avais tous les symptômes du RED-S, mais comme aucun d’entre eux n’était ‘si grave’, mes médecins et mon entraîneur m’ont laissé continuer. Je pensais que cela faisait juste partie de la vie d’athlète ».
Une absence de règles qui peut indiquer des troubles du comportement alimentaire
Le rapport met aussi en relief la perception qu’ont les athlètes féminines de leur corps. Il révèle en effet que 74% des personnes interrogées ont reconnu avoir « eu l’impression de ne pas ressembler à un athlète » et 50% ont déclaré avoir réduit leur alimentation pour améliorer leur performance.
Pourtant, une écrasante majorité d’entre elles (91%) ont reconnu s’être inquiétées de la quantité de calories qu’elles ingéraient. À savoir qu’un apport bien trop faible de nourriture provoque parfois, sur le long terme, des troubles alimentaires, puis la disparition des règles dans les cas extrêmes. « L’absence de règles au-delà de trois mois est essentiellement liée au fait que la réserve énergétique de l’athlète n’est pas suffisante pour assurer le cycle de la reproduction, avec la sécrétion des hormones par les ovaires », confirmait la gynécologue Carole Maître à Franceinfo.
La faute aussi aux remarques faites sur le corps des athlètes féminines, qui sont quatre fois plus susceptibles de restreindre leur apport alimentaire, précise l’étude.
Face à ces résultats alarmants, le rapport appelle à la création d’un réseau de soutien aux athlètes en matière de santé féminine, d’image corporelle, de troubles alimentaire et du syndrome RED-S. Mais aussi à la mise en place d’une formation obligatoire, centralisée et complète des entraîneurs sur la santé des femmes. Les médecins généralistes devraient, quant à eux, avoir les ressources nécessaires leur permettant de mieux comprendre les problèmes de santé spécifiques aux athlètes féminines, pour mieux les soigner.
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