Dès que la lumière s’éteint, c’est la panique. Il appelle, se relève et aimerait mieux prolonger la soirée sur le canapé du salon plutôt que dans son lit. Comment l’accompagner jusqu’à ce que cette peur disparaisse d’elle-même ?
De la simple appréhension à l’effroi, tous les enfants passent par la peur du noir. Même si certains l’expriment avec plus d’énergie que d’autres. A partir de 18 mois-2 ans, l’enfant réalise que, par ses actions, il peut contrôler son environnement. Or, dans le noir, il n’a plus aucune maîtrise. Le noir symbolise le vide, le néant, l’insaisissable. Le familier devient inconnu, les objets se déforment, les ombres deviennent angoissantes. » Dans les ténèbres extérieures, l’enfant est en proie à ses ténèbres intérieures « , note le psychanalyste Saverio Tomasella. La peur de la séparation, l’angoisse de la mort, une mauvaise expérience vécue dans la journée, toute sa vie intérieure resurgit. Certains enfants parlent plutôt de loup ou de monstres tapis sous leur lit. C’est une autre expression imagée de la peur du noir. Ces animaux imaginaires surgissent souvent quand le petit s’est fait gronder pour avoir tapé sa petite sœur ou qu’il a cherché à tester les limites. Toute l’énergie passée à retenir ses pulsions réapparaît la nuit sous la forme de créatures féroces.
Interroger son imaginaire
Un discours rationnel pour passer en revue les mille et une raisons de ne pas avoir peur du noir suscite peu d’échos chez le tout-petit. A cet âge-là, l’odeur, la chaleur, le contact rassurent plus que des mots. Avec une caresse sur les joues ou sur la tête, un gros câlin, l’enfant sent votre présence familière à ses côtés. Pas question de minimiser son angoisse. On peut accompagner cette peur au moment où elle apparaît. Par exemple, en regardant dans les placards à la lueur d’une lampe de poche : » Est-ce que tu vois quelque chose ? » On laisse l’enfant faire son propre cheminement par des questions. » Il est comment ton loup ? « , » Il a les yeux de quelle couleur ? « . » On peut aussi faire appel à son imagination « , conseille Saverio Tomasella. » Oh, dans le placard, je viens de voir un petit lapin qui va venir te consoler » ou « Loup, je te demande d’aller vivre dans la forêt, loin de la maison « . En se glissant dans l’imaginaire de l’enfant, chaque élément en amène un autre jusqu’à ce que la peur initiale n’ait plus d’importance. Aux parents d’inventer leur propre histoire, en fonction des goûts de l’enfant.
Veilleuse et histoires, les antidotes contre la peur du noir
Pour l’aider à apprivoiser cette obscurité, la veilleuse reste un classique efficace. La petite lumière atténue les ténèbres effrayantes. Un doudou musical rend aussi la chambre plus rassurante. Sans pour autant tomber dans la surenchère d’étoiles phosphorescentes et de guirlandes lumineuses. L’enfant a besoin d’un minimum d’obscurité pour secréter la mélatonine, l’hormone qui favorise l’endormissement. Les livres sont également des compagnons importants du sommeil. On aurait tort de penser que les histoires de monstres et de sorcières contribuent à accroître sa peur. Au contraire, bien au chaud sur les genoux de ses parents, l’enfant se sait bien protégé. Le valeureux chevalier terrassant le monstre, c’est aussi lui qui dompte sa propre agressivité. Le lendemain, on peut lui proposer de s’exprimer par le dessin, la pâte à modeler, le mime ou encore la danse. Un espace où il peut déverser ses peurs et les exprimer librement.
Apporter réconfort et légèreté
» Une peur ne signifie pas que l’enfant a un problème, explique Saverio Tomasella. C’est un phénomène qui dépasse l’enfant par rapport à ses capacités du moment. Il est important que l’adulte l’accueille avec légèreté pour éviter d’y ajouter quelque chose de dramatique. » On évite par exemple de lui dire: » Tu as peur du noir « . Cela reviendrait à lui coller une étiquette, comme si cela faisait partie de son identité. Attention aussi à ne pas anticiper sa peur, en fouillant par avance et bien scrupuleusement toute la chambre avant qu’il ne se couche. Attendons d’abord de voir s’il s’endort seul, avant de partir à la chasse aux monstres. La peur du noir disparaît progressivement aux alentours de 4 ou 5 ans. Même si certains enfants, plus grands, peuvent avoir du mal à se défaire de leur veilleuse, devenue partie intégrante de leur rituel du coucher.
A lire : Petites peurs ou grosses terreurs, de Saverio Tomasella, Leduc.s éditions, 18€
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