Beaucoup d’entre nous ressentent le besoin de consulter un psy. Que ce soit en présentiel, en visio ou par téléphone.

L’année dernière, Juliette, 52 ans, a frappé à la porte d’un psychothérapeute pour la première fois de sa vie : « J’étais en plein divorce, j’avais des conflits avec mon supérieur, et je vivais dans un stress permanent. Je pensais que le soutien sans faille de mes amis proches suffirait pour dépasser cette crise, mais ça n’a pas été le cas. Une amie médecin m’a parlé d’un psychothérapeute. Je ne suis pas loin de penser qu’il m’a évité de glisser dans une dépression très sévère. » Traumatismes psychiques, dépendance affective, anxiété dévorante, manque de confiance en soi… les raisons de consulter un psy sont nombreuses. Les chiffres, eux, sont éloquents : les troubles psychiques et la maladie mentale concernent près d’un cinquième de la population française.

Avec son lot de peurs, d’incertitudes et de changements stressants, la crise du Covid a révélé certains troubles psychiques (anxiété, dépression…) ou les a aggravés. Cependant un point positif ressort : la parole sur la santé mentale semble aujourd’hui plus libre. Il n’est pas rare qu’un chanteur ou une actrice évoque, l’un sa dépendance à l’alcool, l’autre ses traumatismes d’enfance.

La santé mentale n’est-elle plus taboue ? « Hélas, nous n’en sommes pas là », commente Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste, psychothérapeute et auteur de Guérir de ses angoisses avec la thérapie par téléphone (éd. Odile Jacob). « Certains de mes patients disent encore à leurs amis qu’ils ont rendez- vous chez leur kiné  quand ils ont une séance avec moi… » Avec ses limitations des déplacements, la crise du Covid a mis en exergue un cadre spécifique : celui de la visio-consultation. De nombreuses applis ont aussi vu le jour. Faisant le bonheur de tous ceux qui vivent dans un désert médical. Irène, 40 ans, se remet difficilement de la mort de son père : « Le fait d’avoir un écran entre mon psy et moi ne me gêne pas du tout, cela me permet de me confier plus facilement. Je n’ai plus à prendre le volant et j’échappe au stress des embouteillages. C’est un gain de temps. » Jessica, 60 ans, souffre quant à elle  d’agoraphobie. Elle ne parvient quasiment plus à sortir de chez elle : « J’ai contacté une psy qui a accepté que ma psychothérapie ait lieu par téléphone. Je me sens en sécurité. Je fais des progrès : il y a quelques semaines, j’ai pu aller jusqu’à la pharmacie. J’étais fière de moi ! » « Pour certains troubles psychiques, comme l’agoraphobie ou la phobie sociale, qui isolent les gens socialement, la thérapie par téléphone est idéale », ajoute Rodolphe Oppenheimer. Mais l’absence “corporelle” du thérapeute n’est-elle pas problématique ? « Pour certaines personnes, c’est au contraire un avantage, car elles ne sont plus confrontées à son regard, ce qui est moins pesant pour elles. Le téléphone installe une distance, tout en préservant, dans le même temps, la présence immédiate de l’autre, en tant qu’être humain », analyse le psychothérapeute.

Choisir sa psychothérapie

Il existe plus de 400 méthodes ! Parmi les grands courants, figurent les thérapies analytiques et cognitivo-comportementales. Les premières visent à sonder l’inconscient en profondeur. Les secondes permettent de modifier ses comportements, pensées, émotions à l’aide d’exercices. Pas facile de choisir si l’on est totalement néophyte ! Pour vous informer, procurez-vous certains ouvrages, regardez des documentaires et écoutez des podcasts. Soyez rassuré : quelle que soit la méthode choisie, c’est la qualité de la relation entre le thérapeute et son patient qui importe !

Mon Soutien Psy

D’abord appelé Mon Parcours Psy, ce protocole mis en place par le ministère de la Santé en 2022 permet à chacun de bénéficier de huit séances avec un(e) psychologue, séances remboursées par l’Assurance- maladie et les mutuelles complémentaires santé. À noter que ce dispositif est dédié aux personnes souffrant de troubles psychiques légers à modérés. Il ne convient pas à celles dont l’état relève de l’urgence psychiatrique ni à celles présentant un risque suicidaire. Comment procéder ? D’abord, prenez rendez-vous avec un médecin (généraliste, gynécologue…) qui analyse si votre demande est bien adaptée à ce parcours. Il rédige une lettre d’adressage, que vous transmettez à un psychologue officiant dans votre région. Pour effectuer votre choix, vous disposez d’un annuaire de praticiens sur le site monsoutienpsy.sante.gouv.fr. La première séance doit avoir lieu impérativement en présentiel. Ce parcours est aussi proposé (avec autorisation parentale) aux enfants de plus de 3 ans et aux adolescents.

Thérapies en visio et par téléphone : les limites

Certaines méthodes, comme l’hypnose, la relaxation ou encore la thérapie par exposition à la réalité virtuelle nécessitent des consultations en présentiel.

ÉGLANTINE GRIGIS

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