• Amazon Prime Video met en ligne ce vendredi 30 septembre Miskina, la pauvre, une série de huit épisodes de 30 minutes.
  • La série, qui oscille entre rires et larmes, raconte l’histoire de Fara, une jeune femme d’origine algérienne, qui navigue comme elle peut à travers les écueils du quotidien.
  • Miskina, la pauvre est le bébé de Melha Bedia, qui l’a coécrite, la coréalise et interprète le rôle principal.

Avant toute chose, faisons un petit point étymologique : miskine, ou miskina, au féminin vient du mot arabe miskīn, qui signifie pauvre. Dans l’argot des plus jeunes, c’est devenu une personne un peu pathétique, qu’on plaint. Amazon Prime Video met en ligne ce vendredi 30 septembre la série Miskina, la pauvre, une série de huit épisodes de 30 minutes.

La « miskina » de la série, c’est Fara (Melha Bedia), 30 ans, d’origine algérienne. La vie de la jeune femme, ce sont des amis, certes, mais aussi un amour foireux – elle craque en secret depuis des années sur son meilleur ami (Hakim Jemili), qui semble lui préférer sa cousine – , et surtout pas mal d’emmerdes.

Sans emploi, elle vit avec sa mère et sa grand-mère et entretient des rapports parfois compliqués avec sa sœur (Shirine Boutella, vue notamment dans Lupin), qui se marie dans le premier épisode avec un non-musulman (Victor Belmondo). Le genre de fille qui veut faire plaisir à tout le monde, et pour qui la réciproque n’est pas souvent vraie.

Une série familiale

C’est un retour sur Amazon Prime Video pour Melha Bedia, qui tenait le rôle principal dans le film Forte, réalisé par Katia Lewkowicz et sorti en 2020. Elle raconte la genèse du projet : « Avec Margaux Marciano [la co-productice de Miskina], ma complice de toujours, on avait déjà travaillé pour Amazon sur Forte, ça avait très bien marché, parce que les gens étaient confinés aussi. On avait cette envie commune de retravailler ensemble sur une série. Parce qu’avec une série on a plus de temps pour développer les personnages, une histoire. Du coup nous nous sommes donné ce challenge-là. »

Miskina, la pauvre est vraiment le bébé de la comédienne-humoriste, petite sœur du comédien Ramzy Bedia. En plus de jouer dedans, la jeune femme co-signe le scénario et la co-réalise, avec Anthony Marciano. Quand on l’interroge sur ce qu’elle voulait raconter, l’artiste répond qu’il s’agit avant tout d’une série familiale : « On avait envie de montrer cette famille, qui est singulière, mais qui ressemble à toutes les autres familles aussi, qui est hyper fédératrice. On n’a pas l’habitude de voir une famille de trois femmes de trois générations différentes, et il y a plein de trucs qu’on n’a pas l’habitude de raconter. » Et pour elle, tout le monde peut s’y reconnaître. « Au début on pourrait se dire c’est une famille issue de l’immigration, en plus de confession musulmane, mais française. Et en fait non ! Quand on a commencé à écrire avec les autres scénaristes on s’est dit  « on a tous la même famille, la même grand-mère. » »

Inspirée par la série américaine RamyInspirée par la série américaine Ramy

Il n’en reste pas moins que la série offre une visibilité aussi rare que bienvenue à une famille musulmane, en évitant les clichés habituels du genre. Melha Badia revendique d’ailleurs s’être inspirée de l’excellente série américaine Ramy (diffusée en France sur le service Starzplay), créée par Ramy Youssef, et qui raconte la vie d’un homme musulman installé dans une ville du New Jersey : « Je l’ai vue pendant le confinement. Ça m’a donné envie d’écrire une série. En voyant ça, je me suis dit « c’est possible de parler de ces sujets qui me touchent depuis que je suis petite. » Je n’avais jamais vu ça à l’écran, honnêtement. Je n’avais jamais vu des familles qui me ressemblaient. »

Si la série sonne aussi juste, c’est peut-être parce que Melha Bedia s’est en partie inspirée de ses propres expériences : « J’ai un truc un peu égoïste. J’ai pour habitude, comme je n’ai pas trop confiance en moi, de me dire « je vais mettre un maximum de trucs qui me sont arrivés comme ça si je les loupe au moins ça sera sincère. » Il y a une part de fiction, mais il y a au moins 30 % de choses qui me sont arrivées. »

L’humour, oui mais l’émotion aussi

On rit beaucoup devant Miskina, la pauvre, mais la série fait aussi la part belle à l’émotion, grâce notamment à des séquences oniriques très réussies. Là encore, il faut y voir un reflet fidèle de sa créatrice, comme l’indique Xavier Lacaille, qui incarne Damien, et qui a aussi participé à l’écriture du scénario.

« La série est à l’image de Melha, on a beaucoup de vannes au début et quand on creuse un peu, il y en a moins, il y a quelque chose de plus fort et de plus dramatique dans tous les sens du terme. C’était important de commencer avec générosité et à un endroit que les gens connaissent de Melha, et ne pas faire un Tchao Pantin [le film de 1983 où Coluche tenait un rôle dramatique] grossier. De fait, on est obligé d’aller dans du drame et des arcs dramatiques, sinon on trahit à la fois nos envies et on trahirait ce qu’est Melha au plus profond d’elle-même. »

Mais la vie et les galères de Fara, finalement, ne sont-elles pas un peu celles de tout le monde ? « On est tous et toutes des Miskine et des Miskina, en vrai, conclut Melha Bedia. Il n’y a personne qui brille tous les jours. Ça n’existe pas, à part Beyoncé. »

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