La première tribune de #MeTooPolitique a été publiée dans Le Monde, ce lundi 15 novembre. Des dizaines de témoignages ont ensuite afflué sur les réseaux sociaux.
Ce nouveau chapitre de #MeToo est important. Il arrive cinq mois avant l’élection présidentielle, alors que trois candidats sont accusés d’agressions sexuelles par plusieurs femmes : Eric Zemmour, François Asselineau (UPR) et Jean Lassalle (Résistons !). Le mouvement demande aussi des comptes à Emmanuel Macron, qui avait érigé la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en « grande cause du quinquennat ».
Une tribune pour lancer #MeTooPolitique
Députées, sénatrices, collaboratrices, universitaires… Elles sont près de 300, essentiellement de gauche, dont la députée EELV Karima Delli, la vice-présidente PS du Sénat Laurence Rossignol, ou encore la députée LFI Danièle Obono, à signer cette tribune dans Le Monde. Intitulée « Il faut ‘écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes’ de la vie politique », elle lance officiellement le #MeTooPolitique, attendu depuis plusieurs années.
Elles demandent « une réponse d’ampleur aux violences sexuelles et sexistes commises par nos représentants » et rappellent que les violences sexuelles concernent toutes les sphères du monde politique : « Au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur, pour violences conjugales, sont élus, malgré les discours affichés sur la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré nos alertes répétées. Qu’est devenue la grande cause du quinquennat ? »
Comme pour les précédents mouvements #MeToo, les signataires signalent l’omerta régnant dans le milieu politique : « Aujourd’hui, parmi les 577 députés, certains sont des auteurs de violences sexistes et sexuelles »
Aujourd’hui, parmi les 577 députés, certains sont des auteurs de violences sexistes et sexuelles.
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#MeTooPolitique, cinq mois avant l’élection présidentielle
Les signataires rappellent également que « trois candidats ou potentiellement candidats à l’Elysée sont déjà cités dans de nombreux témoignages d’agressions sexuelles ». « Cela ne les empêche pas, loin de là, de considérer qu’ils sont dignes d’occuper la magistrature suprême. C’est dire à quel point la condition des femmes et des victimes leur est indifférente », ajoutent-elles.
« Nous exhortons les appareils politiques à écouter les victimes et à faire œuvre de prévention. Combien d’élections faudra-t-il avant que les formations politiques prennent leurs responsabilités pour garantir une ambiance de travail sereine au sein du gouvernement et du Parlement, un fonctionnement apaisé de la démocratie et la protection des personnes victimes de violences ? », questionnent les signataires.
Si plusieurs femmes ont déjà accusé des personnalités politiques d’agressions sexuelles à la suite de l’élan lancé par l’affaire Baupin, la prise de conscience doit avoir lieu aujourd’hui, à l’aube d’un prochain scrutin.
Un site metoopolitique.fr a été lancé en parallèle, avant d’être piraté, comme le précisait l’élue EELV Alice Coffin, marquant selon elle « la volonté d’étouffer la parole féministe en politique ».
Les femmes politiques comptent faire de #metoopolitique un sujet de campagne et appellent aussi les élu.e.s à signer « en masse » l’engagement en trois points contre les violences sexistes et sexuelles avec l’objectif de « ne pas investir », « ne pas donner [son] parrainage » et « ne pas embaucher » une personne mise en cause.
Une pétition a été lancée dans la foulée par cinq des initiatrices de la tribune, réitérant les engagements.
Samedi 20 novembre se tiendra à Paris une grande manifestation organisée par le collectif féministe #NousToutes. Les signataires de la tribune #MeTooPolitique appellent à se joindre au rassemblement pour « dire stop aux violences sexistes et sexuelles ».
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#MeTooPolitique sur les réseaux sociaux
Dans la journée du 15 novembre, elles ont été des dizaines à dénoncer des tentatives d’agressions sexuelles ou des agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #MeTooPolitique.
« Une fois, un actuel candidat au présidentielles, m’a dit avec son accent du terroir qu’il avait bien regardé mes fesses, et qu’à n’en pas douté elles rentreraient dans une seule de ses mains », écrit l’une d’entre elles.
L’avocate Elodie Tuaillon-Hibon, spécialisée dans les cas de violences sexuelles, a également partagé son témoignage : « 1. Il y a un peu + de 20 ans, j’ai été victime d’une tentative d’agression sexuelle par un homme politique de gauche puissant qui avait prétexté vouloir me faire travailler sur un futur livre et entretenait une relation amicale avec moi #MeTooPolitique ».
« Soirée après une réunion politique. Je danse, un homme arrive derrière moi, passe sa main sous ma robe et viens toucher mon sexe. J’ai saisi la cellule d’écoute de son parti mais cela n’a pas suffi. Il occupe aujourd’hui un poste-clé dans la formation des élu.e.s. #MeTooPolitique », poursuit quant à elle Fiona Texeire, à l’initiative de la pétition.
Le gouvernement n’a pas encore réagi à #MeTooPolitique.
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