C’est une décision importante pour les victimes de violences sexistes et sexuelles. Mercredi 11 mai 2022, la Cour de cassation a confirmé la relaxe de la journaliste Sandra Muller, à l’origine du hashtag #BalanceTonPorc, mouvement de libération de la parole issu de #MeToo. Mais aussi de l’écrivaine Ariane Fornia. Elles étaient assignées en diffamation par les hommes qu’elles accusaient.
En octobre 2017 les deux femmes s’expriment publiquement et dénoncent avoir été victimes de harcèlement sexuel pour Sandra Muller et d’agressions sexuelles pour Ariane Fornia.
L’affaire qui a lancé le #Metoo à la française
Dans un tweet qui a été le point de départ d’un #MeToo à la française, notamment dans les médias, la première a accusé l’ancien patron de la chaîne Equidia, Éric Brion, de lui avoir envoyé un message à caractère sexuel : « Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit ».
Eric Brion a déposé plainte pour « diffamation » à l’encontre de la journaliste et a gagné le procès en première instance. Sandra Muller a fait appel et a été relaxée une première fois. Un jugement contesté par Eric Brion dans la foulée, qui s’est donc pourvu en cassation. Finalement, la Cour de cassation a clos l’affaire, en donnant raison à la décision de la Cour d’appel.
Pour la justice Sandra Mulle a ainsi « déduit, à bon droit, que les propos incriminés reposaient sur une base factuelle suffisante et demeuraient mesurés, de sorte que le bénéfice de la bonne foi devait être reconnu », cite Franceinfo.
La « bonne foi » d’Ariane Fornia finalement reconnue
La seconde, de son vrai nom Alexandra Besson, n’a pas nommé son agresseur lorsqu’elle a dit avoir été victime de plusieurs agressions sexuelles, dont l’une de la part « d’un ancien ministre de Mitterrand » en mars 2010, dans une tribune publiée sur son blog. La fille de l’ancien ministre Eric Besson expliquait avoir subi une agression alors qu’elle était à l’Opéra-Bastille, l’homme qu’elle met en cause remonte sa jupe plusieurs fois pendant la représentation, en silence, malgré ses refus.
Ce « vieux monsieur », elle précisera dès le lendemain dans un entretien à L’Express qu’il s’agissait en fait de Pierre Joxe, ancien membre du Conseil constitutionnel et ancien ministre de la Défense. Quelques jours plus tard le concerné porte plainte, lui aussi, pour « diffamation ».
Comme pour le dossier Eric Brion, la justice donne d’abord raison à Pierre Joxe, et condamne l’écrivaine le 22 janvier 2020, considérant un manque de preuves. Puis, l’ancien homme politique perd en appel, dans un arrêt publié le 14 avril de la même année. Une décision confirmée elle aussi par la Cour de cassation ce mercredi 11 mai, qui a reconnu la notion de « bonne foi » d’Ariane Fornia dans l’affaire.
Ce double verdict est particulièrement symbolique, puisque les attaques en diffamation sont un procédé courant dans le cadre des affaires d’hommes célèbres accusés de violences sexistes.
« J’espère que ce procès historique marquera un nouveau pas vers la prise de conscience de la souffrance des victimes dans toutes ses étapes judiciaires. Je souhaite que les femmes et les victimes en général soient entendues à tous les niveaux de leur procédure judiciaire et continent à garder espoir. (…) Cette décision est un immense soulagement et consacre mon combat ainsi que celui de toutes les femmes ayant eu le courage de s’exprimer », a réagi Sandra Muller dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux.
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