Sortie du registre de la science-fiction, elle gagne du terrain dans le domaine médical où elle simplifie les évaluations et les traitements.

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L’intelligence artificielle (IA) est née dans les années 50, avec cet objectif de créer des technologies pouvant exécuter des tâches humaines. Aujourd’hui, on oppose l’IA forte et l’IA faible : la première est utilisée pour concevoir des machines susceptibles de raisonner comme l’humain. La seconde pour concevoir des machines capables d’aider les humains dans leurs tâches. Dans le domaine de la santé, c’est cette seconde approche qui est privilégiée. Il y a encore cinq ans, l’arrivée de l’IA en médecine suscitait sarcasmes, doutes et fantasmes. Mais la période des balbutiements est dépassée. L’IA a franchi la porte des hôpitaux pour aider les médecins dans un grand nombre de disciplines.

L’intelligence artificielle améliore le diagnostic

L’intelligence artificielle en dermatologie

Une étude, réalisée par des chercheurs de l’université de Stanford (USA) et publiée dans la célèbre revue Nature montre que « l’IA fait mieux que l’homme pour le dépistage du mélanome. Après avoir enregistré des milliers de clichés de grains de beauté, les algorithmes ont été entraînés à faire la différence entre les normaux et les pathologiques. Avoir une application sur smartphone basée sur une IA sera peut-être la solution, dans l’avenir, pour surveiller ses grains de beauté« , estime le Pr Jean-Emmanuel Bibault, cancérologue, radiothérapeute à l’HEGP et chercheur dans une unité de recherches Inserm consacrée à l’IA.

L’intelligence artificielle en cancérologie

« Nous devons examiner tous les jours un nombre croissant de patientes. Et le risque, surtout en imagerie du sein, est de « rater » une lésion cancéreuse. L’IA est un outil précieux pour être plus performant dans nos diagnostics et particulièrement dans les moments où notre attention s’amenuise : fatigue visuelle devant les écrans, fatigue physique en fin de journée, perturbation de l’attention par des interventions du personnel ou des appels téléphoniques…« , précise le Dr Grégory Lenczner, radiologue à l’Institut du Sein Henri Hartmann. L’IA entoure ou met en évidence les zones suspectes. C’est ensuite l’échographie, l’IRM et la biopsie qui permettent de faire le diagnostic.

L’intelligence artificielle en ophtalmologie

Elle est utilisée pour le dépistage du glaucome et de la rétinopathie diabétique. En 2018, un dispositif d’IA pouvant identifier les maladies oculaires potentiellement cécitantes a été mis au point, et il présente un taux d’efficacité de 94 %.

L’intelligence artificielle en traumatologie

Elle permet de repérer, aux urgences, les fractures qui ne se voient pas au premier coup d’œil sur la radiographie.

L’intelligence artificielle fait gagner du temps au médecin

Des résultats en une minute

175.000 personnes, touchées par un cancer, sont traitées par radiothérapie chaque année en France. La première séance consiste à délimiter avec précision la zone à traiter. « Il s’agit du « contourage » de la tumeur : il faut déterminer le positionnement optimal des faisceaux de rayons X, de façon à délivrer la dose adéquate sur la tumeur, afin de protéger le plus possible les organes sains. A l’hôpital européen Georges Pompidou, l’algorithme IA de contourage automatique pour les cancers de la prostate donne un résultat en une minute alors que ce travail occupe habituellement un médecin pendant une demi-journée. Bien sûr, le résultat est vérifié par un clinicien« , explique le Pr Bibault.

Questionnaire du patient par un automate

Les robots médicaux, issus de l’IA, secondent le personnel en milieu hospitalier. « Par exemple, avant qu’un patient ne voit le médecin, un robot l’interroge et recueille les premières informations : âge, poids, antécédents médicaux… Au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, le robot médical présenté rédige le compte-rendu puis l’ordonnance après la consultation. Le médecin peut ensuite corriger, il y a donc une garantie humaine« , précise le Pr Guillaume Assié, endocrinologue à l’ Hôpital Cochin. Le plus : un gain de temps appréciable pour les praticiens mais aussi une relation médecin-patient améliorée puisque le médecin n’est plus devant son ordinateur, peut faire face au patient en permanence, et prend plus de temps pour répondre à ses questions ou le rassurer. Il existe déjà des machines de ce type dans certains hôpitaux en France et à l’étranger.

L’intelligence artificielle facilite la recherche médicale

Il faut une dizaine d’années et des millions de dollars avant qu’un médicament ou un vaccin ne soit mis sur le marché. Et dans le cas d’épidémies comme celle de la Covid 19, le besoin est urgent. « L’IA permet de réaliser des essais cliniques virtuels avec des algorithmes de modélisation 3D. Elle utilise aussi des jumeaux numériques pour une partie des essais cliniques. Tout cela accélère la recherche. D’ailleurs, BioeNTech et Pfizer ont revendiqué l’utilisation de l’IA dans la mise au point de leur vaccin contre le coronavirus« , souligne David Gruson, co-fondateur d’Ethyk-IA et directeur du programme santé de Luminess. Cette technologie permet donc d’accélérer toutes les étapes en rationalisant la recherche et le développement pharmaceutique.

L’intelligence artificielle peut-elle surpasser l’homme ?

Doit-on limiter les recherches de peur de voir la machine surpasser l’humain ?

Il ne faut pas décourager nos start-up et entreprises françaises. Car, à l’échelle mondiale, il y a moins de barrières éthiques et nous ne pouvons pas bloquer le progrès. Le risque de perte de contrôle de l’homme sur l’IA est contrecarré par la loi de bioéthique d’août 2021 et l’article 14 du règlement européen sur l’IA dans le domaine de la santé.

Comment protéger le secret médical et en même temps permettre le partage de milliers de données qui favorisent les avancées médicales ?

Les solutions technologiques (bulles informatiques sécurisées, traçage de toutes les actions, destruction des bases de données collectées une fois les analyses réalisées…) permettent de garantir en même temps l’exploitation et la confidentialité des données exploitées. En revanche, les informations données par les individus sur leur propre santé sur les réseaux sociaux ne sont pas protégées !

Merci au Pr Assié, endocrinologue à l’hôpital Cochin, à Paris.

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