- Trois principes pour sept doshas
- Attention aux caricatures
- Un bilan ayurvédique en plusieurs étapes
- Manger en phase avec notre nature profonde
- Les symptômes, nos meilleurs guides
Asana, pranayama, neti, chakras… en Occident, la déferlante yoga fait pétiller un florilège de mots sanskrits propres à l’ayurvéda.
Reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la médecine traditionnelle indienne se fonde sur des concepts subtils très éloignés de notre vision occidentale. Ainsi, selon la thérapie multi-millénaire, toute chose et tout être de l’univers se composent de cinq éléments. Ether (ou espace), Air, Feu, Eau et Terre sont présents dans des proportions diverses.
Autant de combinaisons qui font de nous des êtres uniques.
Trois principes pour sept doshas
« Les doshas sont les forces vitales qui orchestrent les flux de ces éléments dans nos corps ; ils fonctionnent un peu comme des gérants de notre métabolisme », explique Valentine Lodato, thérapeute ayurvédique.
« On distingue trois principes – Vata, Pitta et Kapha, qui sont présents simultanément en nous. Toutefois, notre constitution est marquée par la dominance d’un ou de plusieurs d’entre eux ».
Selon la fondatrice du centre de yoga et ayurvéda Sesam, à Lyon, cette dominance peut être simple (un principe unique régit le corps). On dit de la personne qu’elle est Vata, Pitta ou Kapha. Il est aussi possible d’avoir une constitution double, lorsque deux doshas dominent à parts égales.
« Vous pouvez alors être Vata-Pitta, Vata-Kapha ou encore Pitta-Kapha », illustre Valentine Lodato. Enfin, certains individus sont dits « tridoshiques », sans principe dominant.
Au total, il existe donc sept types de constitutions.
- Vata, l’aérien
Vata est le principe apparenté à l’Air. Ses attributs sont le sec, le froid et le léger. En charge du système nerveux, il nous relie aux cinq sens, est responsable de tous les mouvements du corps et de l’esprit.
Quand il est en état d’équilibre, il nourrit notre versant créatif, induit une intelligence vive et intuitive. S’il est déséquilibré, on éprouve des sensations de sécheresse de peau ou de cheveux, on souffre de ballonnements digestifs, de troubles de l’alimentation, de l’appétit, du sommeil. Les variations d’énergie et d’humeur favorisent les dispersions, l’angoisse, la peur, l’anxiété.
« C’est le dosha qui se dérègle en premier dans notre société où l’on fait souvent plusieurs choses à la fois », remarque Valentine Lodato.
« Si l’on caricature une personne dominée par Vata, elle serait soit petite et frêle, soit très grande et mince avec une probable disproportion des mains ou des pieds », résume la thérapeute.
Cheveux secs, articulations fines qui craquent, raideurs, immunité faible, propension aux allergies sont d’autres traits typiques de Vata, selon elle. « Ces profils sont souvent distraits, attirés par la nouveauté, bref, très volatiles ».
- Pitta, l’ardent
Pitta est apparenté au Feu. Ses attributs sont le chaud, le huileux. Il est responsable des transformations du corps (chimiques, digestives…), mais aussi de l’esprit, (émotionnel, mental), par exemple en modulant nos croyances au fil des expériences. Quand il domine, ce dosha façonne des personnalités leaders, volontaires, qui vont de l’avant, aptes à prendre des décisions.
En déséquilibre, l’excès de feu engendre les éruptions cutanées, l’acidité dans l’appareil digestif (brûlures d’estomac, ulcères). Côté mental, on est sujet à de l’irritabilité, de la frustration, au besoin de contrôle.
« Ces personnalités sont plus exposées au burnout que les autres », prévient Valentine Lodato. L’archétype corporel Pitta ? « Une corpulence moyenne qui prend et perd facilement du poids, avec un métabolisme très fort, une digestion rapide, facile ; un mental puissant » décrit-elle. « Ce sont des êtres ultra motivés, efficaces quand il s’agit d’atteindre leur objectif, facilement autoritaires ».
- Kapha, le terrien
Kapha, enfin, est associé à l’élément Terre. Ses attributs (le lourd, l’humide) contribuent à son action de cohésion. Ce dosha apporte soutien, substance, solidité au corps.
Les personnes sous son influence ont souvent une très bonne immunité et une assise intérieure qui leur garantit le calme. En déséquilibre, Kapha génère des excès de lourdeur, des prises de poids, un ralentissement des flux sanguin ou lymphatique. L’énergie stagne, favorisant une digestion congestionnée, la constipation, parfois les nausées.
Sur le versant émotionnel, un Kapha déséquilibré fait le lit de la tristesse, la paresse, la léthargie, la dépression. La morphologie caricaturale de Kapha est bien charpentée, carrée, solide ; parfois petite et trapue. Ossature développée, immunité puissante, chevelure généreuse… « Les corps sont riches en matière ; les personnalités, posées, orientées sur la sécurité et la stabilité », affirme Valentine Lodato.
Attention aux caricatures
A l’instar du signe astrologique, il est tentant de s’atteler à « trouver » par soi-même son dosha. Les experts alertent cependant face aux dérives de la vulgarisation.
« On les enferme trop souvent dans des sortes de tests de personnalité. Cocher des cases ne suffira pas, évidemment », exprime Archcena Nagalingam, fondatrice de boomin ayurvéda.
« Je reçois régulièrement des clients qui arrivent bille en tête avec une idée précise de leur dosha, qui se révèle fausse après bilan », constate la praticienne, qui déconseille l’autodiagnostic. Elle invite plutôt à clarifier la notion de doshas en nous familiarisant déjà avec deux concepts qui leur sont propres.
« Prakriti », d’une part, désigne notre constitution de base. Celle qui détermine nos grandes tendances physiques, physiologiques, émotionnelles et mentales. « C’est notre bagage de naissance, et notre état de santé quand il est en équilibre », observe Valentine Lodato.
En parallèle, nous expérimentons tout au long de la vie des « Vikritis ». Ou la part de nous qui change au fil des jours. Ces variations peuvent être déclenchées par un aliment, un mode alimentaire ou de vie qui ne nous est pas favorable, ou un simple changement de saison.
Signaux légers, troubles, maladies… le corps exprime plus ou moins fortement la nécessité de remettre les choses en ordre. « Quand on établit le bilan ayurvédique, en début de thérapie, il faut étudier ces deux aspects pour détecter les déséquilibres et réajuster l’ensemble », précise Archcena Nagalingam.
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