Quels sont les signes qui doivent alerter l’entourage et comment réagir face à un cas de maltraitance infantile ? Conseils et numéros d’urgence à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’enfant, qui a lieu ce 20 novembre.
- Chiffres
- Maltraitance infantile
- Que faire ?
- Numéro
- Appli Alerter pour Sauver
- Les signes
- Quelles solutions ?
[Mise à jour du 19 novembre à 18h27]. La maltraitance infantile touche encore trop d’enfants et souvent même les nouveau-nés. « C’est dans les premiers âges de la vie que les enfants sont le plus exposés aux violences intrafamiliales« , déplorent les experts. En effet, plus de la moitié des victimes ont moins d’un an et la majorité présentaient le syndrome du bébé secoué. En France, un enfant décède tous les cinq jours sous les coups de ses parents. « La lutte contre les violences faites aux enfants, sous toutes ses formes, ne peut pas être mise entre parenthèses pendant la crise sanitaire que nous traversons », précise Adrien Taquet à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’enfant, qui a lieu ce 20 novembre. Quels sont les signes et les gestes à adopter pour venir en aide aux enfants, victimes de maltraitance infantile. On fait le point pour savoir réagir en cas de besoin.
Enfance maltraitée : les chiffres
« En 2018, 122 mineurs ont été victimes d’infanticide, dont 80 dans le cadre intrafamilial. Deux tiers avaient moins de 5 ans. La même année, 23 560 plaintes ont été déposées pour des violences sexuelles sur mineurs, dont 7 260 dans le cercle familial », précise le gouvernement dans un communiqué du 19 novembre 2020. En moyenne, 72 enfants meurent chaque année de violences parentales : soit un enfant qui décède sous les coups de ses parents tous les cinq jours. « Chaque année, environ 50 000 plaintes pour violences physiques sur enfant sont déposées et 20 000 pour agressions sexuelles. Chaque jour, 90 appels sont traités par le plateau d’écoute du 119, le numéro de l’enfance en danger, et 40 informations préoccupantes sont signalées » précisait Santé publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 15 octobre 2019. Par ailleurs, selon les chiffres d’associations spécialisées dans la protection de l’enfance, 44 % des enfants maltraités sont âgés de moins de 6 ans, et dans 60 % des cas de maltraitance sexuelle, l’agresseur fait partie de la famille des victimes. Enfin, le délaissement parental a également des conséquences sur la santé des enfants, leurs conditions de vie et l’accès à l’éducation. Et ce n’est pas tout : selon l’Unicef, un enfant sur cinq, soit près de 3 millions d’enfants, vivent sous le seuil de pauvreté en France.
Qu’est-ce que la maltraitance infantile ?
Il existe plusieurs types de maltraitances chez un enfant. Selon l’Observatoire Décentralisé de l’Action Sociale, « l’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, de cruauté mentale, d’agressions sexuelles, de négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique« .
Que faire en cas de maltraitance infantile quand on est témoin ?
Face à ces maltraitances, les Français ne savent pas comment réagir et n’en parlent pas à leur entourage. Une précédente étude publiée par l’association l’Enfant Bleu montre que 14 % des Français déclarent avoir été victimes de maltraitances durant leur enfance et 60% d’entre eux ne se sont confiés à personne. Selon les chiffres, parmi les 45 % de Français qui soupçonnent un cas de maltraitance dans leur entourage, 39 % s’adresseraient directement aux parents de l’enfant, autrement dit à la personne susceptible d’être l’agresseur. Le bon réflexe à avoir en cas de soupçons est tout d’abord d’observer l’enfant et d’en parler à d’autres personnes pour comparer vos impressions. Ceci évitera de faire des suppositions et de dramatiser la situation. Si vous êtes proche de l’enfant, faites-lui comprendre qu’il peut se confier à vous s’il a envie ou besoin de parler et que vous pouvez l’aider. Enfin, composez le 119 Allô Enfance Maltraitée si vous souhaitez en discuter avec des personnes compétentes qui vous orienteront alors sur ce qu’il faut faire selon la situation.
Qui contacter en cas de maltraitance infantile ?
- Le 119 est le Service National d‘Accueil Téléphonique de l’Enfance en Danger (SNATED). Il s’agit d’un numéro gratuit qui permet de déclarer un cas de maltraitance et d’obtenir les réponses à vos questions en cas de suspicion, grâce à une cinquantaine de professionnels de l’enfance. Si ces derniers repèrent une situation de danger, un rapport est alors envoyé à la Cellule de Recueil des Informations préoccupantes du département qui suivra ensuite le dossier et pourra intervenir en cas de besoin.
- Vous pouvez également contacter les services sociaux de votre ville afin de prévenir d’un cas de maltraitance sur un enfant, ou en cas de danger, contacter la police. Attention cependant à ne pas en discuter directement avec les parents : dans la majorité des cas, ce n’est pas le bon réflexe à avoir ! En effet, vous vous adressez à la personne que vous soupçonnez le plus. De manière logique, les parents n’admettrons jamais être responsable de ce que vous avancez alors mieux vaut contacter des professionnels de la petite enfance.
- L’association Enfance et Partage propose également un numéro gratuit et anonyme, le 0800 05 1234. Cette ligne d’écoute, de soutien, de conseil et d’orientation est ouverte du du lundi au vendredi de 10h à 18h, pour les victimes mineures et les témoins de violences faites aux enfants.
AlerterPourSauver : une appli contre la maltraitance infantilePour permettre aux victimes de sortir du silence et inciter les proches à leur venir en aide, l’Enfant Bleu lance l’appli AlerterPourSauver.org. L’objectif : permettre à tout enfant maltraité ou à un témoin – grâce à un système de géolocalisation – de trouver au plus proche de chez lui et le plus rapidement possible un interlocuteur ou une institution qui pourront l’aider. L’appli #AlerterPourSauver propose également un espace d’information sur la maltraitance et les moyens d’agir selon que l’on soit victime, témoin ou professionnel de santé. |
Quels signes doivent alerter ?
Il n’est pas évident de reconnaître un cas de maltraitance chez un enfant, celui-ci étant souvent traumatisé, il garde le secret de peur de représailles. Il peut également avoir honte et parfois même se sentir coupable parce qu’il peut penser qu’il est responsable de la violence subie.
- Pour bien repérer les signaux de maltraitances physiques, il est important de vérifier à la fois les signes perceptibles (bleus, coups, brûlures, blessures, lacérations, maigreur…) ainsi que les troubles du comportement (méfiance, passivité ou agressivité, angoisses, tristesse permanente…).
- Idem en cas de violences sexuelles. Dans ses paroles ou à travers ses dessins, l’enfant peut dévoiler des comportements à caractère sexuel. Par ailleurs, d’autres symptômes doivent alerter tels que des douleurs ou des démangeaisons situées sur les parties génitales, des difficultés d’attention, de mauvaises relations avec ses camarades et des discours à connotation sexuelle.
- Enfin, les absences de soins et négligences chez un enfant sont une autre forme de maltraitance. En cas de faim constante, d’hygiène défectueuse, de vêtements peu adaptés ou de manques de soins médicaux… l’enfant peut alors avoir un changement de comportement : fatigue et somnolence, difficultés à rester attentif, vol de nourriture, chute des résultats scolaires…
Qu’en est-il des professionnels ? Selon le rapport de l’IGAS, la protection de l’enfance présente des défaillances. « Plus de la moitié des enfants concernés par l’étude avaient subi avant leur mort des violences graves et répétées et, souvent, des signes de violences avaient été repérés par des professionnels« , précise l’enquête. Ce qui signifie que de nombreux enfants auraient pu être sauvés si les signaux d’alerte visibles avaient fait l’objet d’une synthèse. L’Inspection générale des affaires sociales recommande par conséquent de mieux organiser l’échange des informations au sein de chaque service médico-social, de l’éducation nationale, de la police ou de la justice et entre ces services. |
Quelles solutions pour prévenir les risques ?
Face à cette situation, le gouvernement a mis en place un plan de lutte contre les violences faites aux enfants pour mieux protéger chaque enfant en tout lieu et à tout moment. « Ces mesures, axées sur la prévention, la libération de la parole, la protection, l’accompagnement des jeunes mais également la répression à l’égard des auteurs des auteurs de violences, ont fait l’objet d’une communication transparente du Secrétaire d’Etat », précise Adrien Taquet. Voici ce qui a été mis en place :
- le déploiement (en cours) sur l’ensemble du territoire des unités d’accueil et d’écoute Enfant en Danger Pédiatriques (UAPED),
- la généralisation du numéro d’écoute et d’orientation pour les personnes attirées sexuellement par les enfants,
- le lancement depuis septembre 2020 d’une taskforce sur la prostitution des mineurs, tout en appelant à une mobilisation accrue envers les enfants en situation de handicap, les enfants placés en institution et ceux victimes de violences psychologiques et des phénomènes d’emprise.
- Une équipe interministérielle est également impliquée, réunissant pour la première fois les ministères des Solidarités et de la Santé, la Justice, l’Intérieur et l’Education Nationale autour des violences.
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Dans un précédent rapport, l’IGAS proposait une série de recommandations visant à mieux repérer et prévenir les situations qui représentent un danger pour l’enfant : afin de connaître les causes des décès, une autopsie médico-légale doit être réalisée sur tous les enfants de moins d’un an décédés de mort inexpliquée. Pour faciliter le repérage des enfants maltraités, le rapport recommande de mettre en place un carnet de santé numérique de l’enfant, ainsi qu’un examen médical en milieu scolaire (sans la présence des parents) et enfin, un suivi renforcé de l’absentéisme des élèves. Quant aux services sociaux, ils devront analyser plus en détail les situations familiales. « La violence conjugale, les addictions de toutes sortes et les troubles de la personnalité importants sont des données qui doivent susciter la plus grande vigilance chez tous les acteurs de la protection de l’enfance − services sociaux et médicaux, personnels de l’éducation nationale, enquêteurs et magistrats. La présence de ces facteurs chez un des parents de l’enfant nécessite des investigations et une évaluation pluridisciplinaire« , précisait le rapport. Enfin, La mission recommande un renforcement des actions de préparation à la parentalité, notamment pour les pères, ainsi qu’un accompagnement des femmes qui prennent une contraception afin de prévenir les grossesses non désirées et la maltraitance des enfants.
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