Cette pathologie, extrêmement handicapante au quotidien, est aujourd’hui mieux comprise et bénéficie d’une prise en charge plus efficace.

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En France, environ 125.000 personnes en souffrent. Et les femmes sont légèrement plus concernées. « C’est de l’ordre de 52% contre 48% pour les hommes », note le Pr Matthieu Allez, chef du service de gastroentérologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris.

La maladie de Crohn fait partie des MICI : les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, qui évoluent par poussées entrecoupées de périodes d’accalmie. « Elle peut atteindre différents segments du tube digestif, surtout la fin l’intestin grêle et le côlon, et dans certains cas provoquer des lésions anales », précise le Pr Allez. Les symptômes sont variés, associant douleurs abdominales, diarrhées, perte d’appétit, grande fatigue. Des manifestations cutanées (aphtes, érythème noueux, psoriasis), ou articulaires sont parfois présentes.

A qui la faute ?

On sait qu’il existe une composante génétique mais des facteurs environnementaux sont fortement suspectés. « Le tabac joue un rôle important, avec une augmentation de la proportion de fumeurs parmi les malades. L’alimentation aussi : les aliments ultra-transformés, avec des substances ajoutées depuis plusieurs décennies comme les émulsifiants ou les conservateurs, peuvent également contribuer au développement de l’inflammation intestinale. Enfin, on estime que la pollution, notamment des sols, est impliquée », explique le Pr Allez.

Les différentes solutions

Traiter le microbiote

Les patients ont une flore intestinale appauvrie et des recherches tentent de le modifier afin de mieux contrôler la maladie. « La consommation de prébiotiques, notamment des fibres, pourrait favoriser dans l’intestin le développement de bonnes bactéries, et ainsi lutter contre l’inflammation », explique le Pr Allez.

Autre voie de recherche : les probiotiques, des bactéries que l’on trouve par exemple dans le lait fermenté – les yaourts, le lassi en Inde – ou sous forme de comprimés. « Enfin, la greffe fécale, qui consiste à transférer les selles, et donc le microbiote, d’un sujet sain dans le côlon d’un patient est actuellement explorée ».

Gérer son alimentation

Sans résidus, sans gluten, paléo…, il n’y a pas de régime miracle et il est préférable de se faire aider par des diététiciennes. « Dans les périodes de poussées, il peut être nécessaire de limiter les fibres, afin de diminuer les symptômes. Mais dans les périodes de rémission, on recommande une alimentation diversifiée, plutôt végétale, avec des produits bio et de bonne qualité, en évitant les produits ultra-transformés. Le mieux est encore de cuisiner soi-même », précise le Pr Allez.

Soulager les crises

Les traitements actuels permettent, non pas de guérir, mais de traiter les poussées, de prévenir les rechutes et les complications. Les corticoïdes restent parfois nécessaires, surtout au début de la prise en charge. Mais les immunosuppresseurs ou les biothérapies, afin de diminuer l’activité excessive du système immunitaire dans l’intestin, sont le plus souvent prescrites. Depuis une vingtaine d’années, les biothérapies ont beaucoup amélioré la prise en charge des patients atteints de formes sévères, notamment les anti-TNF utilisés depuis plus de 20 ans. De nouvelles biothérapies sont maintenant disponibles, et d’autres arriveront prochainement, avec comme objectif de restaurer la qualité de vie.

La maladie de Crohn en BD

Juliette Mercier, alias @stomiebusy sur Instagram, livre un témoignage bouleversant mais bourré d’humour sur sa maladie de Crohn. Tout est dit, sans fard et avec courage, dans cette BD qui devrait être un soutien indéniable à tous ceux qui traversent la même épreuve.

A ne pas manquer : la 5ème édition de Ma santé passe par mes microbiotes

Cette campagne d’information sur les réseaux sociaux est organisée par le Laboratoire Pileje pour sensibiliser le grand public sur les liens qui existent entre les microbiotes et la santé. Son support : 5 podcasts, avec des témoignages de patients et de médecins, à retrouver sur www.masantepasseparmesmicrobiotes.fr

Quand opérer ?

La chirurgie est souvent nécessaire. Elle consiste à enlever la ou les zones de l’intestin qui sont malades et à rétablir la continuité du tube digestif. « Elle s’inscrit dans une stratégie thérapeutique globale, associée au traitement médical. Mais une récidive est toujours possible », précise le Pr Allez.

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