• Chaque semaine, 20 Minutes propose à une personnalité de commenter un phénomène de société dans son rendez-vous « 20 Minutes avec… ».
  • Le rappeur marseillais Jul sort ce vendredi son nouvel album Demain ça ira, son quatrième projet en moins d’un an. 
  • Il revient pour 20 Minutes sur cette folle énérgie créatrice, sa réussite, Marseille, l’Euro de foot, l’oral du bac et les femmes. Rien que ça. 

Une journée de promotion marathon. Habitué à ne donner que de très rares interview,Jul a reçu plusieurs médias la semaine dernière, dont 20 Minutes, dans le studio où il a enregistré le projet 13 Organisé avec ses compères
marseillais. A la maison, quoi. L’occasion d’évoquer avec lui sa folle énergie créatrice, sa réussite, Marseille, l’Euro de foot, l’oral du bac et les femmes. Rien que ça. Avec toute la gentillesse et la simplicité qui le caractérisent.

C’est ton 4e projet en moins d’un an, où est ce que tu trouves toute cette force et cette envie pour créer toujours plus ?

C’est dans le but de faire plaisir à ma team, et de me faire plaisir à moi. L’inspi, la force, je la trouve comment ? J’écoute beaucoup de sons, un peu de tout, toutes les couleurs de sons, du rap américain, du reggaeton, de la house, du rap français, du rap allemand, j’écoute de tout, la vérité. Tout ça, ça fait du bien au cerveau, et ça te donne des palettes, de l’inspiration. J’analyse le son, j’analyse le beat.

Ça te fait du bien d’être au studio ? Dans un son tu dis « le stud’ c’est la pharmacie »…

Ah ouais, c’est ma vie. Même quand j’ai envie d’essayer de me poser tranquille à la maison, quand je me dis « vas-y je vais faire une semaine tranquille, pour prendre un peu l’air et me ressourcer », je n’y arrive pas. A chaque fois je rappelle l’ingénieur son, je lui dis « t’es où, t’es au stud ? », il me dit « ouais », et bah vas-y, j’arrive ! Même quand il n’est pas là, je viens me poser. Au moins je suis là, je croise du monde, je parle de musique.

Pourtant tu dis que tu n’as pas le temps de passer le permis bateau, moto…

Je n’y arrive pas, comme j’ai dit. Comme j’ai vu que je n’y arrivais pas, parfois, sur un coup de tête, je ne prévois rien le lendemain. Je me dis « demain on va à la mer, au bateau », sur un coup de tête, je suis obligé de faire ça, parce qu’il faut que je profite quand même un jour. Ma première sortie c’était avant-hier pour prendre un peu des couleurs, sinon j’étais transparent pour les interviews ! C’était ma première sortie, première fois que j’ai touché l’eau. Je revis.

Tu vas faire quoi justement cet été ? Profiter plus que d’habitude ?

Ouais… En fait cet été j’ai un gros projet dans ma tête. Encore. Donc je ne vais pas trop avoir le temps, mais le peu que j’ai, je vais profiter direct. Il faut que je sorte un peu de là. Mais je me sentirais mal de ne pas être à Marseille pour l’été. J’aurais l’impression de louper un truc. Tout le monde va faire bordel, tout le monde va être à la plage. Je n’ai pas sorti un album, il n’y a pas un son qui tourne là ? Même l’hiver, c’est pareil.

Quand est-ce que tu retrouves ton public ?

J’espère bien faire des petits trucs. Je pense à faire une petite dédicace. Je ne sais pas trop comment on va faire, mais j’y pense. Pour rencontrer un peu ma team.

Et ton concert au Vélodrome, deux fois reporté, tu dois te languir non ?

Ouais, la vérité je me languis, mais d’une force. Je me rappelle la première fois que je suis allé au Vélodrome, c’était pour Sopra qui m’avait invité. Quand je suis monté sur la scène… J’ai envie de revoir ça. Les vagues de flashs, ça fait plaisir. Mon show il dure deux heures et quelques, je ne sais pas si je vais tenir les deux heures tellement je vais tout donner. C’est comme si je jouais en finale de la Ligue des champions, je vais arracher la pelouse.

Tu as eu beaucoup de critiques à tes débuts, est-ce que tu as conscience d’être beaucoup plus validé, dans le rap, et aussi en dehors ?

Pas trop, pas trop, pas trop. Les critiques je suis passé loin, je ne les écoute plus. Je ne vois rien, en fait. J’ai les œillères, comme le cheval. Il va tout droit : à droite, à gauche, je ne vois rien. Je ne vois que mes projets que j’ai à faire.

Le téléphone sonne, il sort trois téléphones : « Et ouais il y a les projets… ».

Pas m’atteindre, me déstabiliser un peu, croire des choses que les gens disent alors que ce n’est pas ça. Je m’écoute moi, mes proches, mon entourage musical. Et après le reste, je fais ce que j’aime. Ce que je vis, ce que je fais, ce que j’aime. Je fais avec mes types de musiques à moi, mes trucs. Après me sentir plus validé ou quoi, ça, je ne le sens pas particulièrement.

Le projet 13 Organisé a-t-il changé des choses ?

Je sais que le projet c’est un bon truc, j’étais conscient avant de faire 13 Organisé que ça allait faire du bien à Marseille… mais pas autant ! Maintenant je suis très content de tout ce qui arrive à Marseille. Ça me fait plaisir parce que quand j’étais en chien, personne ne « m’a tendu la main ». Comme je n’ai pas eu ça, j’ai voulu le donner. J’en étais à mon 21e album, je me suis dit « je vais faire un truc, je vais m’amuser ». J’ai envie de rapper avec tout le monde de Marseille, et je l’ai fait. C’était un moment où j’avais envie de partager et de donner de la force. Personne ne l’a fait, personne ne le fait, donc je le fais.

Le côté humain a été aussi important que l’aspect musical…

C’est vrai qu’on s’entend tous bien. On se voit un peu plus, ça donne la force, ce sont toutes des personnes bien. On n’est pas là à regarder l’argent, il n’y a pas de trucs comme ça. Il n’y a pas la place pour regarder l’argent dans des bails comme ça : si tu regardes l’argent, on ne le fait même pas le projet. Tout le monde est dans cet esprit-là. Pour Marseille.

Quel regard portes-tu sur la réussite du rap Marseillais ?

Je suis fier, d’avoir eu l’idée. Après ce qui leur arrive, ça vient d’eux, c’est leur travail comme je l’ai dit. Ce qui arrive au S [SCH], à tous ceux qui sont dans 13 Organisé, ce sont eux aussi qui l’ont cherché. Le S a cartonné dans Bande Organisée parce quil a fait un couplet légendaire. Après son album, c’est la suite logique. Soso aussi, son passage est légendaire, comme Zumba Cafew. Tu vois les résultats après parce qu’ils ont charbonné aussi. Il y a du taf avant, et après. Ils ont un talent. Ça fait plaisir, ça met en avant Marseille, Marseille est plus là dans le rap français donc franchement je suis fier de ça, la vérité.

Une de tes marques de fabrique ce sont les chansons sur les filles, tu as un côté romantique…

Ouais j’aime bien, je pense aux filles. En plus, elles, elles soutiennent, elles ne te lâchent pas. La vérité, les filles, elles, sont fidèles. Tchikita c’est mon morceau qui a le plus cartonné et c’est un son pour les filles. Ça veut dire qu’elles sont là, elles sont présentes, et il faut penser à elles. Donc on essaye de leur donner. Là il y a Tereza dans cet album, Assassinat. Et plein de petits big up pour elles, dans les sons.

Et dans ton entourage, il y a des filles ?

Non, on n’est que des mecs. Mais faut penser aux filles, elles sont là. Même dans les concerts, tu les entends quand elles sont là…

Gari Greu, de Massilia Sound System, me disait que tu étais le seul rappeur à avoir créé son propre style… Est-ce que tu en as conscience, est-ce que tu en es fier ?

Ouais franchement je commence à en prendre conscience un peu. Par exemple, hier, il y a un mec qui est venu me voir sur Insta et me dit : « je suis du Danemark, j’écoute ton son et je m’occupe d’un jeune. Il fait que du style Jul ». Moi dans ma tête je me dis : « attends le mec il est au Danemark et il veut faire un son avec moi, il est dans un délire à ne faire que des trucs dans mon style ? Non, c’est un truc de fou ». Ça tue, je ne sais pas comment j’ai fait mais en vérité, j’ai juste voulu m’enjailler et raconter ma vie, que ce soit un peu triste, même sur de la musique dansante. C’est ma recette, et c’est toujours ma recette.

La simplicité et l’authenticité, en plus de s’enjailler ?

Ouais, le réel dans l’enjaillement. Détailler le réel, ma vie, la vie, détailler la vie des autres et m’enjailler. Il faut que la personne quand elle écoute, elle se sente touchée et qu’elle se dise : « et ouais c’est la vérité ce qu’il dit », et qu’elle s’ambiance. C’est ce que je veux, c’est le but de mes albums. Vraiment, de faire ressentir à la personne qu’on est pareil.

Il y a l’Euro, tu es 100 % OM, ou tu supportes l’équipe de France aussi ?

Moi je supporte l’équipe de France. C’est 100 % OM, et 100 % Equipe de France.

Est-ce que tu aimerais composer le prochain hymne pour les Bleus ?

Ouais, si l’OM ou la France vient pour faire un truc, un hymne, j’essaye direct, et je me tue pour faire un beau truc. Après il faut voir ce que ça donnerait, mais ça me ferait plaisir de faire un truc qui marche, un bon hymne.

Les oraux du bac ont débuté, quels conseils tu donnerais pour être à l’aise à l’oral ?

Pour passer tranquille son bac, se concentrer déjà, se mettre dans sa bulle, comme moi, quand je me mets dans mon projet. Je me concentre à fond. Quand je sais que je vais faire un Planète Rap par exemple, je révise tout. Je sais à quel temps est le truc. Si tu es carré et que tu as vraiment envie d’avoir ton exam, tu te concentres à fond, tu fais tout à fond et je pense que tu l’auras après. Pour venir à l’aise à l’oral, un petit album de Jul avant d’arriver, ça peut faire du bien (rires).

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