Médiatisée grâce à des célébrités comme Selena Gomez, Lady Gaga ou encore Seal, le lupus est une maladie auto-immune incurable et invalidante. Mais les résultats très prometteurs d’une nouvelle thérapie pourraient faire renaître l’espoir des patient.es d’en guérir un jour.

Publiée le 15 septembre 2022 dans la revue Nature Medicine, une étude allemande assure que la transfusion de cellules génétiquement modifiées a fait ses preuves chez cinq patient.es. Après trois mois, ces dernier.es ont pu constater l’amélioration de leurs symptômes et « une rémission de l’atteinte des organes et la disparition des auto-anticorps liés à la maladie« , peut-on lire dans un communiqué.

« Une surveillance plus longue des patients sera importante pour tester s’ils bénéficient d’une rémission sans maladie à long terme et s’ils sont finalement guéris du [lupus] », a déclaré le Dr Georg Schett, vice-président de la recherche et président du département de médecine interne à l’Université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nürnberg en Allemagne.

Combattre le lupus grâce au système immunitaire des patients

Maladie auto-immune chronique, le lupus érythémateux disséminé se manifeste par une grande pluralité de symptômes, pouvant aller des plaques rouges au niveau du visage aux atteintes cardiaques et rénales, en passant par l’alopécie, les douleurs articulaires et les douleurs thoraciques. La maladie survient lorsque le système immunitaire s’attaque aux cellules de l’organisme pour les détruire.

Potentiellement mortelle, aucun remède ne permet aujourd’hui de traiter le lupus, et les traitements – dont la tristement célèbre chloroquine – visant les poussées de lupus « ne fonctionnent pas pour beaucoup des 1,5 million de personnes vivant avec la maladie aux Etats-Unis », indiquent les chercheurs.

Au fait de son efficacité contre certains cancers, les scientifiques de l’université allemande ont cherché à savoir si la thérapie cellulaire CAR-T – une stratégie d’immunothérapie cellulaire- pouvait fonctionner contre le lupus. Le principe : prélever des cellules immunitaires appelées lymphocytes T afin de les « entraîner » en laboratoire à reconnaître les cellules malades, puis de les transfuser dans l’organisme pour qu’elles les combattent. « Dans le lupus, la thérapie cible CD19, une protéine des cellules B », précisent les auteurs.

Pour les besoins de leur étude, cinq personnes âgées de 22 ans en moyenne et atteintes d’un lupus sévère ont été recrutées par les chercheurs. La maladie touchait chez eux plusieurs organes tels que les reins, le cœur, les poumons et les articulations. Les traitements standards n’avaient malheureusement pas fonctionné sur elles, précise le communiqué.

Résultat : trois mois après le traitement, les patient.es ont vu la gravité de leurs symptômes diminuer, l’atteinte de leurs organes s’est résorbée et leurs anticorps liés à la maladie ont disparu. Le tout, sans nécessiter de traitement complémentaire. 

Un suivi plus long nécessaire

« La rémission sans médicament a été maintenue pendant un suivi plus long (jusqu’à 18 mois pour le premier patient traité) après l’administration des cellules T génétiquement modifiées et même après la réapparition des cellules B », peut-on lire dans l’étude.

Quant aux effets secondaires du traitement, ils seraient négligeables. « Dans les études sur le cancer, ce type de thérapie a provoqué une forte fièvre et des frissons, des difficultés respiratoires et un syndrome de libération de cytokines, qui peuvent survenir lorsque les cellules CAR-T se multiplient et libèrent de grandes quantités de cytokines inflammatoires dans la circulation sanguine », détaillent les chercheurs.

Bien que l’étude soit de très faible ampleur, ces résultats n’en restent pas moins encourageants. D’autant qu’ils feraient écho à une autre étude publiée en 2021 dans le New Journal of Medicine qui présentait des conclusions similaires, est-il indiqué dans le communiqué.

Les chercheurs précisent qu’un suivi plus long est nécessaire afin de découvrir si le système immunitaire a subi « une réinitialisation profonde » et se comportera normalement à l’avenir. 

D’après l’Assurance maladie, entre 20 000 et 40 000 personnes souffrent de lupus en France. Dans 90% des cas, cette affection auto-immune survient chez les femmes.

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