Briser le tabou des menstruations au Japon, telle est la mission de Little Miss Period. Ce personnage aux grands yeux noirs et lèvres rouges – issu d’un manga japonais de l’auteur Ken Koyama et publié pour la première fois en 2017 au Japon – est devenu l’héroïne de son propre long-métrage en décembre 2019.

L’histoire ? Aoko, une éditrice au patron peu compréhensif, souffre de règles douloureuses. Elle n’a qu’un souhait : que les hommes aient eux aussi leurs règles, pour comprendre sa douleur. C’est (presque) chose faite lorsque déboule Little Miss Period (Seiri-chan en japonais), une métaphore très réelle des menstruations de Aoko. Le film suit le personnage principal, accompagné de Seiri-Chan, dans son quotidien : à la fois dans son travail mais aussi en compagnie de son petit ami, le papa d’une jeune fille.

« Tous les hommes devraient voir le film »

Si le ton est léger, le film espère briser le tabou autour des menstruations au Japon, où les règles sont encore souvent considérées comme étant sales ou honteuses. Une démarche applaudie sur les réseaux sociaux et dans les salles de cinéma, où l’on considère le film comme permettant une meilleure compréhension du sujet.

Interrogé à la sortie d’un cinéma, un homme japonais de 33 ans a ainsi confié à Channel News Asia avoir trouvé le film tout particulièrement instructif : « Les hommes ne comprennent pas à quel point les menstruations peuvent être dures pour certaines femmes ». Sa copine est elle aussi convaincue et estime que « tous les hommes devraient voir le film. »

D’autres s’inquiètent en revanche des stéréotypes véhiculés par le personnage de Seiri-Chan, voulant qu’une femme soit moins performante en raison de ses menstruations. Mais aussi de son ton comique pour parler d’un sujet finalement très sérieux. « Je ne peux pas faire l’éloge du manga à 100%, mais cela est bien qu’il permette de faire un pas vers une plus grande ouverture d’esprit et une meilleure éducation », explique à Channel News Asia Kazue Muta, professeure de sociologie à l’Université d’Osaka. « Jusqu’à présent, les menstruations étaient une chose à cacher et de nombreuses personnes sont très mal informées à leur sujet », poursuit-elle.

Les règles, toujours très taboues en Asie

Le film Little Miss Period n’est donc pas parfait mais a le mérite de parler haut et fort d’un sujet encore si tabou. Celui-ci a largement été médiatisé en novembre dernier, lorsqu’une chaîne japonaise de magasins de luxe a décidé de proposer à ses employées de porter un badge « menstruations » à l’effigie de Seiri-Chan, pour signifier qu’elles avaient leurs règles. Le badge, qui a rapidement créé la polémique sur les réseaux sociaux, avait pour objectif d’encourager l’empathie entre salarié·e·s, expliquait-on du côte de la chaîne.

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« Nous avons reçu de nombreuses critiques de la part du public. Selon certaines plaintes, il s’agirait de harcèlement et ce n’était certainement pas notre attention », regrettait alors un porte-parole de Daimaru dans les colonnes de The Japan Times, qui assurait « reconsidérer » le projet.

Un bad buzz qui n’a pas empêcher le film de fonctionner. Celui-ci est également diffusé à Taiwan depuis le mois de décembre et déboulera à Hong Kong courant janvier. Des projections sont également prévues en Chine et dans toute l’Asie du Sud-Est. Un bon moyen de banaliser le sujet des règles, encore trop tu aujourd’hui en Asie.

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