« T’as peur des filles / Elles se transforment une fois par moi », ironise Flore Benguigui sur un tube féministe truculent, niché sur le second album de son groupe L’Impératrice.

Un nouvel album plus intime

Le clip est aussi sanglant que la référence. On y coupe des têtes dans une parodie de films d’horreur rétro, réalisée par Aube Perrie, le prometteur vidéaste qu’on avait déjà repéré pour le clip de La thune d’Angèle.

L’Impératrice n’échappe pas non plus à sa propre transformation, trois ans après son premier album Matahari. C’était à l’époque une leçon d’espionnage mystique et un opéra spatial, qui ravivait cette french touch rêveuse et groovy, mais où régnait un froid impérieux. Il se déglace sur ce nouvel album, plus intimiste mais toujours dansant et aux textes plus ancrés dans le quotidien.

Le syndrome des coeurs brisés

En revenant à la réalité terrienne, Flore scrute les ressorts de la séduction, d’une voix taquine, équilibriste.

Si l’album s’appelle Tako tsubo, expression japonaise qui qualifie le syndrome des cœurs brisés (et se traduit par « piège à poulpes »), on y préfère le disco et l’humour aux lamentations, exception faite de quelques bleus à l’ego (sur Hématome).

Et surtout, il compense avec beaucoup de basses grasses, idéales pour absorber les relents d’amertume de la rupture. Les synthés enveloppants ont un effet tentaculaire et réconfortant.

Entre collaboration, inspiration, et reprise

Pour faire monter le mercure, le groupe a sollicité Neal Pogue, le mixeur qui se trouve derrière bon nombre de tubes d’Outkast, soit la définition même d’une certaine bonne humeur.

Et quand on n’échappe pas à la mélancolie, celle-ci se fait douce, comme sur Tant d’amour perdu, titre écrit à l’origine par Michel Berger, ici projeté dans le futur, ou Tombée pour la scène, avec une Flore Benguigui en artiste dévouée façon Chanteur abandonné de Johnny.

On sait qu’il faudra à l’avenir compter sur cette nouvelle figure pop, qui a aussi été une voix précieuse du mouvement #MusicToo, pour lequel elle avait témoigné sur la violence sexiste dans l’industrie musicale française.

(*) (Microqlima).

Ce papier est initialement paru dans le n°823 de Marie Claire, daté d’avril 2021.

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