Rencontre avec Aline Sylla-Walbaum, directrice du pôle luxe global chez Christie’s, qui lève enfin le voile sur cette pratique très en demande, même si elle a longtemps été tenu au secret par les maisons aux enchères.
À l’approche des ventes tant attendues de novembre et décembre, le petit monde des enchères est en pleine ébullition. Si les feux de la rampe sont traditionnellement braqués vers ces montres et bijoux rares qui font office de têtes d’affiche, et qui seront adjugés bien souvent au double de leur estimation, il se déroule pourtant, en parallèle et en coulisses, une tout autre valse.
Plus précisément, il s’agit d’une série de ventes de gré à gré, dites ventes privées, où le spécialiste se met en quête du produit souhaité (à vendre ou à acheter). « Ici, aucun risque de FOMO (de l’anglais « fear of missing out » ou « peur de manquer quelque chose »). Nous appliquons sur ces ventes les mêmes critères de qualité que pour nos enchères, la discrétion et le prix fixe en plus», souligne d’emblée Aline Sylla-Walbaum, directrice du pôle luxe global chez Christie’s.
Second souffle
Une montre Nautilus 5711-1A-014 Green de Patek Philippe, vendue pour 350.000 dollars en toute discrétion par Christie’s.
Si ces dernières ont toujours existé et se déroulent toute l’année, la directrice se dit elle-même agréablement surprise de leur succès cette année. Une hausse de 53% par rapport à 2020 qui s’explique aussi par l’insolente progression qu’enregistrent parallèlement les enchères chez Christie’s. Notamment dans le secteur horloger puisque la ruée vers les valeurs sûres et la digitalisation des ventes, orchestrée depuis une poignée d’années par Aline Sylla-Walbaum, auront attiré une nouvelle frange de clients plus éveillés et réactifs. Résultat ? Après quatre mois d’activité en 2021 et dix ventes étalées entre les grandes mégalopoles (Dubaï, Genève, Hong Kong et New York), la maison de vente affiche un nouveau record à son compteur horloger, soit plus de 93,7 millions de dollars. Il faut donc désormais rajouter à ce chiffre les performances privées.
«Ce qui est surtout étonnant pour nous, c’est qu’auparavant on remarquait que les clients se rabattaient sur les ventes privées lorsqu’ils étaient inquiets des éventuelles performances que leurs objets pouvaient réaliser aux enchères», ajoute cette dernière. Cependant ces derniers mois, dans le sillage de la crise sanitaire, la connaissance du vintage s’est accrue jusqu’à devenir un espace refuge incontournable et les performances sont désormais autant en hausse sous le marteau, que dans les salons confidentiels de la maison. À l’instar des bureaux de Christie’s à Dubaï où Rémy Julia, Head of Watches Middle East, India, Africa, garde en permanence de 50 à 70 montres prêtes à être échangées en coulisses. Une troisième voie aux côtés des options live ou digitales qui lui a notamment permis de mettre la main sur une Nautilus verte introuvable sur le marché, que le client a acheté en quelques jours pour 350.000 dollars sans risquer de manquer la mise.
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