Comment s’assurer davantage de sérénité, de bonté et de frugalité heureuse cet été ? En invitant des amis «inspirants». Sauf que l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions… Notre chroniqueuse s’est penchée sur ces questions.

Doit-on s’offrir un coup de jeûne ?

Il fut une époque exquise où les vacances n’étaient pas un temps de privation. Dans certains lieux outrageusement festifs ou gâtés par leur terroir, c’était même l’inverse. Las, ce temps d’innocence bénie n’est plus…

Ça donne quoi ? Il y a celles qui gardent un souvenir ému et impérissable de LEUR jeûne ce printemps dans le Vercors (dans un lieu avec «Pensée» et «Sauvage» dans le nom). Rando, bouillon et bol Jacquier : elles aiment reproduire la profondeur de cette expérience initiatique en vacances. Sympa une fois. Fatigant tout le temps. Et carrément désobligeant pour la maîtresse de maison qui s’échine quand même à préparer des mets appétissants chaque jour, alors que ces dames ne font plus que picorer des «Miam-Ô-Fruits» (un brouet révoltant)… Il y a les pratiquants du jeûne intermittent : ils font ceinture seize heures sur vingt-quatre, il paraît que c’est excellent pour la ligne. Peut-être, mais comme ils commencent à s’alimenter vers 14 heures, c’est presque pire que d’avoir des ados ! Jamais là pour le marché – ils doivent fuir la tentation, les pauvres –, mais très, très là pour tout dévorer ensuite ! Nous passerons sur les accros de la monodiète qui ne boulottent QUE de la pastèque sous toutes ses formes, sans jamais en proposer à personne…

Verdict. On remet la convivialité au menu : chez nous, les repas, ça se partage…

En vidéo, ashtanga, nidra, vinyasa petit précis de yoga

Faut-il transformer la maison en ashram ?

Le running, le tennis, voire le Jokari, ne sont plus de saison. Leur incitation à la performance physique totalement dénuée de spiritualité (le Jokari, surtout) en fait des sports du monde ancien. Alors que le yoga – ah, le yoga…

Ça donne quoi ? Des yogis à la maison, on se dit que ce doit être discret : si la méditation a une vertu évidente, c’est son silence ! Eh bien, on se fourre le doigt dans l’œil (une posture dont on ne sait pas si elle est homologuée). Car il y a yoga et yoga. Celui qui a le vent en poupe, c’est le kundalini : 99,99 % des influenceuses chics françaises le pratiquent. Et le kundalini, ça se… chante. Le matin devant le soleil levant et, hélas, devant la porte-fenêtre de notre chambre ! C’est apparemment le spot le plus enviable pour la sadhana ou l’Ego eradicator (à l’efficacité douteuse, de notre point de vue)… Les «chants de l’ère du Verseau» roucoulés sont certes sublimes, mais les «pia-pia» des oiseaux nous suffisaient comme mantra de l’aube. Une petite remarque sur le sujet ? C’est double peine : pour éclairer notre esprit encore égaré par le «besoin de juger», on nous inflige l’intégralité du dernier album d’une certaine Simrit (sans doute Charlène, dans une autre vie). Céleste certes, mais pas facile quand on aime Angèle… La yogi kundalinesque, il faut aussi le savoir, est une prosélyte-née : le récit de son «chemin de vie», comme on dit dans le milieu, devient la bande-son des dîners. Ce n’était pas si mal quand on parlait immobilier, au fond….

Verdict. On va dorénavant cibler exclusivement les cyclistes fanatiques. Ceux qui partent cinq heures d’affilée. Et qui en dorment autant, ensuite !

Le podcast à écouter

La bienveillance est-elle bienvenue ?

Il est temps d’entamer une vraie détox de ce second degré qui nous mène si souvent à de désolants sarcasmes… Ce n’est plus du tout bienvenu à une époque où «Il faut dire je t’aime», comme le clament mille tee-shirts et grigris à message.

Ça donne quoi ? Une fois qu’on a dit «je t’aime», qu’est-ce qu’il y a d’amusant ? Rien, c’est bien le problème. Et si l’on souhaite désormais baigner les rapports avec ses enfants de cette «parentalité positive» si tendance ? On peut dire adieu à la pratique cathartique de l’énorme coup de gueule et aux «Qui a encore pris MON vélo cette nuit – et l’a rapporté sans phare avant –, que je l’étripe ?» – totalement contre-productifs ! À la place, des formulations non stigmatisantes «qui permettent à chacun de comprendre d’où vient le problème pour le traiter enfin sans colère inutile»… Le hic ? Euh, on les cherche encore… Quant aux amis qui les ont trouvées, on aurait quand même deux ou trois trucs super passifs-agressifs à leur balancer. Sur leurs petits qui courent autour de l’apéro en hululant depuis trois quarts d’heure, par exemple…

Verdict. On résiste : le French wit (l’esprit à la française) n’a jamais mis d’eau de rose dans son vin…

* Initialement publié en juillet 2019, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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