La crise sanitaire a encore plus affirmé que les changements pour l’égalité entre les hommes et les femmes prennent du temps, beaucoup de temps, même. Un constat qui se voit dans la sphère la plus intime de chacun : le partage des tâches ménagères. Si cette donnée peut sembler bien superficielle face à des violences concrètes faites aux femmes, il ne faut pas oublier que c’est à l’intérieur des foyers que les mentalités se forgent.
« Ma stagiaire m’a avoué qu’au moment de débarrasser la table, son frère quitte toujours très vite l’assemblée pour la laisser seule aider leur mère. », nous explique Isabelle Magyar, conseillère auprès d’ONU Femmes, sur le mouvement HeForShe. Une anecdote qui peut paraître banale pour certains, mais qui montre une inégalité constante et ancrée dans le quotidien de la terre entière… les tâches ménagères. Et encore plus dans cette crise sanitaire mondiale. « Les femmes se sont retrouvées à la maison à faire du télétravail, tout en faisant les dîners, les déjeuners et en s’occupant de l’école des enfants. Cette sphère est liée à l’éducation, à la culture. Les progrès ne sont pas si simples à faire, car on touche à des normes sociales », déclare Isabelle Magyar.
« À l’heure actuelle, nous aurions pu croire qu’il y a un partage des tâches ménagères dans le couple. Mais non. Les femmes font 70% du travail ménager. D’après une étude Ipsos, 49% des couples disent se disputer pour ces tâches et ce qui est inquiétant : 40% des jeunes garçons avouent que c’est leur future conjointe qui s’occupera de faire la lessive », ajoute-t-elle.
Selon la conseillère, « il y a un gros travail de sensibilisation à faire auprès des hommes, mais aussi des femmes pour qu’un esprit de partenariat dans cet espace privé » se construise. « Faire la vaisselle n’est pas codifié tâche féminine. Les hommes et les femmes savent le faire, avec des différences peut-être, mais le partage est possible. L’espace de la vie privée devrait être neutre, les tâches ménagères n’ont pas de genre. Des efforts sont à faire dans la transmission et l’éducation des plus jeunes ».
ONU Femmes
L’ONU Femmes, une entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, naît en 2010, s’est intéressée à ce problème de représentation au sein même des foyers, grâce au mouvement #HeForSheAtHome.
Avant de continuer, petit rappel de ce qu’est l’ONU Femmes et HeForShe. « Grâce à des antennes dans le monde entier et un réseau de comités nationaux, l’organisme a pour mission d’influencer les états pour que des lois sur l’égalité entre les hommes et les femmes soient mises en place. En temps de crise et de guerre, les femmes sont souvent les premières victimes donc nous travaillons à empêcher cela via des initiatives pour les soutenir », déclare Isabelle Magyar. La conseillère prend l’exemple de la Tunisie lors du Printemps arabe. L’ONU Femmes a déployé des programmes de leadership féminin pour développer une démocratie dans les villes.
De même, l’entité veut intégrer les femmes dans tous les aspects des processus de paix et de sécurité et mettre ainsi fin aux violences dont elles sont victimes.
Ce point fait echo avec The shadow pandemic (la pandémie de l’ombre), qui désigne l’augmentation de cette agressivité envers le sexe féminin pendant le confinement.
HeForShe
HeForShe est, quant à lui, un mouvement mondial qui « invite tous les hommes et les jeunes hommes à s’engager et à contribuer à l’égalité entre les sexes, pour enlever les contraintes sociales et culturelles qui empêchent les femmes et les filles de réaliser leur potentiel ». Lancé le 20 septembre 2014 par Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l’ONU, et Emma Watson, l’Ambassadrice de Bonne Volonté mondiale d’ONU Femmes, des millions d’hommes du monde entier ont rejoint HeForShe. Parmi eux, on retrouve des chefs d’État, des PDG, des sommités internationales et de nombreuses célébrités comme Barack Obama, Justin Trudeau, Harry Styles, Jean-Laurent Bonnafé ou encore Emmanuel Faber. « Au début, il y a eu des débats sur le nom ‘HeForShe’ car certains ont pu entendre ‘les hommes pour les femmes’, mais ce n’est pas du tout cela. Les femmes n’ont pas besoin des hommes, elles ont besoin de leur engagement’, insiste Isabelle Magyar.
« Il y a eu un déclic lors d’une des conversations sur la vitesse des changements des droits des femmes dans le monde. La fondatrice du mouvement nous a dit à l’époque : c’est un peu normal que les progrès soient aussi longs, car, regardez, autour de cette table où on réfléchit, il n’y a que des femmes. Et les grandes décisions du monde sont prises par des hommes (chefs d’États, patrons d’entreprises, directeurs d’universités) donc sans eux nous ne pouvons pas changer la société. »
La Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, a ainsi déclaré que « si on arrivait à engager un milliard d’hommes dans la cause, on pourrait transformer les choses ».
Un site web a ainsi vu le jour avec un compteur, qui tourne toujours, pour arriver à ce milliard. L’idée se résume en : « dites-nous que vous êtes des HeForShe. Si vous êtes chef d’État, faites des lois, si vous êtes un artisan, faites que les manières dont vous traitez vos employées femmes soient les mêmes que celles des hommes et si vous êtes père de famille, laissez votre fille devenir footballeuse… Chacun a son rôle à jouer », commente Isabelle Magyar.
#HeForSheAtHome
HeForShe a donc lancé le 15 avril 2020, sur la demande du Secrétaire Général des Nations Unies la campagne #HeForSheAtHome en réponse au COVID-19. La campagne a pour but de souligner la charge pesant sur les femmes, et d’encourager les hommes et les jeunes hommes à y participer pour rééquilibrer les responsabilités familiales et la charge des tâches quotidiennes. Sur le long-terme, #HeForSheAtHome vise à défier les modèles culturels et à changer durablement les habitudes. La campagne se déroule sur les réseaux sociaux : elle invite les hommes à partager photos ou vidéos d’eux expliquant pourquoi il importe de partager la vie quotidienne en taguant @HeForShe et #HeForSheAtHome.
#HeForSheAtHome met en valeur le fait de « faire les tâches ensemble » et de les « partager », et ne se veut pas dans le jugement négatif. Il s’agit d’éviter que les hommes « aident » leur compagne, mère ou sœur …
« Il faut changer les normes sociales. Plus on aura de témoignages, plus l’égalité entre femme et homme deviendra naturelle et évidente », souligne Isabelle Magyar.
"Being #HeForSheAtHome is about sharing the responsibilities at home on a daily basis. That is how we can bring equality forward" Merci @stanley_weber for showing us what it means to be #HeForSheAtHome ! #Resterchezvous @onufemmesfr
Une publication partagée par HeForShe (@heforshe) le 22 Avril 2020 à 2 :02 PDT
Au niveau mondial pendant le COVID-19 (et tous les autres jours) les femmes font plus de tâches à la maison donc sortez vous les doigts du cul les gars! @heforshe @onufemmesfr #HeForSheAtHome
Une publication partagée par Marc-Antoine Le Bret (@marcantoinelebret) le 26 Avril 2020 à 12 :48 PDT
Je suis extrêmement honorée d avoir été contactée par @heforshe pour participer à leur campagne de sensibilisation du partage des tâches incombants à la maison. J ai bcp de chance d avoir un mari en or qui m aide énormément J espère de tout cœur mesdames que votre partenaire de vie vous apporte le soutien que vous méritez !! #heforshe #covid19 #coronavirusoccupation #resteràlamaison #StayHomeSaveLives @onufemmesfr #heforsheathome
Une publication partagée par Marion bartoli (@bartolimarion) le 29 Avril 2020 à 9 :14 PDT
Les personnalités s’engagent pour l’égalité entre les filles et les garçons avec Plan international
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