Soleil, grossesse, conservation, automédication… Avec les huiles essentielles, on ne sait jamais trop sur quel pied danser et les utiliser n’est pas sans risque. Guide des erreurs à éviter avec un spécialiste.
Lavande fine, citronnelle, géranium… Les huiles essentielles portent des noms qui présagent du naturel, du remède maison, et c’est effectivement le cas. Mais elles n’en restent pas moins des produits à utiliser avec précaution car très concentrés, «avec des centaines de molécules actives. À titre d’exemple, il faut 100 kilos de thym pour 150 à 200 grammes d’huiles essentielles, et 100 kilos de lavande pour 700 grammes, révèle Jean-Charles Sommerard, parfumeur et aromatologue, auteur d’une dizaine de livres en collaboration avec Michel Faucon, docteur en pharmacie et aromatologue. Pour que l’expérience soit positive, il faut être prudent». Voici les sept erreurs à éviter pour ne pas commettre d’impairs avec les huiles essentielles.
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Pratiquer l’automédication
Pour utiliser les huiles essentielles, il ne suffit pas de prendre un livre et de suivre les instructions. Il est préférable de se référer à un professionnel, médecin aromathérapeute, pharmacien ou aromatologue. «Il vaut mieux faire confiance à des « gens de terrain », qui ont une certaine expérience, et respecter les doses prescrites», détaille l’éco-parfumeur.
Les appliquer pures
Là encore, certaines précautions sont à respecter. Non, il n’est pas interdit d’appliquer une goutte pure sur la peau – comme c’est le cas pour soulager une piqûre de moustique – mais mieux vaut être vigilant. Ainsi, les personnes à tendance allergique doivent faire un test en appliquant une goutte sur l’avant-bras, pour observer la réaction de la peau. S’il ne se passe rien au bout de quinze minutes, elles peuvent continuer. «Certaines huiles essentielles, comme la cannelle, le clou de girofle, le laurier ou l’origan, peuvent s’avérer allergisantes voire dermo-caustiques (qui peut entraîner des brûlures, NDLR). Il faut donc les diluer avec une huile végétale ou un corps gras. De l’huile d’olive peut faire l’affaire», conseille Jean-Charles Sommerard. Le professionnel conseille même de «prendre connaissance» de l’huile essentielle en respirant une goutte sur un mouchoir, «pour éveiller les sens». Sans oublier de se laver les mains après chaque manipulation.
S’exposer au soleil après l’application
Certaines huiles, de la famille des agrumes plus précisément, sont photo-sensibilisantes. Après l’application, l’exposition au soleil est donc à éviter. «En cas de peaux claires, je ne prendrais même aucun risque», prévient le spécialiste.
Les conseils d’Isabelle Pacchioni (1), experte en aromathérapie
Idéale pour s’endormir paisiblement, l’huile essentielle de mandarine verte (2) calme également les angoisses. En période difficile ou d’anxiété majorée (examens, entretien, changement professionnel), il est recommandé de prendre une goutte de cette huile sur un comprimé neutre, un sucre ou dans une cuillerée de miel, matin et soir. Délicieusement efficace !
(1) Auteure de Aromathérapia. Tout sur les huiles essentielles, Éd. Aroma Thera, paru en 2014, 352 p., 19,90 euros.
(2) Réservée à l’adulte et l’enfant de plus de 7 ans. Ne convient pas aux femmes enceintes ni allaitantes.
S’en oindre pendant la grossesse
«Évitez les bains et les massages aux huiles essentielles pendant la grossesse et l’allaitement. Pendant ces périodes de sensibilité accrue, les eaux florales et les hydrolats aromatiques sont plus appropriés car plus doux. Dans ce cas, l’eau accompagne l’huile essentielle pendant le processus de distillation, le liquide est ainsi moins concentré avec seulement 0,05 à 0,10 % en principes actifs», détaille Jean-Charles Sommerard.
Délaisser la qualité
Compte tenu de l’engouement autour de l’aromathérapie, et des dérives commerciales potentielles, de nombreux produits de synthèse ont vu le jour. «Optez donc pour des huiles essentielles issues de l’agriculture biologique, marquées d’un label AB, Ecocert, Nature & Progrès ou Demeter. Il faut être sûr de la traçabilité des produits», conseille le professionnel. Pour vérifier la qualité d’une huile essentielle, Jean-Charles Sommerard propose un test : faites-en tomber une goutte sur un buvard. Si une partie plus claire apparaît autour de la goutte, cela signifie qu’elle est coupée avec de l’huile végétale. Autre test, on s’assure de la qualité d’une huile essentielle de rose par le fait qu’elle se gélifie entre 12°C et 16°C, alors que la menthe poivrée se cristallise à 12°C.
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Négliger la conservation
Il faut savoir que les huiles essentielles n’aiment pas la lumière – le flacon doit être en verre sombre –, ni l’oxygène – il faut donc bien le refermer après usage –, ni les écarts de température, une pièce à température ambiante est idéale. «La plupart des huiles essentielles se conservent cinq ans maximum, même si certains commerçants disent qu’il faut les changer au bout d’un an. Pour mieux conserver les agrumes, durant deux à trois ans réservez-les au réfrigérateur. Toutes les huiles essentielles de bois durent jusqu’à quatre ans. Celles d’épices ne bougent pas, elles peuvent même se bonifier avec le temps.»
Les associer avec de l’homéopathie
On pourrait croire que les remèdes naturels sont compatibles. Il n’en est rien. Plus précisément, deux écoles s’affrontent. Certains prétendent que l’association aromathérapie et homéopathie est sans conséquence. D’autres conseillent par exemple de ne pas prendre d’huile essentielle de menthe poivrée en même temps qu’un traitement homéopathique. «Soit on fait le choix de ne travailler qu’avec les huiles essentielles, soit on en espace les prises de trois à quatre heures», conclut le spécialiste.
*Demandez toujours l’avis de votre médecin ou pharmacien.
Initialement publié en 2017, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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