Pour certains, le confinement a été l’occasion de repenser à une ancienne relation au goût d’inachevé. Avant de recontacter l’autre pour tenter de redémarrer l’histoire, certaines questions méritent d’être posées. L’objectif ? Se lancer pour les bonnes raisons.

Le confinement a été une période d’introspection et de réflexion et en a plongé certains dans la nostalgie des amours passées. Manque de l’autre, sentiment d’inachevé… De multiples raisons peuvent motiver à vouloir donner une seconde chance à une histoire terminée et à reprendre contact avec un(e) ex-partenaire. Comment s’assurer de se lancer pour les bonnes raisons et non par envie de rompre avec la solitude ? Par quoi commencer ? Une psychanalyste et thérapeute de couple et un psychothérapeute aiguillent celles et ceux qui s’interrogent.

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Quelles raisons me poussent à envisager de revenir ?

Avant de laisser le champ libre à deux pouces pressés d’envoyer le message de reprise de contact, il est primordial de s’interroger sur ses motivations. En la matière, Florence Lautrédou (1), psychanalyste et thérapeute de couple, distingue trois cas de figure : «Soit vous n’êtes pas vraiment certain(e) que cette relation est complètement terminée, soit vous savez que cette personne n’est pas réellement celle qu’il vous faut, mais vous avez vécu des choses avec elle et souhaitez revenir par sécurité affective. Enfin, vous décidez de reprendre cette histoire parce que le confinement a entraîné une forte solitude et vous recherchez de la compagnie.»

Retourner auprès d’un ancien partenaire peut être l’option de facilité. Faire rentrer quelqu’un de nouveau dans son giron, séduire, être séduit(e) demande du temps et une prise de risque parfois plus grande qu’avec un homme ou une femme que l’on connaît. Le psychothérapeute et psychanalyste Pascal Anger mentionne une autre raison qui peut en pousser certains à vouloir faire un pas vers l’autre : le manque de l’image du couple. «On peut vouloir retourner à sa vie d’avant car ce que renvoie le couple est sécurisant et permet de maintenir une certaine image sociale auprès de ses proches», précise-t-il. Il peut aussi être judicieux de se demander «si l’on éprouve encore des sentiments à l’égard de l’autre, si l’on a des projets ensemble, si on l’espère…», illustre le psychothérapeute.

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Évaluer les risques

Il est primordial de garder présente à l’esprit l’éventualité que le partenaire recontacté dise «non», histoire de ne pas trop déchanter le jour J. «L’autre peut ne pas avoir envie de vous voir, de recommencer une histoire avec vous, cette personne peut être amoureuse d’une autre…», avertit la thérapeute de couple. Le risque de la désillusion peut également être important : «Les raisons de la séparation ne se sont pas réglées magiquement, sauf si la personne a évolué. Le risque est de recommencer une histoire douloureuse», souligne la professionnelle.

Demander l’avis de son entourage

Si nous sommes chacun seul juge pour nous-même, il est rassurant de savoir ce que pense ses ami(e)s pour être conforté dans son choix. Certaines personnes ont pu nous connaître en couple avec le partenaire vers lequel on souhaite aller. «C’est aussi le moyen de voir cette situation sous un autre angle, d’avoir un autre regard. Cela permet d’évaluer les risques pris et ce que ce la reprise de contact peut nous apporter», ajoute Florence Lautrédou. Attention toutefois à se rappeler que cela reste leur perception. «Les relations amoureuses relèvent du domaine du privé, du secret, ce qui se passe entre deux personnes est très intime .»

Pourquoi nous sommes-nous séparés ?

Une fois que les intentions sont plus claires, mieux vaut se rappeler quelles ont été les raisons de la rupture. On y réfléchit et on demande au partenaire de le faire également, pour ensuite en discuter à deux. «Revenez sur tous les moments où vous avez eu le sentiment de perdre de l’amour pour le partenaire. Chacun fait une liste de son côté et en discute calmement», recommande Florence Lautrédou.

En pratique, la psychanalyste insiste : «Surtout pas d’accusations. On peut exposer la chose de cette façon-là : « Tu vois, quand il s’est passé telle situation, j’ai ressenti tel sentiment, mon besoin à moi c’est de… »». L’objectif est de ne pas reproduire ce qui freinait l’épanouissement de chacun. «À condition que les deux personnes s’engagent à travailler les aspects qui ont dérangé l’autre», rappelle la thérapeute de couple. Le plus souvent il s’agit «d’infidélité, de manque de sincérité ou de maturité de la part d’un partenaire», avance Pascal Anger.

Analyser les nouveaux moments passés ensemble

Si un rendez-vous est pris et que l’histoire est relativement bien engagée, la thérapeute de couple conseille de «passer du temps avec l’ex-partenaire et d’être attentif à la qualité des moments vécus». La psychothérapeute préconise ainsi de s’accrocher à la réalité de ces instants et d’éviter d’idéaliser la relation, «à un moment cela deviendra une évidence, on saura ce que l’on veut avec cette personne. Ce qui est juste pour nous.»

Si d’aventure, cette nouvelle histoire ne fonctionnait finalement pas, rien ne sert de culpabiliser ou de s’en vouloir. La psychanalyste le rappelle : «C’est courageux de faire un pas vers l’autre et on peut se féliciter de l’avoir fait et d’avoir essayé. Si quelque chose n’était pas résolu dans cette histoire, c’est désormais le cas. On peut enfin apprécier ce que les mystiques appellent la « paix du cœur ».»

(1) L’Amour, le vrai, de Florence Lautrédou, Odile Jacob, 245 pages, 22,90 €.

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