- Après deux ans de travaux, la villa-atelier du peintre franco-allemand Hans Hartung et de sa compagne norvégienne Anna-Eva Bergman ouvre pour la première fois au public.
- 20 Minutes a pu visiter l’exposition inaugurale, Les Archives de la création, en avant-première et vous présente quelques-unes des œuvres les plus emblématiques qui y sont exposées.
Ils n’étaient jusque-là accessibles qu’à quelques rares occasions. Lors de visites guidées privées et bien encadrées. Après deux ans de travaux pour transformer les lieux en un véritable musée, la villa et les ateliers du couple d’artistes Hartung-Bergman, décédé à la fin des années 1980, ouvrent leurs portes au public* mercredi sur les hauteurs d’Antibes.
Conçus il y a cinquante ans selon les propres plans du peintre franco-allemand Hans Hartung, ces espaces de vie et de travail, qu’il partageait avec sa compagne norvégienne Anna-Eva Bergman, ont été réaménagés et complétés par un bâtiment d’accueil et une salle de projection notamment. Au cœur d’une impressionnante oliveraie.
20 Minutes a pu visiter l’exposition inaugurale, Les Archives de la création, qui présente quelques-unes des œuvres les plus emblématiques de ces deux représentants majeurs de l’Ecole de Paris. Figures de l’art abstrait. Morceaux choisis.
L’atelier d’Hans Hartung, intact depuis plus de deux décennies
C’est la « pièce » maîtresse de cette exposition. Tout y est. Rien n’a bougé. La scène est figée depuis sa mort le 7 décembre 1989. En contrebas de la villa et de sa piscine, l’atelier d’Hans Hartung a été conservé tel quel. « Il est d’ailleurs demandé aux visiteurs de ne toucher à rien, insiste Thomas Schlesser, le directeur de la Fondation Hartung-Bergman. Et de ne pas non plus s’appuyer sur les murs. » Des œuvres à part entière. Maculés de gouttes de peinture. Témoins de la force créatrice de l’artiste. Ses pulvérisateurs et autres sulfateuses de jardin sont toujours là, comme sa collection de pigments. Son fauteuil roulant, depuis lequel il peignait des toiles monumentales (jusqu’à 3 m par 5) grâce à ses assistants et à des tyroliennes, trône aussi au milieu de cette pièce baignée de lumière par de larges vitrages. Amputé d’une jambe pendant la Seconde Guerre mondiale, qu’il a vécu au sein de la Légion étrangère pour lutter contre Hitler, ce natif de Leipzig, naturalisé français en 1946, aura expérimenté jusqu’au bout de sa vie dans cet atelier.
T1931-1, le voyage de Hartung du figuratif à l’abstrait
Fin 1931, Hans Hartung a droit à sa première exposition à Dresde, en Allemagne. A ses tableaux figuratifs se mêlent ces quatre premières œuvres abstraites. « Elles témoignent de son changement de cap progressif », explique Juliette Persillier, la commissaire de l’exposition. T1931-1 (soit le premier tableau peint cette année-là selon sa dénomination, en bleu, au centre de l’image), une huile sur panneau de 46 cm par 38, est le premier pour lequel il utilise sa méthode « de report de motifs abstraits par mise au carreau ». Une peinture méticuleusement travaillée à partir d’un premier dessin spontané.
T1958-3, le début de ses « palmées » à l’encre de Chine
C’est une huile sur toile de 92 cm par 73 (à d. sur la photo). Pas le format le plus impressionnant utilisé par Hans Hartung. Mais c’est cette peinture, daté de 1958, « qu’il considérait comme son chef-d’œuvre », témoigne Juliette Persillier. T1958-3 aura marqué l’Histoire de l’art et plus particulièrement de l’abstrait lyrique « en opposition à l’abstrait géométrique », précise l’attachée de conservation. Ces traits à l’encre de chine déposés sur un fond bleu gris par « de grands gestes impulsifs », ces « palmées », l’artiste les déclinera à l’infini, y compris sur un timbre et sur des affiches.
La Grande vallée arithmétique d’Anna-Eva Bergman
Dans son atelier séparé, l’ancienne illustratrice de presse a surtout peint des très grand format. Grande vallée, comme son nom l’indique, est de ceux-là. Cette huile et feuille de métal sur toile, de 2 m sur 3, explore l’un des « thèmes élémentaires » qu’Anna-Eva Bergman aimait à explorer, au même titre que « la pierre », « le feu » ou « l’horizon ». « Des concepts souvent naturels et parfois mythologiques », précise encore Juliette Persillier.
Un travail accompagné de nombreuses recherches autour du « Nombre d’or », une proportion où le rapport de la grande part sur la petite part est égal à celui du tout sur la grande part… Vous suivez ? Des chiffres que l’artiste aimait à manipuler, comme en témoigne un carnet d’esquisse retrouvé pour cette Grande vallée.
Terre d’ocre avec ciel doré, la lumière du Sud pour une femme du Nord
De son installation à Antibes avec Hans Hartung en 1973, la norvégienne Anna-Eva Bergman retiendra les grosses pluies orageuses du sud de la France, la mer, mais surtout la lumière. Avec Terre ocre avec ciel doré (acrylique et feuille de métal sur toile, 180 cm par 250), celle-ci vibre différemment en fonction des différents paramètres. Position du spectateur, éclairage naturel ou artificiel… la toile n’est jamais la même.
*Visites du mercredi au vendredi et de 10 heures à 18 heures, de mai à septembre inclus. 10 euros ou 7 euros en tarif réduit. Au 182 chemin du Valbosquet à Antibes. En bus (ligne 1 et 7 du réseau Envibus) ou en voiture, en se garant à proximité.
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