Dans Les Âmes sœurs, d’André Téchiné, David, Benjamin Voisin, est un militaire gravement blessé lors d’une opération au Mali. Quand il sort du coma, il retourne dans son village, en Ariège, où sa sœur, Jeanne, Noémie Merlant, soigne ses brûlures, physiques et mentales.

Car David est amnésique, sa sœur, patiemment, essaie de raviver ses souvenirs, ce qui ne lui plaît pas vraiment, préférant commencer une nouvelle vie sur une page blanche. Or, dans leur passé commun, il y a plus que l’amour qui lie une sœur et son frère, une zone sombre et encore incandescente, malgré l’amnésie.

André Téchiné, cinéaste des sentiments complexes, dirige avec finesse ce duo de jeunes et brillants interprètes. Dans les beaux paysages d’Ariège, terre natale de Téchiné, le film déploie ses thématiques, l’engagement militaire de David passant assez vite au second plan. Il est question de cette relation toxique, de reconstruction, de dépassement des souvenirs et le réalisateur se fait plaisir en se projetant dans un alter ego, très beau second rôle pour André Marcon, en vieil homo misanthrope et drôle.

C’est intense, bien joué, la scène finale est très belle, même si on ne retrouve pas le souffle des grands films d’André Téchiné, comme Rendez-vous, Les roseaux sauvages ou Hôtel des Amériques, chef d’œuvre absolu, auquel Mathieu Lamboley, qui signe la musique des Âmes sœurs, fait clairement allusion.

The Quiet Girl de Colm Bairéad

Premier film en langue gaélique, nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger, qui nous ramène en 1981 pour nous raconter l’histoire de Cait, la fille silencieuse du titre donc, neuf ans, négligée par sa famille, qui, contrainte par l’arrivée d’un nouvel enfant, décide de l’envoyer passer un été chez des parents éloignés, qui eux-mêmes n’ont pas d’enfant, et ont vécu un drame personnel qu’ils décident de cacher à leur invitée.   

Le réalisateur, Colm Bairéad, s’est inspiré d’une époque où beaucoup d’enfants irlandais étaient ainsi placés, en raison de la grande pauvreté de nombreuses familles. Sur le fond, The Quiet Girl n’est pas révolutionnaire, et c’est même parfois un peu prévisible, mais il y a des scènes vraiment bouleversantes, la jeune Catherine Clinch qui joue Cait est formidable, sa mère adoptive aussi, et sur la forme, même si le réalisateur veut parfois faire un peu trop joli, certains plans fugaces, sur un cendrier rempli, un intérieur à contre-jour, des mains sur un volant, s’impriment pour un moment dans nos rétines.

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