• Une perte importante en fibres et en vitamines
• Des vertus détox non prouvées scientifiquement
• Une alimentation déséquilibrée
• Un dérèglement des signaux de faim et de satiété

Épinard, fenouil, céleri, concombre, chou kale… Les légumes verts sont des sources précieuses de micronutriments bénéfiques pour la santé.

Riches en fibres, ils alimentent la flore intestinale, favorisent le bon fonctionnement du transit intestinal et permettent aussi un meilleur contrôle de la glycémie. Ils sont également gorgés d’antioxydants qui protègent l’organisme contre les radicaux libres à l’origine du stress oxydatif.

Leur seule faille ? Ils perdent une partie plus ou moins importante de leurs vertus selon la manière dont ils sont consommés.

Une perte importante en fibres et en vitamines 

« Quand on presse un légume ou un fruit et qu’on en retire la pulpe, il ne reste plus que de l’eau, des minéraux et quelques vitamines”, explique Aurélie Biron-Paumard, diététicienne nutritionniste chez WW.

Moins intéressants que lorsqu’ils sont consommés à l’état brut, les légumes verts en jus perdent l’un de leurs plus grands atouts, à savoir les fibres.

“Celles-ci se cassent ou disparaissent complètement lors du pressage, ajoute notre experte. Une conséquence bien dommage quand on sait que la plupart d’entre nous n’en consommons pas assez au quotidien”, selon le rapport INCA3 de l’Anses. Certaines vitamines très fragiles comme la vitamine C s’éclipsent elles aussi, finissant par s’oxyder au contact de l’air et de la lumière. 

Quand on presse un légume ou un fruit et qu’on en retire la pulpe, il ne reste plus que de l’eau, des minéraux et quelques vitamines.

Autre point à souligner : les jus verts sont rarement composés uniquement de légumes verts. Bien souvent, quelques fruits sont ajoutés pour adoucir leur goût.

« Le piège est d’abuser des fruits et d’ingérer une trop grosse dose de sucre d’un coup », prévient la nutritionniste. Bien sûr, le sucre des fruits n’est pas celui des viennoiseries et autres gâteaux chocolatés. Mais consommé en trop grandes quantités, ce sucre “sain” peut tout de même entraîner des pics de glycémie, qui ne seront pas régulés par les fibres, puisque celles-ci auront été détruites ou altérées lors du pressage.

Pour cette raison, une consommation trop importante de jus est particulièrement déconseillée aux personnes diabétiques.

Par ailleurs, il faut également faire la différence entre les jus verts faits maison et les jus verts industriels. Pauvres en micronutriments, souvent riches en sucres et en additifs, ces derniers n’ont quasiment aucun intérêt nutritionnel.

Des vertus détox non prouvées scientifiquement 

Lorsqu’ils sont bien préparés et consommés minute, les jus verts peuvent tout de même fournir quelques bénéfices à l’organisme, notamment un apport en eau et en minéraux intéressant. Mais de là à en faire un menu unique et exclusif, méfiance ! 

« Les jus verts font souvent l’objet de cures, présentées comme des solutions miracle pour éliminer les toxines accumulées pendant l’hiver et faire le plein d’énergie à l’approche des beaux jours, décrypte Aurélie Biron-Paumard. Mais avec ou sans jus, n’oublions pas que le corps s’en sort très bien tout seul puisqu’il est équipé d’organes émonctoires dédiés à cette fonction d’épuration tels que le foie et les reins”.

À en croire les discours marketing, l’absence de fibres dans les jus rendrait le processus de digestion moins énergivore, ce qui permettrait à l’organisme de se concentrer sur d’autres mécanismes, notamment celui de la détoxification.

Toutefois, rappelons qu’aucune étude scientifique sérieuse n’a encore démontré les bénéfices détox des cures de jus verts.

En 2017, l’Association Française des Diététiciens Nutritionnistes tirait même la sonnette d’alarme sur le manque de surveillance dans l’industrie du détox, soulignant que bon nombre de produits affichaient des allégations non vérifiées voire non autorisées. 

Une alimentation déséquilibrée

Manger varié en associant protéines, lipides et glucides à chaque repas est un élément essentiel pour avoir une alimentation équilibrée. Cela permet de fournir à l’organisme tous les nutriments dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale au quotidien.

Or, se nourrir exclusivement d’une même famille d’aliment est à l’exact opposé de ce principe clé.

« Chez une personne en bonne santé, une cure de quelques jours n’entraînera pas de carences dramatiques et irréversibles, rassure Aurélie Biron-Paumard. Mais cette sous-nutrition ponctuelle peut tout de même avoir des conséquences fâcheuses pour l’organisme lorsqu’elle est répétée ou prolongée. »

Fatigue, fonte de la masse musculaire, fragilisation des reins, affaiblissement du système immunitaire, déficiences en micronutriments essentiels… Des effets délétères, bien loin des promesses santé annoncées.

Un dérèglement des signaux de faim et de satiété

Aussi verte soit-elle, cette alimentation composée uniquement de repas liquides n’est pas le meilleur chemin à prendre pour se diriger vers une alimentation plus saine.

En l’absence de mastication, difficile de renouer avec les sensations de satiété qui indiquent que l’on a suffisamment mangé. Sans repère pour réguler sa faim, on s’expose dès l’arrêt de la cure à manger plus que de raison. Et les conséquences ne sont pas difficiles à imaginer : si tant est que l’on se soit allégé(e) de quelques kilos pendant cette pause “détox”, on reprend tout ce que l’on a perdu dans la foulée, voire plus qu’avant.

On peut bien évidemment siroter un jus vert de temps en temps pour le plaisir, mais cela ne doit pas constituer un repas unique.

C’est le fameux effet yoyo. “Le métabolisme est perturbé, le corps stocke et fait des réserves par peur d’être de nouveau privé”, ajoute Aurélie Biron-Paumard.

Peu rassasiants, puisque sans fibres et protéines, les repas 100% jus verts exposent aussi à des risques de fringales et à des pulsions alimentaires au cours de la journée.

Conclusion ? “On peut bien évidemment siroter un jus vert de temps en temps pour le plaisir, mais cela ne doit pas constituer un repas unique, motivé par des raisons pseudo scientifiques”, souligne notre nutritionniste.

Et d’ajouter : “un organisme en bonne santé n’a aucune raison de se lancer dans une cure de jus vert, même après avoir enchaîné les repas copieux”.

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