Les inégalités entre les hommes et les femmes perdurent dans le monde entier. D’après l’ONU, il faudra près de 300 ans pour atteindre l’égalité. Dans ce sens, des chercheur.euses se sont intéressé.es aux répercussions de ces disparités genrées et selon leurs résultats, elles influenceraient directement la structure du cerveau des femmes.
Publiées le 8 mai 2023 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les nouvelles recherches, qui se sont appuyées sur plus de 7 800 IRM dans 29 pays différents, ont révélé que “l’inégalité entre les sexes est associée à des différences entre les cerveaux des hommes et des femmes”.
Dans les pays les plus inégalitaires, le cortex cérébral des femmes est moins épais
“L’exposition inégale des femmes à des conditions plus difficiles par rapport aux hommes dans les pays inégalitaires entre les sexes pourrait se refléter dans des différences dans leur structure cérébrale”, ont-ils écrit dans leur étude.
En observant 4 078 femmes et 3 798 hommes âgés de 18 à 40 ans, les chercheurs ont découvert que c’est leur « épaisseur corticale” qui se trouvait affectée par les inégalités. Leur cortex cérébral – qui joue “un rôle indispensable d’une part dans les fonctions nerveuses de base (motricité, sensibilité, sensorialité), d’autre part dans les fonctions supérieures (langage, mémoire, etc.)”, définit le Larousse – s’est révélé plus étroit.
“Ces résultats suggèrent un lien neuronal potentiel entre l’inégalité entre les sexes et des risques plus élevés de problèmes de santé mentale et de réduction des performances scolaires – soulignant l’effet potentiellement dangereux de l’inégalité entre les sexes sur le cerveau des femmes”, explicite Nicolas Crossley, auteur principal, dans un communiqué de presse.
Le stress et le manque d’opportunités intellectuelles mis en cause
Et d’après les scientifiques, le lien entre inégalités et amincissement du cortex cérébral pourrait résulter d’un environnement défavorable aux femmes en termes de santé mentale. En effet, “ces changements étaient particulièrement localisés dans les régions du cerveau impliquées dans le contrôle des émotions et qui sont également affectées dans les troubles liés au stress tels que la dépression et le trouble de stress post-traumatique”, a ajouté le professeur.
Mais d’autres raisons pourraient expliquer ces différences de développement entre les cerveaux féminins et masculins : “les femmes pourraient avoir un accès plus limité à des environnements bénéfiques et enrichis, ce qui pourrait modifier leur structure cérébrale”, ajoutent les chercheurs. Concrètement, “l’effet de la réduction des opportunités, y compris l’éducation”, pourrait conduire à “un développement plus faible des connexions cérébrales”, précise l’auteur.
Le stress, les émotions négatives et le manque d’opportunités intellectuelles accordées aux femmes dans de nombreux pays du monde affecteraient finalement la transmission neuronale et ainsi perturberait un développement cérébral normal. Ces nouvelles recherches aspirent ainsi à “éclairer les politiques d’égalité des sexes”, mais surtout à souligner “l’effet potentiellement dangereux de l’inégalité entre les sexes sur le cerveau des femmes”, ont conclu les scientifiques.
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