- Les hypersensibles sont moins à l’aise en public, mais pas introvertis pour autant
- Quid des ultra sensibles extravertis ?
- Une généralité qui heurte ceux à la sensibilité décuplée
« Je suis hypersensible et fana de sensations fortes. J’adore les manèges qui m’envoient dans les airs et je fais du skate depuis l’adolescence », se présente Emilie.
En faisant cohabiter sensations fortes et hypersensibilité dans la même phrase, on pourrait presque croire à une antithèse. Parce que, dans la pensée commune, celles et ceux dont la sensibilité est décuplée sont tous.tes des introvertis.
« On m’a déjà dit que je n’étais pas vraiment hypersensible parce que je faisais telle ou telle activité« , témoigne la jeune trentenaire.
Pourtant, dans les chiffres, hypersensibilité et introversion ne vont pas systématiquement de pair. « La moyenne, chez les hypersensibles, est de 70% d’introvertis, sans compter les ambivertis », explicite Charlotte Wills, psychopraticienne, spécialiste de l’hypersensibilité, citant les travaux de l’Américaine Elaine Aron. « En clair, tous les hypersensibles ne sont pas introvertis et pareillement, tous les introvertis ne sont pas hypersensibles« , démystifie-t-elle d’entrée.
Les hypersensibles sont moins à l’aise en public, mais pas introvertis pour autant
Pour Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur de Hypersensibles : Trop sensible pour être heureux ? (ed. Eyrolles), cette idée erronée vient d’une autre généralité. « Souvent, on pense que l’ultra sensibilité est illustrée par des femmes timides et introverties« , souligne-t-il.
Pourtant, le spécialiste souligne qu’il y a autant d’hommes que de femmes à la sensibilité décuplée.
Mathilde est hypersensible, mais ne se considère pas comme « un stéréotype ». « Je ne suis pas forcément discrète, d’ailleurs on me dit souvent que je parle trop fort. Par contre, ça va dépendre de l’environnement dans lequel je me trouve », explique la jeune femme.
« C’est très souvent que des personnes m’expliquent réagir différemment selon les endroits ou les personnes avec qui elles sont. Ce sont souvent des hypersensibles ambivertis », complète Charlotte Wils.
Et à Saverio Tomasella d’ajouter : “Les ultra sensibles peuvent perdre leurs moyens quand ils sont observés. En public, ils sont plus maladroits que d’autres, mais ne sont pas introvertis pour autant. Ils sont juste moins performants en public”.
Quid des ultra sensibles extravertis ?
Selon les recherches menées par la référence de l’hypersensibilité, Elaine Aaron, 30% des hypersensibles seraient donc extravertis. Saverio Tomasella précise que, dans les travaux francophones, où le choix « ambiverti » est proposé, 60% des personnes sondées s’y identifient.
Quoi qu’il en soit, au moins un tiers des ultra sensibles sont extravertis. « Le plus souvent, ils cherchent des sensations, s’ennuient facilement, sont très curieux.. Mais ça ne remet en aucun cas en question leur sensibilité”, appuie-t-il.
« Selon moi, pour les hypersensibles extravertis, c’est un peu la double peine. On est très ouverts, on va vers les autres, mais on perçoit les choses et les critiques de manière amplifiée. L’introverti va, de fait, se protéger un peu plus », commente Charlotte Wils.
Une généralité qui heurte ceux à la sensibilité décuplée
Comme toutes les idées reçues, ces généralités peuvent parfois heurter les personnes concernées.
Alors que son psychologue met pour la première fois les mots sur sa « sensation d’être à côté », en nommant son hypersensibilité, Emilie l’a questionnée lorsque certaines personnes de son entourage arguaient que « ça ne collait pas avec sa personnalité ».
« Mes oncles ont plusieurs fois dit qu’ils ne croyaient pas en mon ultra sensibilité parce que j’étais trop ‘casse-cou’. À la longue, ça peut faire douter, même si c’est un professionnel qui a ‘validé’ mon hypersensibilité », confirme-t-elle.
Pour Charlotte Wills, « c’est très important de ne pas se laisser définir par quelqu’un d’extérieur. Malheureusement, souvent, ce sont les plus proches qui vont avoir des phrases qui sont blessantes, voire maltraitantes ».
Dans ces cas-là, la spécialiste conseille de ne pas répondre pour « justifier qui on est », mais plutôt de « contourner les remarques avec humour ». « Rétorquer avec un ‘c’est vrai que tu es un spécialiste de l’hypersensibilité, toi’, remet la personne à sa place, sans pour autant entrer dans un débat qui peut nous blesser et nous faire douter », termine l’experte.
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