Interview.- Valérie Samuel, directrice artistique du joaillier, signe une capsule avec la créatrice Annelise Michelson.
La collection 8°0, lancée en 2016 pour les 80 ans de la maison, change de nom et devient Chance Infinie. Pour l’occasion, Valérie Samuel, directrice artistique du joaillier Fred, mais aussi petite-fille du fondateur, a demandé à la créatrice Annelise Michelson d’imaginer une courte ligne de quatre pièces (une bague, une boucle d’oreille, une manchette et un choker, à partir de 6500 euros), aussi volumineuses que désirables. Entretien croisé.
Le Figaro. – Pourquoi cette collaboration ?
Valérie Samuel. – Pour accompagner le nouveau baptême de Chance Infinie, il nous fallait un coup d’éclat. J’ai eu envie, comme le faisait mon grand-père dès les années 1960, d’inviter une créatrice à magnifier la collection. Le travail sensuel, sculptural et affirmé d’Annelise Michelson correspondait exactement à ce que je voulais impulser.
Annelise, qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
Annelise Michelson. – Cela fait presque dix ans que je crée des bijoux, mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’en réaliser en or, donc j’étais très heureuse. Ma lecture de la marque, de cette ligne et de ce qu’on pouvait en faire, rejoint totalement celle de Valérie vers plus de féminité, de glamour. Tout a été très fluide.
V. S. – Je l’ai appelée en novembre, et quelques jours plus tard, Annelise est arrivée avec quatre propositions ! J’étais bluffée.
A. M. – J’ai tout dessiné en un week-end, j’étais très inspirée. À partir de ce 8, j’ai pensé à diverses possibilités, mais j’ai retenu une grande boucle enserrant une plus petite. J’aime beaucoup cette symbolique de la grande qui protège la petite.
Les pièces volumineuses se sont-elles imposées ?
V. S. – Oui, pour moi, il s’agit d’une capsule XL où le motif doit être magnifié. Il nous fallait des bijoux puissants, très affirmés.
A. M. – C’était évident pour moi aussi, d’autant que c’est déjà l’esprit de ce que je fais pour ma propre marque, des bijoux sculptures. Ensuite, s’est posée la question d’avoir des versions bicolores, en or jaune et blanc, inspirées d’une bague des années 1970 des archives personnelles de Valérie. Finalement, les quatre pièces sont façonnées dans cet or jaune solaire, propre à Fred.
Création d’Annelise Michelson et Valérie Samuel, pour Fred.
En quoi vos deux univers se rejoignent ?
A. M. – Valérie m’a beaucoup parlé de son grand-père, des stars qu’il parait, de ses affinités avec la Riviera des années 1950. Son univers, son imaginaire véhiculent des images très fortes, glamour, un rêve d’inspiration pour une créatrice. Nous sommes toutes les deux désireuses de parler à des femmes qui veulent des bijoux généreux, qui les subliment, avec des symboles forts.
D’où vient cette tradition des collaborations avec des artistes et créateurs chez Fred ?
V. S. – Mon grand-père disait qu’il allait chercher la fantaisie auprès des artistes. Il aimait l’art, et le marketing n’existait pas. Les rencontres ont guidé sa carrière et ses projets. Ces collaborations n’étaient d’ailleurs pas forcément de grands succès commerciaux, mais elles font notre fierté aujourd’hui. Dans les collaborations qui m’enthousiasment, il y a celle avec Cocteau, dans les années 1960, qui a dessiné pour Fred une médaille Signe Astral. Mais je pourrais citer aussi Braque (1972) et, dans un autre genre, Jean-Paul Goude (2009) et Kate Moss (2011). L’idée est de perpétuer la formule qu’il avait inscrite sur sa carte de visite quand il s’est installé en 1936 : « Le moderne joaillier créateur ».
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