• Frissons, tremblements et chair de poule
  • La peau qui s’assèche, les extrémités qui s’engourdissent
  • L’hypothermie : quand le froid nous transforme en statue de glace
  • Des risques sérieux pour le coeur

L’hiver n’est pas derrière nous. Bien au contraire : si les expert.e.s de La chaîne météo ne parlent pas encore de vague de froid, les dix prochains jours devraient être marqués par une baisse des températures. Ces dernières avoisineront les -2 à -4°C jusqu’au dimanche 12 février 2023, soit 2 à 3°C sous les moyennes. 

Et tout comme la chaleur extrême, un froid polaire peut aussi mettre notre santé à rude épreuve. 

Voici tous les effets délétères du froid sur notre organisme.

Frissons, tremblements et chair de poule 

Sortir de chez soi un matin de grand froid : un supplice. Surtout lorsqu’on a la main lourde sur le chauffage. Car comme l’indique le Dr Muriel Bigot, cardiologue, c’est « le caractère brutal » du changement de température qui nous expose à des problèmes de santé liés au froid. Passer de 20 à -2°C, « c’est un stress pour l’organisme« , qui va devoir travailler pour « maintenir la température corporelle à 37°C », précise la cardiologue.

Afin d’assurer la thermorégulation, le système nerveux sympathique va envoyer aux muscles l’ordre de se contracter de façon répétée. Résultat : une fois dehors, on se met à frissonner brusquement. « Le tremblement est là pour produire de la chaleur et faire remonter la température », complète la spécialiste. 

Simultanément, peut aussi se produire un réflexe pilomoteur, que l’on connaît bien sous le nom de « chair de poule ». Comme l’explique Sciences et Avenir, cette réaction s’opère lorsque le système nerveux sympathique – sous l’égide de l’hypothalamus – active les muscles redresseurs des poils pour réchauffer le corps. Le poil se hérisse, et de petites boules se créent à la surface de la peau.

La peau qui s’assèche, les extrémités qui s’engourdissent

Lorsque les températures baissent et que le vent froid fouette notre visage, les pommettes ont tendance à rougir. Réaction logique de la vasoconstriction en cours, informe le Dr Bigot. « Pour que l’on se refroidisse moins, nos nombreux vaisseaux sanguins vont se contracter pour éviter la perte de chaleur« , détaille-t-elle. 

Chez certaines personnes, des plaques rouges qui démangent et de l’eczéma peuvent apparaître au contact du froid. « En hiver, l’air est froid et sec à l’extérieur, et à l’intérieur le chauffage assèche l’air ambiant. Cette diminution de l’humidité affecte toutes les peaux, qui deviennent plus sèches », explique l’Association française de l’eczéma, cité par Santé Magazine

Si la peau parait plus sèche, c’est aussi parce qu’elle est déshydratée. Ce qui, selon la cardiologue, peut également s’expliquer par le fait que l’hiver rend plus fréquents nos passages aux toilettes. « Le froid joue sur des régulations hormonales, ce qui donne des envies pressantes d’aller faire pipi. Et plus on le fait, plus on se déshydrate », schématise-t-elle.

Et lorsque la peau est trop sèche, elle craque. Des crevasses, qui sont des fissures cutanées peu profondes, peuvent alors se former. Mais lorsque le froid est réellement mordant, ce sont aux engelures qu’il faut faire attention. Dues à une contraction des petits vaisseaux de la peau, elles se manifestent par des petites plaques rouges ou violettes qui enflent et démangent, explique l’Assurance maladie.

Alors pour éviter de tels désagréments, couvrir chacun de ses membres s’avère utile. « On peut aussi mettre de la vaseline sur les mains pour les hydrater. Il faut aussi adapter ses soins de la peau, en évitant les textures asséchantes », détaille le Dr Bigot.

  • Les effets du froid sur la peau
  • Les techniques les plus efficaces pour ne pas avoir froid

L’hypothermie : quand le froid nous transforme en statue de glace

Si on ne se couvre pas suffisamment lorsqu’il fait très froid, les ennuis sérieux commencent. Car après les engelures, et l’engourdissement mineur des doigts et des orteils, place aux gelures. Ces blessures surviennent lorsque des cristaux de glace se forment à l’intérieur ou entre les cellules des tissus, provoquant la mort des cellules, détaille le manuel MSD.

Les extrémités deviennent blanches, rouges ou bleues, sont froides et insensibles. Des cloques peuvent ensuite se former jusqu’à la nécrose et l’auto-amputation, si rien n’est fait.

De sérieux désagréments pouvant être aggravés par le phénomène d’hypothermie, indique le manuel médical. « Cet état désigne la baisse excessive de la température du corps qui survient lorsque tous les mécanismes de la régulation sont dépassés », détaille le Dr Bigot.

Une personne en hypothermie peinera à marcher, à bouger, à s’exprimer ou à rester éveillée. « Le cerveau souffre, il y a une perte de conscience progressive, puis on tombe dans le coma », énumère la cardiologue. 

Une hypothermie sévère – lorsque la température corporelle passe en dessous des 28 °C – peut s’avérer mortelle. « Il est urgent de sortir une victime d’hypothermie du froid, de la couvrir et de lui donner une boisson chaude », alerte-t-elle.

Des risques sérieux pour le coeur

Parce qu’on sait que le froid contracte les vaisseaux, on sait aussi qu’ils peuvent se boucher plus vite. Et qui dit vaisseaux bouchés, dit risques sévères pour la circulation sanguine. « Comme on se déshydrate plus en hiver, cela augmente également notre viscosité sanguine, encourageant la formation de caillots sanguins », ajoute le Dr Bigot.

Lorsqu’il fait froid, le système nerveux sympathique va aussi envoyer l’ordre au cœur de battre plus vite et à la pression artérielle d’augmenter, faisant des personnes âgées ou atteintes de maladies cardiovasculaires des sujets particulièrement vulnérables aux infarctus et aux AVC.

« Chaque baisse de température de 1 °C au Royaume-Uni en une seule journée serait associée à environ 200 événements supplémentaires d’infarctus du myocarde », peut-on lire dans une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ).

Ainsi, le froid peut occasionner des symptômes cardiaques semblables à des douleurs dans la poitrine, un essoufflement anormal ou des palpitations. « Pour quelqu’un qui n’a pas de trouble cardiovasculaire, le froid ne va pas déclencher une maladie. Mais l’apparition de ces symptômes peut en être un révélateur », assure la cardiologue.

Pour éviter de stresser encore plus le cœur, doit-on éviter tout sport en hiver ? Non, répond la spécialiste, qui précise que la pratique sportive doit toutefois être adaptée aux températures. Pas question de commencer un nouveau sport pendant cette période ni de sortir courir sans gants, bonnet, écharpe et protection pour le visage. 

Il est aussi recommandé de bien s’échauffer en intérieur et de ralentir le rythme habituel. « L’organisme est déjà en mode sportif pour maintenir la température. Si on rajoute un sport intense, on lui demande un effort trop important. Si l’on fait de la marche rapide, il faut marcher moins vite et moins longtemps », précise la spécialiste.

  • Peut-on vraiment « attraper un coup de froid » ?
  • Hypersensibilité au froid : et si c’était la maladie de Raynaud ?

Source: Lire L’Article Complet