- Le dernier épisode de la première saison de la série Le Seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir est disponible ce vendredi sur Amazon Prime Video.
- Leith McPherson a coaché les acteurs de la série pour qu’ils puissent parler les langues de la Terre du Milieu.
- L’Australienne raconte cette expérience à 20 Minutes.
Au commencement était le verbe ! Au début des années 2000, Leith McPherson a travaillé avec Peter Jackson pour enseigner les langues inventées par Tolkien aux acteurs de la trilogie Le Seigneur des anneaux. L’Australienne, qui maîtrise l’œuvre de l’écrivain britannique et la phonétique des différentes langues de la Terre du Milieu, a été recrutée en octobre 2019 par les showrunners J.D. Payne et Patrick McKay, pour coacher les acteurs de la série Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir, dont la première saison s’achève ce vendredi sur Amazon Prime Video. Nous avons rencontré cette passionnée de linguistique.
« Les langues sont fondamentales chez Tolkien. En fait, il a d’abord créé les langues et ensuite, il a créé un monde dans lequel les mettre », lance-t-elle d’emblée. Et d’ajouter : « Tolkien était un homme passionné par le pouvoir du son. »
Les langues de la Terre du Milieu
Rien que dans Le Seigneur des anneaux, on ne recense pas moins de six langues fictives : la langue des Elfes (sindarin et quenya), le parler des Nains (khuzdul), la langue des Ents, mais aussi le noir parler de Mordor ou la langue des Orcs. « La passion de Tolkien était l’elfique. Le sindarin, tel qu’on le connaît dans le Troisième Age, est une langue elfique de conversation. Si vous entendez parler des elfes dans la trilogie du Seigneur des anneaux, vous avez entendu du sindarin », explique l’experte. Le quenya s’assimile quant à lui à une sorte de latin elfique : « Il a un vrai pouvoir et on l’utilise dans des circonstances très spécifiques pour jeter un sort ou maudire des gens », rit-elle.
C’est une des langues que l’on entend beaucoup dans la série Les Anneaux de pouvoir : « Au Deuxième Age, les Elfes parlent plus le quenya, donc, on l’entend plus que le sindarin. Cela donne une sensation très différente des Elfes. »
Le noir parler est la langue utilisée sur les inscriptions du fameux anneau de pouvoir : « Elle est décrite par Tolkien comme étant incroyablement dure et difficile à écouter. Elle provoque en quelque sorte une réaction physique chez l’auditeur », précise l’experte. Le khuzdul est « la langue secrète des Nains. Ce sont les langues principales, les plus familières, mais il y a encore plus de ramifications », note encore la coach en dialectes.
Les changements de langue marquent des temps forts
Tout comme Les Anneaux de Pouvoir élargissent les mondes de Tolkien, Leith McPherson élargit l’univers auditif de la plus grande épopée fantastique de la littérature. « Je vois ces langues comme des outils. Je travaille avec les acteurs qui changent d’accent, par exemple en passant d’un accent anglais à un accent écossais, ou qui changent complètement de langue », raconte-t-elle.
Elle détaille : « Tout ce processus commence donc de la même manière. Vous décomposez les sons, vous les aidez à comprendre la mélodie. L’accentuation des syllabes est une partie très importante de l’elfique par exemple. Vous les amenez à construire des sortes de briques de construction de la langue. L’acteur doit s’approprier ce discours, comme si les mots de nos merveilleux auteurs étaient vraiment authentiques. C’est un processus tout à la fois créatif que technique. »
Dans la série Les Anneaux de pouvoir, les Elfes parlent tantôt l’elfique, tantôt l’anglais. « Les langues fictives nous permettent de changer de ton. Le changement de langue devient un moment fort. Pour moi, qui aime Shakespeare, c’est comme lorsqu’un personnage parle en langage courant, en prose, et qu’il passe aux vers. Un langage poétique plus puissant. Nous avons l’occasion de faire cela dans la série en passant de l’anglais à l’elfique », souligne l’experte.
Les langues imaginées par Tolkien servent donc de ponctuation, à marquer des moments spécifiques. « C’est comme pour la musique, si vous avez différents tons et mouvements, cela vous emmène dans un monde acoustique différent. C’est quelque chose avec lequel nous pouvons jouer dans le monde créé par Tolkien », poursuit Leith McPherson.
La galère des interprètes des Orques
Ces changements de sonorités apportent beaucoup à la fiction, selon l’experte : « Je ne suis pas très partiale, le son est ma passion. Je suis beaucoup plus auditive que visuelle. Pour moi, ces changements créent un monde, modifient mes émotions, ma connexion… Cela change l’histoire qui m’est racontée. L’environnement sonore que notre incroyable équipe a créé et la géniale bande originale de Bear McCreary permettent, si vous fermez les yeux, d’être transportés. Et je dois reconnaître que lorsque vous rouvrez les yeux, il y a aussi de belles choses à voir », rit-elle.
Selon l’experte, les acteurs gallois excellent dans la pratique des langues elfiques : « Ils ont immédiatement l’impression que c’est familier. C’est merveilleux quand quelque chose qui pourrait être très artificiel semble très naturel pour l’acteur. »
Les acteurs qui jouent les Orques ont eu moins de chance : « Ces interprètes sont ceux qui passent le plus de temps au maquillage et ont les journées les plus difficiles sur le plateau. Ils doivent parler une langue destinée à être horrible à écouter, le plus souvent avec des prothèses dans la bouche. Cela sonne comme une attaque physique, aussi bien pour celui qui parle que pour celui qui écoute. Pourtant, ils se sont épanouis. Parce que cela modifie votre état physique et contribue à l’incarnation du personnage. »
Et d’ajouter : « Tous ces acteurs ont embrassé ce monde avec passion, et je ne pense pas que l’on puisse embrasser ce monde sans embrasser les langues. C’est la plus grande passion de Tolkien. »
Comment apprendre les langues de la Terre du Milieu ?
Certains trekkies ont appris le klingon. Durant la diffusion de Game of Thrones, certains se sont essayés à l’apprentissage du haut-valyrien. Quels sont les conseils de Leith McPherson pour se former aux langues fictives de Tolkien ?
« Il faut commencer par les choses qui vous intéressent. Si j’apprenais le français, j’aimerais pouvoir m’acheter un croissant. Imaginez-vous en Terre du Milieu : Où voudriez-vous aller ? Qui voudriez-vous rencontrer ? Que voudriez-vous faire ? Si les combats à l’épée vous passionnent, commencez à chercher les mots nécessaires à cette pratique, recommande-t-elle. Imaginez-vous en Terre du Milieu, réfléchissez à l’endroit où vous désirez aller, prenez une épée, un bâton ou un ami et lancez-vous dans votre voyage ! » Comment dit-on « C’est parti ! » en sindarin ?
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